Dans son jardinet de ville, l’Adrienne est bien heureuse de voir des familles de moineaux. Ils vivent en groupe dans une haie ou un trou de mur sous une corniche.
Au début, il y avait un couple de pies dans le jardin de la petite école d’en face. Mais les nichées n’ont pas résisté à la voracité des corneilles, ces véritables rats des villes.
Quelques maisons plus loin, un homme élève des pigeons. On n’a jamais réussi à savoir s’ils les mettait dans un panier en direction du nord de la France avec ces « convoyeurs » qui attendaient dans les flash-info à la radio de l’enfance chez les grands-parents.
Et puis il y a l’étang près de la bibliothèque, où dès les débuts du printemps, on compte et recompte les canetons qui s’agitent autour des mamans canes.
Et on prend bien sûr chaque fois une photo.
Avec attendrissement 🙂
Merci à Passiflore pour ses excellents Défis du 20 – ce mois-ci: cinq oiseaux.
Chaque année, au printemps et à l’automne, belle-maman emmenait beau-papa en voyage.
C’est du moins ce qu’il prétendait, pour la faire marcher – et ça marchait à tous les coups: « En ik moet wère mee! » (et moi je dois l’accompagner, une fois de plus) alors qu’en réalité chacun savait qu’il aimait ça autant qu’elle, découvrir de nouveaux paysages.
En voyage, belle-maman ne manquait jamais d’envoyer des cartes à ses cinq enfants et ce qui les faisait beaucoup rire – les monstres 😉 – c’est que souvent elle écrivait « geweldige indrukken!« : en quelque sorte le message était qu’ils vivaient d »impressionnantes impressions’.
Aussi est-ce à belle-maman que l’Adrienne a pensé en faisant des « oh! » et des « ah! » (discrètement, dans sa tête 😉 ) devant tant de grandioses beautés, tant de paysages époustouflants, hautes montagnes, nature sauvage, routes en lacets, des fleurs partout, des bergers avec leurs chiens, leurs chèvres, leurs moutons…
Cette photo est la dernière du voyage: c’est en Arcadie, pris depuis le monastère de Kernitsa qui est situé sur un piton rocheux, comme on peut le voir ici. Dans le fond, la rivière Lousios. Le village le plus proche est Nymfasia (plan ici).
C’est une région pour randonneurs, tout est bien balisé et en Grèce on ne manque jamais de trouver des toilettes propres et gratuites.
Pour ceux qui se poseraient la question: aucune religieuse des deux monastères visités n’a exigé la jupe longue 😉 Elles accueillent avec le sourire et un grand plateau de loukoums.
Ces dames croyaient que c’était du fenouil mais vu que ça n’avait aucune odeur anisée, l’Adrienne a fait une petite recherche – les habitués de la zone méditerranéenne n’en auraient pas eu besoin 😉 – il s’agit de la ferula communis, une plante spectaculaire par sa taille et sa floraison jaune vif, qu’on peut voir partout sur les pentes rocheuses en grimpant jusqu’au site de Mystras.
Ce ne sont pas les jolies fleurs qui manquent en cette saison et on en voit de toutes les formes et de toutes les couleurs, principalement de belles inconnues (inconnues pour l’Adrienne) et d’autres belles sauvages qu’on sème en annuelles dans nos jardins.
Si quelqu’un sait comment s’appelle celle-ci, qu’il le dise 🙂
Le trottoir était encombré de « nains » qui réalisaient une drôle de gymnastique, les bras levés au-dessus de la tête.
L’Adrienne se demandait pourquoi ils restaient les mains en l’air en regardant le verger.
– Ils arrivent trop tard, se dit-elle, la floraison se termine, c’était bien plus joli la semaine dernière. Et les quatre agneaux ont bien grandi, ils ne sont plus si blancs ni si attendrissants…
Mais ce n’étaient ni les agneaux ni les floraisons qui les occupaient:
– Regardez cet arbre-là, demandait la maîtresse, et faites avec vos bras la forme qu’il a… Est-ce que c’est la forme d’une pomme ou d’une poire?
Bref, le soleil brillait, ils prenaient l’air, apprenaient le mot « kruin » et pourraient expliquer le soir à papa et maman comment reconnaître un poirier, gestes à l’appui…
Comme tout le monde, à l’école primaire l’Adrienne avait appris où se situait « le grenier à blé » de l’Europe mais ces derniers jours on peut lire par-ci par-là que ce grenier à blé a bien d’autres choses à offrir.
Oui continuons à en parler au présent.
Les fabricants de biscuits et les brasseurs craignent un manque de miel, l’agro-alimentaire est en manque d’huile de tournesol, la liste s’allonge quotidiennement.
