Dernière suggestion

Depuis quelque temps, WP cherche à stimuler la rédaction de billets de blog en faisant quotidiennement une suggestion de thème.

La suggestion est toujours proposée sous forme de question et la dernière, celle d’hier donc, était celle-ci:

« Que feriez-vous si vous gagniiez au loto? »

– Je vous offrirais un Bescherelle, a répondu l’Adrienne 🙂

R comme Retour

 © Fred Hedin

Les agences immobilières, de plus en plus, arrangent le décor pour rendre la maison à vendre plus attrayante.

Il paraît que l’acheteur potentiel manque d’imagination et qu’il vaut mieux décider pour lui de la couleur des murs et de l’emplacement du canapé.

Mais ici l’agence n’a fait aucun effort, pas même un peu de nettoyage: la maison n’a que la valeur de son espace – ses grands espaces – et de son emplacement – « idéalement située » – pour justifier son prix.

Tout est à refaire.

Bien sûr, ce n’est pas dans les prix de Marie, mais elle y a vu l’occasion de revoir les lieux.

L’homme de l’agence la précède, lui ouvre les portes, lui fait son boniment.
Elle sourit.
S’il savait!

Et vraiment, rien n’a changé.
Même l’odeur de la maison est restée identique à son souvenir.

Et cette banderole!

– Vous n’avez même pas enlevé ça!

Elle rit tout à fait, à présent et jamais le type de l’agence ne comprendra pourquoi.

« Bonne annif » avait peint Jacques au pochoir en grandes lettres rouges, sa couleur préférée.

Comme disent les pédagogues d’aujourd’hui, c’est le message qui compte, n’est-ce pas 😉

***

Écrit pour Bricabook 423 – merci Alexandra!

R comme réjouissant

La vidéo date de 2019 mais elle est si réjouissante – et si juste – qu’il fallait vous la montrer.

Tout est tellement vrai!

Oui, on surveille son orthographe… mais encore plus celle des autres. « Apprends d’abord à écrire! » répond-on à celui qui a émis un avis peut-être très pertinent, mais qui comporte une erreur ‘disgracieuse’.

Oui, on confond la langue – sa richesse, ses beautés, ses merveilles – avec son orthographe, qui n’est qu’un outil, une convention. Et qui aurait par conséquent pu être très différente si les choix faits dans le passé avaient été différents. Par exemple s’ils avaient été basés sur d’autres critères que le souci de faire « classe » et d’exclure le péquenot.

Et oui, on aurait tellement mieux à faire, dans les écoles de la francophonie ainsi que dans les apprentissages du français comme langue étrangère, tellement mieux à faire qu’à s’occuper de toutes les incohérences que certains appellent subtilités.

Voilà.

Soyez heureux si comme l’Adrienne vous êtes « tombés dans la (bonne) marmite ».

Et tant pis pour tous les autres?

J comme je me souviens

Louvain – photo prise en octobre 2010

Ils étaient 126 et à tous leur prof de français avait répondu: « excellent choix ! » quand ils leur avaient annoncé qu’ils envisageaient des études de philologie romane.

« Tu es de loin la meilleure en français », avait dit le prof de N***, une Limbourgeoise, « tu devrais faire les Romanes. »

C’est ainsi qu’ils étaient 126 cette année-là à recevoir leur première dictée du terrifiant professeur Mertens.

« Vous allez voir », les prévenaient les redoublants, « vous allez tous avoir moins que zéro. Vous aurez des moins vingt, des moins trente ! »

Et l’Adrienne, comme tant d’autres probablement, se disait « pas moi ! »

Elle avait toujours été imbattable en dictée et en faisait un point d’honneur.

Puis le professeur Mertens a lu le texte qu’il avait prévu pour assener à tous ces jeunots un bon premier coup de trique, histoire de leur mettre tout de suite les pendules à l’heure : ils avaient encore tout à apprendre !

Le texte était fort long et les exceptions, anomalies, participes passés de verbes pronominaux suivis de l’infinitif et autres pièges se succédaient.

