W comme wir schaffen das

Il pleuvait mais comme on était au 9 mai l’Adrienne avait décidé de ranger ses chaussures et de ne plus sortir qu’en sandales.

Elle est donc arrivée au rendez-vous les pieds trempés – et les chaussettes aussi, il faisait frisquet – puisque comme chacun sait, le parapluie ne protège que le haut du corps et qu’une petite pluie gentillette au moment où vous mettez le nez dehors se transforme illico en déluge.

Le mardi suivant, en passant devant la jardinerie elle se dit Tiens, c’est le moment de prendre quelques plants de haricots nains!

Malheureusement ils étaient si humides et si fragiles qu’elle les a portés à bout de bras, ou plutôt bras repliés, dans une caissette tenue contre le corps dans le vain espoir de protéger les petites plantes du fort vent du nord qu’il y avait ce jour-là.

Après deux kilomètres à pied elle ne s’étonne plus d’avoir mal aux bras ni que la gentille vendeuse avait eu cet air de commisération en la voyant sortir du magasin.

Le mot de Merkel semble fait pour l’Adrienne, Wir schaffen das! ça va aller, je vais y arriver!

Samedi dernier au petit magasin du coin elle voit des sacs de terreau, elle se dit que ce n’est pas loin de chez elle, que ce serait bien d’en avoir un, HOP wir schaffen das, mais juste après l’avoir soulevé, elle a dû appeler au secours 🙂

La jeune caissière est accourue, « moi je vais au fitness tous les jours » explique-t-elle et HOP! le jette dans un caddie que l’Adrienne a pu faire rouler jusque chez elle 🙂

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Alors hier quand le guide du château de Schwetzingen a dit « Wir schaffen das! », l’Adrienne a bien rigolé 🙂

Stupeur et tremblements

Vous connaissez sûrement l’histoire du couscous canadien avec l’irascible épicier à qui Fernand demande du fromage de Hollande et de la morue d’Ecosse?

L’Adrienne a demandé à son épicier bio s’il avait de la lentille verte.

– J’en ai de deux sortes, dit-il, en paquet d’un demi-kilo et en plus petit format.
– Donnez-moi un paquet de cinq cents grammes a répondu l’Adrienne.

Ce n’est qu’arrivée chez elle qu’elle a constaté que ces lentilles françaises (voir la photo ci-dessus) étaient en fait… canadiennes!

Donc, résumons-nous: on ne prend plus l’avion parce qu’on veut sauver la planète puis on constate que le paquet de lentilles « a fait un beau voyage »… dans son sachet compostable 😉

Et pour boucler la boucle: le revendeur hollandais, sur son site, précise que ces lentilles s’appellent Dupuis 🙂

Ah! ils vont être contents, là-bas!

T comme tintin!

Hier soir en allant à une réunion dans le centre, l’Adrienne est abordée par deux gamins qui lui expliquent qu’ils sont en « dropping » depuis le matin dans sa ville, qu’ils ont soif et pas un seul euro pour s’acheter une boisson.

– Ah! c’est ennuyeux! dit-elle, mais de nos jours on n’a plus de cash sur soi! Je n’ai même pas de portemonnaie!

Ce n’est qu’après leur départ qu’elle a pensé que deux cents mètres plus loin, il y a la grand-place, ses cafés et ses brasseries, et qu’elle aurait pu les y emmener pour leur payer un verre avec sa carte bancaire.

Même si elle s’est dit que vingt-quatre heures dans une ville inconnue, sans le sou, sans sac à dos, c’était un drôle de jeu.

Cinq minutes plus tard, c’était « tintin » aussi pour elle: la réunion à laquelle elle se rendait dans le froid et le noir de ce jeudi 23 février n’a lieu que le jeudi 23 du mois prochain 😉

G comme G pas le temps

G comme Gaz (non pas le prix mais l’experte qui vous parle a eu besoin de beaucoup cafouiller avant de réussir à mettre en route sa nouvelle petite chaudière)

G comme Gentil (ils ont leur fête ces jours-ci, paraît-il, et ça offre un beau devoir sur table à l’ami Krapov – genre « vous avez trois heures » – parce que paraît-il que les gentils, on profite d’eux)

G comme GR (sentiers de grande randonnée, à cause de l’envie de vous parler de Maurice Cosyn – une image ici)

Bref, ce n’était pas les idées qui manquaient, juste le temps de les réaliser.