Un petit tour sur wikisaitout apprend ceci, que sans doute nombre d’entre vous savaient déjà:
En 2018, l’Ukraine :
C’était le cinquième producteur mondial de maïs (35,8 millions de tonnes), face aux États-Unis, à la Chine, au Brésil et à l’Argentine ;
C’était le huitième producteur de blé (24,6 millions de tonnes) ;
C’était le troisième producteur mondial de pomme de terre (22,5 millions de tonnes), dépassé seulement par la Chine et l’Inde ;
C’était le premier producteur mondial de tournesol (14,1 millions de tonnes) ;
C’était le septième producteur mondial de betterave à sucre (13,9 millions de tonnes), qui est utilisée pour produire sucre et éthanol ;
C’était le septième producteur mondial de orge (7,3 millions de tonnes) ;
C’était le septième producteur mondial de colza (2,7 millions de tonnes) ;
C’était le 13e producteur mondial de tomates (2,3 millions de tonnes) ;
Était le cinquième producteur mondial de chou (1,6 million de tonnes), face à la Chine, à l’Inde, à la Corée du Sud et à la Russie ;
C’était le 11e producteur de pomme (1,4 million de tonnes) ;
C’était le troisième producteur mondial de citrouille (1,3 million de tonnes), dépassé seulement par la Chine et l’Inde ;
C’était le sixième producteur mondial de concombre (985 000 tonnes) ;
C’était le cinquième producteur mondial de carotte (841 000 tonnes), face à la Chine, à l’Ouzbékistan, aux États-Unis et à la Russie ;
C’était le quatrième producteur mondial de pois séchés (775 000 tonnes), seulement dépassé par le Canada, la Russie et la Chine ;
C’était le septième producteur mondial de seigle (393 000 tonnes) ;
C’était le troisième producteur mondial de sarrasin (137 000 tonnes), seulement dépassé par la Chine et la Russie ;
C’était le sixième producteur mondial de noix (127 000 tonnes) ;
Produit 4,4 millions de tonnes de soja ;
Produit 883 000 tonnes de oignon ;
Produit 467 000 tonnes de raisin ;
Produit 418 000 tonnes de avoine ;
Produit 396 000 tonnes de pastèque ;
Produit 300 000 tonnes de cerise.
L’Adrienne a évidemment surtout été interpellée par ces tonnes de noix, parce que les noix, ça pousse sur des arbres, et qu’il est plus facile de réensemencer une terre pour qu’elle produise du blé, de l’orge, des tournesols… que de replanter des noyers et d’attendre vingt ans qu’ils offrent leur production.
J’ai quitté ma chambre au premier étage côté rue. J’ai fait bien attention de ne pas glisser sur les marches de marbre rose, trop bien cirées. Je n’ai rien emporté : pas une tartine pour la faim qui viendrait, pas un peu d’eau pour la soif, pas de petite laine, pas de montre.
– Je vais jusqu’à mon arbre, ai-je dit à ma mère qui n’a pas levé les yeux de son magazine. Mais elle m’a entendue parce qu’elle a fait « oui, oui » et il y avait quelque chose dans sa voix entre lassitude et résignation. Tous les travaux du jour avaient été faits, les poussières et les mauvaises herbes, les vaisselles et les rangements. On attendait le soir et le père qui rentre du travail.
J’ai traversé le champ d’en face en courant, aveuglée par le soleil déclinant et comme le blé avait juste été moissonné, je me suis tailladé la peau des chevilles à chaque pas. Il était trop tard pour revenir en arrière. Le sang coulait, de toute façon, et j’ai poursuivi ma course.
Au coin de la prairie, près du bosquet de la colline, un grand arbre avait été épargné, sans doute parce qu’il marquait le territoire âprement disputé entre Hector, Oscar et Louis, qui ne se parlaient plus depuis deux générations.
C’était un frêne qui avait si souvent été étêté que si on y grimpait, on disposait de toute la place pour s’installer et on pouvait voir sans être vu. D’ailleurs personne ne savait que c’était celui-là, « mon » arbre.
J’ai vu un couple de merles, une volée de moineaux. J’ai entendu le pinson et le coucou. Des tourterelles. Le chien d’Hector. Le bêlement d’une de ses brebis. Une voiture au loin qui n’était pas celle de mon père.
Ça sentait bon l’herbe, le vent, la paille et la fin de l’été, la fin du jour.
Quand le soleil a disparu derrière la colline, j’ai eu un peu froid. Je me suis rendu compte que j’avais mal aux fesses et pour la énième fois j’ai pensé que « mon » arbre serait plus confortable avec un coussin et une couverture.
