
Personne, jamais, n’a réussi à raconter quelque chose à belle-maman qu’elle n’ait vécu elle-même, en plus fort, en plus intense, en plus grandiose. Avec une spécialité pour les cataclysmes, qu’ils soient causés par les humains – comme la guerre et le bombardement de sa ville – ou par les éléments – avec comme points forts le raz-de-marée en 1953 ou le froid si intense que la mer était gelée, l’hiver de 1962-63: elle avait tout vu, tout vécu, rien ne lui en imposait et Ostende sortait toujours gagnante.
La meilleure façon de vous ridiculiser, c’était de lui dire que là où vous étiez, il y avait beaucoup de vent.
– Du vent? s’écriait-elle, mais vous ne savez pas ce que c’est, vous, à l’intérieur du pays!
C’était un point d’honneur d’appeler « een zacht briesje« , ‘une douce petite brise’, tout ce qui ne dépassait pas les 7 Beaufort. Au moins.
– Le vent fort, disait-elle, on en reparlera quand avec ton vélo, tu feras du surplace.
Alors en voyant les gens marcher contre le vent, penchés à angle aigu, l’Adrienne ne pouvait que penser à belle-maman et se demander comment elle aurait qualifié cette « zacht briesje » qui a fait s’écraser des arbres et des pylônes, s’envoler des toits, des panneaux et du mobilier de jardin, même « à l’intérieur du pays ».
Mais le pire de tout, pour sa fierté d’Ostendaise, aurait sans doute été que le record de vitesse du vent a été enregistré à Blankenberge 😉
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photo prise à Ostende ce samedi, avant la tempête: on voit que le sable et la mer commencent à s’agiter 🙂