Stupeur et tremblements

Vous connaissez sûrement l’histoire du couscous canadien avec l’irascible épicier à qui Fernand demande du fromage de Hollande et de la morue d’Ecosse?

L’Adrienne a demandé à son épicier bio s’il avait de la lentille verte.

– J’en ai de deux sortes, dit-il, en paquet d’un demi-kilo et en plus petit format.
– Donnez-moi un paquet de cinq cents grammes a répondu l’Adrienne.

Ce n’est qu’arrivée chez elle qu’elle a constaté que ces lentilles françaises (voir la photo ci-dessus) étaient en fait… canadiennes!

Donc, résumons-nous: on ne prend plus l’avion parce qu’on veut sauver la planète puis on constate que le paquet de lentilles « a fait un beau voyage »… dans son sachet compostable 😉

Et pour boucler la boucle: le revendeur hollandais, sur son site, précise que ces lentilles s’appellent Dupuis 🙂

Ah! ils vont être contents, là-bas!

Y comme Y a comme un défaut

Quel bonheur, un livre! 

Le cœur de mini-Adrienne fait des bonds. Il n’est même pas nécessaire d’ôter le papier, c’est un livre, elle le sent, et c’est le principal! Elle s’élance pour embrasser sa Tantine.
La couverture est vert pâle. Boule d’Or et sa Dauphine, dit le titre. 
La Dauphine, mini-Adrienne connaît, c’est le modèle de voiture qu’a le vieil Hector. Exactement de ce même vert délavé. 
Et Boule d’Or? ce sont les cigarettes que fume le grand-père. Les rouges sans filtre.
Une auto et des cigarettes, se dit mini-Adrienne, du haut de ses huit ans, voilà qui sera une lecture intéressante!
Alors elle y commence tout de suite. Mais il n’est question ni de Renault ni de tabac:
« C’est aujourd’hui chez nous la cueillette du mimosa que les gens de la ville viennent chercher ce soir. Papa a besoin d’aides ; qui est-ce qui vient avec moi ? «  lit-elle à la page 10. 
Cueillette de mimosa, fête du mimosa, bouquets de mimosa, gerbes de mimosa, une montagne de mimosas… et la Reine du Mimosa! 
Qui s’appelle Marie-Antoinette. 
Voilà. 
C’est comme ça qu’à huit ans mini-Adrienne a su que la future reine de France portait un nom de voiture 🙂
***
écrit pour le Défi du Samedi n°600, thème: mimosa!
Merci, Walrus 🙂

 

P comme prétentieux

Ça ne rate jamais: vous lisez ou entendez ‘prétentieux’ et vous pensez ‘ne me parle pas de Grenoble’.

Zézette m’apporte des oranges, les poulets c’est moi qui les surveille et ma Viva Sport 37 améliorée 39 fait du 210 pour rentrer à Marseille…

Si vous poursuivez le jeu d’association d’idées, ‘assiette’ mène à Prévert (parce qu’ils ont leur assiette derrière la tête), ‘buvard’ à Bouvard, ‘apostrophe’ à Pivot et ‘opéra’ à la Castafiore.

Quand en classe vous utilisez le mot ‘multiplication’, vous ne manquez jamais d’ajouter mentalement ‘des pains et des poissons’, à tel point que vous craignez qu’un jour vous le direz à voix haute.

‘Trier’ c’est pour les lentilles, la chose la plus fastidieuse que vous ayez faite de votre vie – sans compter la lourde responsabilité si quelqu’un se cassait une dent sur un minuscule caillou qui vous aurait échappé – pensum auquel vous avez dû vous soumettre lors d’un séjour dans la zone d’origine contrôlée de la lentille verte du Puy.

Et puis, vu que c’est la saison, ‘renifler’ vous fait penser au petit cousin qui avait tout le temps des rhumes mais qui, à cinq ans, ne savait pas encore se moucher le nez: on lui disait ‘souffle!’ et il soufflait par la bouche, évidemment. Il souffle comme une forge, disait le père. Au fait, ‘pression’ est pour le père, ce n’est pas un mot qui fait penser au travail ni au stress, mais à la bière, que le père refusait si elle sortait d’une bouteille.

‘Écharpe’, bien sûr, c’est pour grand-mère Adrienne. Sa grande étole de laine, on l’a portée si longtemps qu’on a fini par l’user et la trouer, ce qui a bien fait plaisir à la mère:

« Tu vas enfin pouvoir jeter cette horreur! »

***

écrit pour 13 à la douzaine avec les mots imposés suivants: 1 assiette 2 buvard 3 apostrophe 4 écharpe 5 trier 6 renifler 7 opéra 8 multiplication 9 prétentieux 10 pression 11 option 12 forge et le 13e pour le thème : saison

Le 22 à Asnières

lakévio117

– Bonjour, Claude!

