
– Call me Pablo, please, dit-il en souriant de toutes ses blanches dents et son regard était aussi caressant que la pression de ses doigts sur la main tendue de l’Adrienne, qui avait évidemment vingt ans de moins qu’aujourd’hui 😉
– Je vous ai réservé ce qu’il y a de mieux comme hôtel, dit-il encore, ce n’est pas à Valparaíso mais juste à côté, à Viña del Mar. Vous verrez, c’est magnifique!
En effet, c’était magnifique, un hôtel ressemblant à ceux qu’il y avait dans les années trente à la côte belge, une sorte de tarte à la crème à plusieurs étages, située sur un rocher noir, entourée sur les trois quarts par l’océan Pacifique si mal nommé.
Du bleu, du noir et du blanc et tout ça brillait au soleil, les verres fumés auraient dû exister en force cinq pour en supporter la vue en plein midi.
– N’est-ce pas, dit-il en cherchant l’approbation, que c’est le paradis, ici?
Nous n’avons qu’un seul inconvénient: c’est que la terre bouge beaucoup et souvent. Mais vous verrez, on s’habitue! Vous n’avez rien à craindre!
Cette nuit-là, en effet, la terre lui a tout de suite donné raison: elle a bougé, et beaucoup, au point que l’Adrienne, qui vivait cela pour la première fois, n’a pas tout de suite compris pourquoi son lit était secoué de cette façon.
Et par la fenêtre ouverte, on voyait et on entendait gicler les vagues jusqu’à hauteur de la terrasse.
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écrit pour le devoir 140 de Monsieur le Goût – merci à lui – qui propose un tableau d’Edward Hopper.