
Ça avait commencé le mardi avec un petit mal de gorge dont on ne s’était pas inquiétée.
La nuit, il avait empiré, empêchant de dormir – non pas que le mal fût si intolérable, mais dans la tête on débattait de la grande question: que faire? Faut-il suivre les directives officielles « je suis malade, je reste chez moi et j’appelle le médecin » ?
Normalement, l’Adrienne doit être quasiment à l’article de la mort avant de faire appel à la Faculté – ou en tout cas totalement incapable de faire la classe.
Maintenant qu’elle est une paisible retraitée, le problème ne se poserait normalement pas, elle pourrait tranquillement rester chez elle, se reposer et attendre que ça passe.
Bref, elle décide d’obéir aux consignes et dès huit heures – l’heure d’ouverture du cabinet – elle téléphone au médecin.
Subit des musiquettes.
Entend de temps en temps une voix suave qui la remercie de sa patience et lui précise combien de personnes sont encore avant elle.
Finalement, voilà la secrétaire, à qui il faut expliquer les symptômes. C’est elle qui juge si oui ou non il faut une action immédiate. Adieu le secret médical.
Le symptôme ‘mal de gorge’ entrant dans la catégorie ‘danger’, elle lui dit que le médecin la rappellera.
Quand?
Impossible de le savoir.
Pas même si ce sera avant ou après dix heures ou plutôt l’après-midi.
Mais cela finit par arriver:
– Vous restez chez vous, vous prenez un antidouleur et si ça ne va pas mieux, vous me rappelez.
Vous voyez bien, se dit l’Adrienne, que j’aurais tout aussi bien fait de me taire?
Surtout que des antidouleurs, elle n’en prend pas non plus 😉
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la photo date d’une paire d’année, à une expo, mais vu qu’il faut que je me repose, je n’ai pas cherché où ni quand exactement 😉