– …

– Comment ça, d’où je t’appelle? Tu as oublié que le 22 je suis à Asnières, chez mes parents? Je t’appelle de leur fixe.

– …

– Dis-moi, mon père a lu la presse, il s’inquiète un peu, là… Qu’est-ce que tu as voulu dire avec « je sais quelques petits trucs, quand même »?

– …

– Claude! tu m’entends? Pourquoi tu tousses?

– …

***

photo et consignes chez Lakévio 

 

 

7 fois!

hollanddief.jpg

Oui, vous voyez bien: ceci est une petite Renault transportant deux énormes pylônes. 

Vous trouvez ça bizarre? Vous n’êtes pas le seul: un riverain a alerté la police. 

Celle-ci a arrêté le conducteur et fait les constats suivants: 

1.cette façon de transporter des pylônes n’est pas réglementaire. 

2.la voiture n’est pas assurée. 

3.le permis de conduire du chauffeur n’est pas valable. 

4.le chauffeur pue l’alcool. 

5.il est déjà fiché pour divers délits.

6.par exemple, il s’est servi à une station-service sans payer. 

7.on vérifie la provenance des pylônes: tout porte à croire qu’ils ont été volés.

C’est une histoire hollandaise tout à fait vraie et elle m’a beaucoup fait rire. Vous aussi, peut-être, ça vous a rappelé ce cher Fernand: 

https://dailymotion.com/video/x54sus1

Fernand Raynaud « la prévention routière » sketch par marmiton93 

source de la photo (politie Lelystad) et article ici

Y comme yes, yes, yes!

Il est venu,

il était là!

Entendez tous ce cri:

Elle va en mourir (de joie) la mamma

(pardon, l’Adrienne)

Il est venu,

il était là,

le chauffagiste appelé cinq fois,

avec des outils plein les bras ah ah ah

***

et comme Fernand est plus rigolo que Charles, je vous mets du Fernand 

 https://player.ina.fr/player/embed/I06268516/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/560/315/0

Même si l’époque est plus proche du « il faut qu’on l’implore, de l’aube à l’aurore »

L’Adrienne a enfin une installation aux normes et un joli nouveau robinet dans la cuisine

U comme ultimes améliorations

Madame ne vaut pas mieux que ses élèves: c’est quand l’échéance est en vue qu’elle commence à s’activer sérieusement.

Elle a donc enfin terminé la déco de ses toilettes (ne riez pas, c’est important d’avoir un joli petit coin): le papier peint colle (à peu près) et les miroirs aussi, provisoirement.

Broeke aug 2015 (8) - kopie.JPG

en effet, bien vu, ils ne sont pas parfaitement ronds
comme dirait Fernand Raynaud, « c’est étudié pour »

Ensuite, Madame s’est attaquée à un vrai gros chantier. Non, pas le rangement du bureau: celui de sa bibliothèque. Qui, vous vous en souviendrez peut-être, ressemblait à ça:

boeken (1) - kopie.JPG

oui, vous voyez bien, ça fait un an que c’est dans cet état-là

Pendant deux jours, toutes les surfaces disponibles ont été fort encombrées parce que Madame a décidé de tout répertorier et (re)classer. Ce serait tout de même pratique, s’est-elle dit, s’il ne fallait pas vider quatre boîtes avant de mettre la main sur le volume cherché.

Broeke aug 2015 (2) - kopie.JPG

première boite: la littérature des 19e-21e siècles, lettres A et B

Broeke aug 2015 (4) - kopie.JPG

le reste de l’alphabet attend, ici les lettres P(agnol) à Z(ola)

– Tu as vraiment besoin de tous ces livres? a demandé la mère de Madame, qui est passée dimanche après-midi pour cause de désœuvrement, son amie dominicale étant à l’anniversaire de son petit-fils.

Broeke aug 2015 (5) - kopie.JPG

travail dangereux, parce qu’il y a des livres, forcément, qu’on a envie de lire
sans attendre
en buvant un café
(mais oui, il y en a que Madame n’avait jamais lu)

Enfin, hier soir vers 21.00 h., la bibliothèque était comme ça:

Broeke aug 2015 (7) - kopie.JPG

 les travaux sont arrêtés par manque de papier peint
(c’était pourtant une idée du tonnerre, d’utiliser le reste de papier pour les boîtes de livres, non?)

Et jeudi, promis juré, Madame range son bureau.

– Je travaille mieux sous pression, disent les élèves, souvent des garçons, qui font tout à la dernière minute.