Je me suis dit que de l’autre côté de ce petit bois, à la fois très proche et très lointaine, il y avait la maison de ma grand-mère, et que c’est là que j’aurais voulu rentrer.
Les voyages les plus beaux sont peut-être ceux que l’on s’invente. Votre récit comprendra 4 parties :
1) J’ai quitté Qu’avez-vous quitté ? Nommez simplement un lieu ou une personne.
2) Avec Dites avec quoi vous êtes parti·e : quel objet avez-vous emmené ?
3) J’ai traversé Dites en une phrase ce que vous avez traversé en partant.
4) J’ai vu De l’autre côté, qu’avez-vous vu ? Là, donnez toute la gomme ! Décrivez ce que vous découvrez et ce qui vous arrive dans ce lieu nouveau. Il n’est pas indispensable d’en revenir.
Consigne extraite de « 1001 conseils pour l’écrivain en herbe » de Myriam Mallié et Pascal Lemaître – Casterman, 2004
Je rappelle que Bachar Mar-Khalifé, Odezenne, Katerine ou Zoufris Maracas existent
Je rappelle que les amandiers sont en fleurs que les violettes résistent au givre qu’il reste des asperges sauvages ou des mimosas
Je rappelle qu’une poule pond un œuf chaque jour, que les vignes se taillent à trois nœuds que mon voisin plante des petits pois et que les fraises des bois ne poussent pas que dans les bois
Je rappelle que le cbd est légal que pas plus de deux verres ça va que des sacs vomitoires sont à votre disposition pendant le vol que la chair n’est pas triste et que personne n’a lu tous les livres
Je rappelle que nos enfants ont des ailes plus grandes que les nôtres que les oiseaux ont faim et que les chiens lèchent gratos
Je rappelle que la vie est une pute et que nous sommes tous des fils de petite maman chérie qui recoud nos boutons qu’on peut faire des tartes avec à peu près tout ce qu’on veut et que les crayons de couleurs ont une durée de vie considérable
Je rappelle qu’on peut faire du papier avec du crottin de cheval un dessert avec du pain rassis que le tonnerre est le bruit de la foudre que j’ai vu un chat blanc dans la nuit et qu’il n’était pas gris
Je rappelle que le bouton rouge sur les télécommandes sert à la fois à allumer et à éteindre que le jour n’appartient à personne et qu’il n’y a pas de date de péremption sur les fesses des autres
Je rappelle qu’un peu, plus un peu, ça fait un peu plus
Faites-en bien ce que vous voulez
Thomas Vinau, sur son blog etc-iste, le 7 mars dernier. Avec son consentement, merci à lui.
Mais l’essentiel de ce Petit Rappel est évidemment que tant de choses restent dans le monde de la nature et de la culture pour nous aider à traverser à peu près tout. Avec ou sans passerelle 🙂
Merci à Monsieur le Goût pour le tableau en illustration et la 117e consigne: Où mène cette passerelle peinte par Toutounov ? Que traverse-t-elle ? Le savez-vous ? Si vous le savez, dites-le ! Si vous ne le savez pas, inventez-le !
Dans cette vidéo on peut voir l’artiste peignant le petit pont choisi par Monsieur Le Goût:
Le week-end dernier, un tas d’activités « nature » étaient organisées et bien sûr l’Adrienne s’était inscrite pour une promenade guidée par les « trage wegen« , comme on les appelle ici, ces chemins de traverse et autres sentiers qui ont souvent disparu et qu’on essaie de remettre à l’honneur.
– Tiens, se dit-elle en voyant l’homme qui devait les guider, sa tête me dit quelque chose…
Ce n’est que deux ou trois kilomètres plus tard qu’elle s’est souvenue: le papa de Hannelore!
Madame vous a déjà parlé d’elle à l’occasion d’un devoir de lakévio du Goût: à seize ans, Hannelore était complètement gothic et très mal dans sa peau. Aujourd’hui elle va bien et vit sa vie rêvée, au Cap-Vert.
Après la promenade, en allant remercier le guide, elle s’est tout de même décidée à se faire connaître et a conclu d’un:
– Je vais tout de suite lui envoyer un petit message pour lui raconter que j’ai passé l’après-midi avec son papa 🙂 – Ah! fait-il, on est un peu en froid en ce moment, elle et moi… – Oui je sais, fait Madame (elle ne les a jamais connus autrement qu' »en froid » ;-)) – Elle est tellement extrême, ajoute-t-il, comme pour s’excuser. – Oui je sais, répète Madame.
Le soir elle a eu une longue conversation avec Hannelore, aucune des deux n’a parlé de tensions avec le papa.
Par contre il a beaucoup été question du Cap-Vert et de son nouveau projet: y ouvrir un petit hôtel!