Ostende, Nieuwpoortsesteenweg, un beau « mural » de Telmo et Miel, un duo Hollandais.
L’Adrienne ayant incidemment appris que le peintre Léon Spilliaert est enterré à la Stuiverstraat, elle a marché des tas de kilomètres, trouvé un énorme cimetière, arpenté quelques allées de tombes du début des années 50 et a fini par trouver celle qu’elle cherchait.
Plus, en cours de route, encore quelques beaux murs peints.
Autoportrait du Belge Matthew Dawn avec la couronne en papier pour se moquer de la très relative notoriété acquise en peu de temps grâce à son art.
C’est en cherchant tout autre chose que l’Adrienne a découvert ce mur peint au bout de la Langestraat (se traduit par rue Longue), du côté du quai Montgomery.
On dirait que l’artiste s’est inspiré (inspirée? Gaia est peut-être un pseudo féminin) du thème de l’expo de l’hiver dernier, The Raft/Het Vlot avec ce gilet de sauvetage géant, rempli de terreau où poussent des anémones, sur fond de mer et de ciel.
C’est alors qu’on se dit qu’il faudra encore revenir bien souvent pour voir toutes les oeuvres de 2018 – The Crystal Ship, info ici et info sur l’artiste (Gaia) ici. Son site perso ici. Où on finit par trouver le mot qui permet de conclure que Gaia est un homme:
« Gaia grew up in New York City and is a 2011 graduate of the Maryland Institute College of Art with a Bachelor in Fine Arts. His studio work, installations and gallery projects have been exhibited throughout the world most notably The Baltimore Museum of Art, Rice Gallery in Houstonand Palazzo Collicola Arti Visive in Spoleto and the Civil and Human Rights Museum in Atlanta. His street work has been documented and featured in several books on urban art, including Beyond the Street: The 100 Leading Figures in Urban Art, (Berlin, 2010) and Outdoor Gallery (New York, 2014). Gaia was listed as a 2015 Forbes 30 Under 30 in Art and Style recipient in Art and Style and was a Fullbright beneficiary to study and paint in New Delhi on behalf of the State Dept. Gaia lives and works in Baltimore, Maryland, but spends a majority of his time painting murals across the world and has produced works in all six habitable continents. »
C’est avec stupeur, ahurissement, admiration que l’Adrienne et l’Homme ont vu un premier pan de mur s’écrouler dans la nuit. Peur aussi, appréhension : quelles seraient les conséquences ? Les soldats, qu’on voyait ici et là, ne tireraient-ils pas sur cette foule ? Ils n’avaient pas hésité, auparavant… Le régime n’enverrait-il pas ses chars, comme les fois précédentes, en d’autres lieux ? Était-ce vraiment la fin d’un monde ?
Tous ceux qui ont vu ces images à la télé, en novembre 1989, ont dû ressentir cette même émotion, forte, prégnante, intense.
L’Adrienne en tout cas a pleuré en voyant les Berlinois de l’ouest ouvrir les bras et les refermer tendrement, fermement, joyeusement, sur ceux qui avaient escaladé les premières ruines du mur qui les séparait depuis 28 ans.
2.Geniul Carpaților
Dans les semaines d’après, l’Adrienne a suivi les évènements le cœur battant. Les uns après les autres, des régimes plient, des militaires baissent les armes, des dirigeants acceptent des réformes ainsi que l’organisation d’élections plus libres. Tous se rendent compte du sens de l’histoire, apparemment. Tous, sauf un : le Génie des Carpates, qui croit devoir durcir encore ses positions et les conditions de vie de son peuple, déjà si fortement éprouvé par ses diverses politiques, toutes aussi désastreuses… La précarité, les pénuries alimentaires ou autres s’en trouvent encore aggravées.
Le 21 décembre, l’Adrienne est de nouveau devant sa télé, le cœur battant, et voit la foule scander « Timișoara » et « libertate » devant un Ceaușescu plutôt ahuri. Il avait précisément ordonné ce rassemblement populaire dans le but de montrer à tous le soutien du peuple roumain à son régime. La transmission est coupée. La révolution – ou était-ce un coup d’État déguisé ? dans la Roumanie d’alors, les rumeurs les plus folles sont colportées, et celle-là est peut-être la moins folle de toutes – la révolution est en marche.
Malheureusement, elle fera plus d’un millier de morts.
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La photo de Leiloona a donné lieu, le 9 janvier, à un texte-souvenir sur la Roumanie et depuis ce jour-là, quand j’écris, c’est sur ce sujet.
Il y aura donc quelques billets rappelant la découverte de ce pays et de quelques-uns de ses habitants.
Je me demande dans quelle mesure ses BD ont été traduites et je crains fort qu’elles soient très mal connues d’un public autre que néerlandophone…
en bas, à gauche, Petoetje et Petatje, couché dans l’herbe avec sa loupe, le détective Van Zwam, aux pieds de Jan Spier, le génial petit Adhémar,
portés à bout de bras par Jan Spier, monsieur et madame Pheip, Nero qui tend la main aux oiseaux
et enfin, dans les feuillages, Abraham Tuizentfloot…
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Tout ça fait un bien joli mur
que j’ai eu du plaisir à voir