Jeudi, c’est le dernier jour libre dont Madame dispose. Espérons qu’elle travaille bien sous pression.

7 réponses à Pierre Maury

  1. Adrienne1 mai 2015 10:45

    je vais donc devoir finir par m’équiper d’un E-reader 😉

    Répondre

  2. Pierre Maury1 mai 2015 14:45

    Comment peut-on vivre sans?

    Répondre

  3. Pierre Maury est un compatriote qui vit à Madagascar et qui a un excellent blog littéraire auquel je suis abonnée – par feedly interposé – depuis deux ans. Je n’y laisse pas de commentaire et je n’ai jamais mentionné non plus que je connais son père pour l’avoir rencontré à un atelier d’écriture.
  4. Le premier mai dernier, j’ai fait une exception, comme vous pouvez le voir ci-dessus.
  5. La réponse qui m’a été faite m’a donné envie de réagir. Cependant, de peur d’être mal comprise, je préfère le faire ici Sourire

***

Comment peut-on vivre sans E-reader?

1.exactement comme pendant toute mon enfance et mon adolescence, j’ai pu vivre sans télévision. Il y avait des livres et la radio. C’est grâce à cette dernière que je connais les sketchs de Fernand Raynaud par cœur. Ainsi que l’eau ferrugineuse Langue tirée

2.ou comme, de mes 16 à 21 ans, j’ai pu me passer de mobylette: j’avais un p’tit vélo…

3.jusqu’à présent, j’ai toujours trouvé le livre plus pratique: il n’a pas besoin d’énergie et ne peut donc pas « tomber en panne »

4.il est d’une manipulation très simple, je n’ai pas à faire la rude traversée d’un mode d’emploi sibyllin (je me connais)

5.je suis déjà beaucoup sur des écrans, grands et petits, et je préfère lire sur du papier: ça va plus vite (ne me demandez pas comment ça se fait) et sur le papier aucune faute ne m’échappe (LOL)

6.je pourrai continuer à m’en passer, aussi longtemps que les éditeurs publieront sous les deux formats, papier et numérique

7.enfin, je continuerai à m’en passer aussi longtemps que les modèles seront aussi éphémères que des coquelicots (en bien moins joli): tablettes iPad, Android ou simples liseuses se succèdent à un rythme effréné sur le marché, sitôt arrivées, sitôt supplantées… et jetées dans le grand dépotoir africain…

T comme transports

Être en manque de lecture alors qu’on est « en voyage », c’est tout simplement abominable, même si ce n’est que pour une journée et à seulement une soixantaine de kilomètres de son domicile.

Si le lieu de « villégiature » s’appelle Bruxelles, le mal est vite réparé. De toute façon, le chemin de la gare mène par la galerie de la Reine où la librairie Tropismes fait de l’œil à la passante, qu’elle soit ou non abondamment pourvue en littérature (et dépourvue de place où la ranger). 

On a donc poussé la porte de ce lieu de perdition tout en se faisant la leçon: un seul ouvrage, de petit format, promis juré.

Et on en ressort avec deux petits formats, dont un titre qui fait dire au caissier d’un air narquois plein de sous-entendus grivois:

– Bons transports!

Ce qu’on ne comprend que quinze jours plus tard, à la lecture de la nouvelle d’Emmanuel Carrère, L’usage du « Monde ».

Pour ceux d’entre vous qui aimeraient comprendre le clin d’œil assez gras du vendeur, voici cette nouvelle:
http://medias.lemonde.fr/medias/pdf_obj/nouvelle2.pdf

transports.jpg

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-2/Transports-amoureux

après votre lecture de la nouvelle, rendez-vous ici:
http://www.lemonde.fr/festival/article/2014/06/19/quand-emmanuel-carrere-imagine-un-jeu-erotique_4441272_4415198.html

Bizarrement, le vendeur-caissier n’a fait aucune remarque à propos de l’autre ouvrage acheté ce jour-là:

grozdanovitch.jpg

http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-2/Petit-eloge-du-temps-comme-il-va

Le seul à faire une remarque a été Monsieur Neveu:

– Grozdanovitch? ce n’est pas un Français, ça!
– Mais si, il est Français.
– Avec un nom pareil?

On voit bien qu’il n’a pas été élevé avec Fernand Raynaud, pauvre petit Langue tirée

« Moi, j’aime pas les étrangers parce que moi, je suis Français et je suis fier d’être Français ! Mon nom à moi, c’est Koularkerstensky du côté de ma mère et Piazzano Venditti, du côté d’un copain à mon père ! »

(vers 0’50 » dans l’excellent sketch « Le douanier » 
https://www.youtube.com/watch?v=ppzQ-dsdquI)