A plus tard!

Z comme zébré

L’Adrienne l’autre jour a failli se faire écraser alors qu’elle était au beau milieu d’un passage zébré.

Écrasée par une ambulance 🙂

Oui, riez. Parions qu’à vous aussi ça rappelle un sketch de Raymond Devos 😉

Presque écrasée et copieusement injuriée par le chauffeur qui a tenu à s’arrêter pour exprimer ses doutes au sujet de ses facultés mentales et visuelles (et c’est là qu’est le rapport avec la canne blanche du monsieur de l’illustration ;-))

L’Adrienne pensait – peut-être à tort – que vu qu’elle était déjà à mi-chemin du passage zébré et que l’ambulance n’avait pas mis sa sirène, elle pouvait finir de traverser.

A tort ou à raison, elle ne le sait pas, en fait.

Et vous?

G comme gauche!

– Maintenant, tournez à gauche! commandait la voix désormais française de Madame GPS.

Or, à gauche, qu’y avait-il?

Un canal, plutôt large, et pas de pont.

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Après la voix hollandaise qui prétendait appeler l’autoroute « E troisième » au lieu de « E 3 », voilà que celle-ci veut se jeter à l’eau.

Sans doute à cause des noms de rue tout à fait imprononçables pour elle, devinez comment elle dit « Bachtekouter » 🙂

Ah ça rigole bien, dans la nouvelle auto!

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photo prise dans une galerie d’art bruxelloise

G comme GPS

– Il va faire beau ce week-end, avait dit le vendeur, profitez-en pour aller faire un tour en auto!

C’était la fin du mois de mai et en effet, l’Adrienne aurait dû « apprivoiser » sa nouvelle bagnole, au lieu de se lancer sur les routes de France un mois plus tard sans savoir comment activer les phares antibrouillards ou les essuie-glaces.

– Bah! je n’en aurai pas besoin en cette saison, s’était-elle dit. Mais évidemment sur les hauteurs de Fix il y avait une épaisse purée de pois et aux alentours de Clermont il avait drôlement draché.

Bref.

Elle avait pourtant bien lu le mode d’emploi, une fois en français et une fois en néerlandais 😉 mais elle n’en avait pas retenu grand-chose, sauf que le véhicule était conçu en pensant à sa sécurité: ainsi par exemple, il était impossible de manipuler le GPS tout en roulant.

Ce qui fait que toute la route, elle a dû bien tendre l’oreille pour comprendre ce que disait la dame du GPS: elle avait un (très) fort accent hollandais et quelques autres particularités, comme de dire les chiffres ordinaux au lieu des cardinaux.

Comme on ne peut pas non plus manipuler le GPS quand le moteur est coupé, elle a fait le chemin du retour avec la même voix hollandaise.

L’essence est trop chère et la planète bien assez polluée sans qu’on fasse tourner des moteurs juste pour tripoter des boutons 😉

P comme panifiable

Photo de Expect Best sur Pexels.com

La farine et la levure sèche étaient déjà dans le bol, bien mélangées, l’Adrienne tenait le gobelet d’eau en main et au moment de l’y verser elle est prise d’un doute: la farine d’avoine est-elle bien panifiable?

La réponse est non, évidemment 🙂

Le pain n’est pas devenu plus épais qu’une galette.

Chez l’Adrienne, de temps en temps c’est z’azis puis ze réflécis 😉

Mais qu’à cela ne tienne, le goût était excellent 🙂

E comme experts

Ce n’est pas le genre de nouvelles qui intéressent l’Adrienne mais le chiffre vu dans le titre lui a fait croire un instant qu’il y avait une erreur quelque part: une montre à 350 000 €?
ça existe?
et à quoi ça sert, à part lire l’heure?
qu’est-ce qui justifie un tel prix?
un tel achat?
ça veut dire qu’on a de l’argent à ne plus savoir quoi en faire?
a-t-on encore le sens des réalités, avec de tels achats?
est-ce que le reste est à l’avenant: le prix du slip, des chaussettes, du costume, de la chemise, des chaussures?

Bref, les questions se bousculaient dans sa tête et vérification faite, il s’agit bien d’une montre de 350 000 €.

L’Adrienne l’avoue sans honte: elle n’a absolument pas pitié du type qui la portait (notez l’imparfait) au poignet, comme on peut le voir sur toutes les photos de lui, ce qui n’a apparemment pas échappé à l’œil avisé de ceux qui l’en ont prestement délesté sur un trottoir d’Ostende.

Des experts, en somme.

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photo prise à Ostende et qui à part ça n’a rien à voir dans l’histoire 🙂

I comme improvisation

Le petit musée Marguerite Yourcenar n’ouvre que de 14.00 h. à 16.30 h. alors l’Adrienne va essayer de remplir agréablement le reste de la journée 🙂

Plan A

Elle découvre qu’il y a un jardin botanique tout près.
Elle y va.
Évidemment, Mme GPS ne connaît pas ce « Hameau » en cul-de-sac et l’envoie chez un pépiniériste.
Par miracle, elle trouve quand même le jardin botanique et se rend à l’accueil.
On n’y accepte que les chèques (?!) ou l’argent comptant et ce sera 6,50 € pour admirer des étiquettes plantées dans deux parterres: toute la végétation est encore en dormance.
Elle n’a qu’un billet de cinq euros et un peu de monnaie, or elle suppute qu’elle en aura besoin pour payer l’entrée du musée.

– Bonne journée! fait-elle en se dépêchant de sortir de là.

Plan B

Elle ira donc à Bailleul.
Encore une de ces petites villes martyres (1) du front de l’Yser, reconstruite après destruction totale en 1918, dans un style plus flamand que n’importe où en Flandre. (2)
Pas de chance, c’est kermesse et on ne peut se garer nulle part.
Elle finit par laisser son auto à un kilomètre du centre, sur la route de Cassel.
Pas grave, ça lui fait une promenade et de toute façon elle a du temps à perdre.
Mais tout est fermé, la kermesse, les cafés et même le musée de l’école de dentelle, « jusqu’à nouvel ordre » à cause « des circonstances sanitaires ».

Plan C

Elle retourne donc à l’auto après avoir en vain cherché un café et des toilettes. Peut-être en trouvera-t-elle à St-Jans-Cappel?
Hélas, un salon de coiffure (fermé), une pharmacie (ouverte) mais pas le moindre bistrot et le clocher ne sonne que onze heures.
Elle demande à un homme qui décharge le coffre de sa voiture s’il y a un endroit où s’asseoir et boire un café.
– Là, fait-il en riant, sur ce banc. Si c’est vous qui apportez le café!
Bref, c’est lui le cuistot du coin (littéralement) et il ouvre à midi.

Plan D

– J’ai le temps de suivre un bout du « sentier des jacinthes » en attendant, se dit-elle. Mais dès qu’elle a tourné le coin, il n’y a plus ni balise bleue ni balise jaune à des mètres à la ronde.
Connaissant son sens de l’orientation, elle décide de faire sagement une heure de lecture dans l’auto.

C’est beau, l’improvisation 🙂

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photo du Présidial prise à Bailleul le 10 mars – le bâtiment affiche trois instants de son existence gravés dans la pierre: construit en 1776, ruiné en 1918, restauré en 1920.

(1) « Quand mes grands-parents ont pu rentrer à leur ferme, après la guerre, ils ne reconnaissaient plus rien. C’est le cheval qui les a menés exactement là où avait été leur ferme », raconte le monsieur du musée Yourcenar.

(2) « C’est plus beau qu’avant! », dit-il à propos de cette reconstruction, « on a refait des bâtiments comme à Bruges. »