Mertens jubilait devant les têtes basses : une fois de plus, son traitement de choc marchait.

Au cours suivant, il jubilait encore, le paquet de dictées corrigées à la main : deux traits sous les erreurs grammaticales et un seul sous les erreurs d’orthographe.

Il tenait à distribuer lui-même les feuilles et le faisait dans l’ordre, en commençant par la pire de toutes, appelant les noms un à un, ce qui l’obligeait à aller sans cesse d’un bout à l’autre de l’amphi. C’était une de ses manières d’apprendre à connaître ses ouailles et à coller un visage sur un nom : le premier mois n’était pas passé qu’il connaissait les 126.

Bref, vous imaginez les cœurs battant fort au fur et à mesure de la distribution.

« C’est excellent ! » a-t-il dit à l’Adrienne, qui avait réussi le pire score de toute sa vie.

***

texte inspiré par le schibboleth du Défi 702 – le mot avait déjà paru dans un autre billet en hommage au professeur Mertens, ici, grâce à un commentaire de Joe Krapov, copié-collé ci-dessous:

  1. Joe Krapov J’aime bien venir ici. J’en repars très content des messages en grec, en chinois, en anglais et en langage codé (Shibboleth !) que je reçois dans ma boîte aux lettres professionnelle, qui m’ennuient un peu quelquefois mais qui me valent d’être payé à la fin du mois (pas de quoi aller faire du shopping à New-York, certes mais je n’ai pas de tels besoins. Rigoler à Rennes suffit à ma joie !).
    Bon courage pour la suite, Madame !J’aime Réponse
  2. Adrienne ah voilà qui me fait plaisir, Joe Krapov 🙂
    (ton schibboleth me rappelle notre excellent prof de grammaire, à l’université, qui nous donnait des petites fiches à apprendre par cœur: le mot schibboleth figurait sur celle des quelques rares mots de la langue française qui s’écrivent avec 2 b: « à l’occasion du sabbat, l’abbé offrit un gibbon gibbeux au rabbin qui lui avait expliqué ce que c’est qu’un schibboleth »)
    merci!

22 rencontres (19 ter)

Appelons-le Simon.

Il est l’un des deux ou trois surdoués dont Madame s’est occupée, ce qui crée forcément des liens.
Il a toujours gardé le contact mais depuis une paire d’années Madame s’est drôlement refroidie.
Peu à peu, il a évolué plus à droite que la droite, au-delà de nos partis déjà bien bruns, pas assez bruns à son goût.
Qui n’est pas le goût de Madame et il le sait.

L’autre jour, il l’a recontactée.
Pour lui demander son avis sur l’écriture inclusive.

Lui, le réfractaire au français, s’intéresse bizarrement beaucoup à ce qui se passe en France.
Chaque fois qu’il contacte Madame, après les politesses d’usage vient un « que pensez-vous de… » et il faut que Madame s’exprime sur Houellebecq, sur Zemmour, ou donc cette fois-ci sur l’écriture inclusive.

Bref, pour une fois ils étaient d’accord 🙂

D comme dix?

La règle de l'accord du participe a volontairement été créée pour être incompréhensible.
source ici

De temps en temps, elle sonne à la porte de Madame pour parler du petit Léon.

– Dans son école de l’an prochain, dit-elle, il y aura une classe spéciale pour les dix.
– Ah! pour les dix… fait Madame, en espérant que le contexte va éclairer sa lanterne.

Ce n’est qu’après leur conversation qu’elle comprend qu’il fallait décrypter « dys- » au lieu de « dix ».

Qui a osé dire que l’orthographe, c’est juste un moyen pour l’élite de se lover dans son élitisme?

22 rencontres (4bis)

orthographe.jpg

C’est à une petite expo dans sa ville que Madame a rencontré A-F. Et comme en Terminale elle a appris qu' »On paie mal un maître en ne restant toujours que l’élève », elle a fait beaucoup mieux que Madame: elle enseigne à l’université. 

– Ah! s’exclame-t-elle, moi qui étais nulle en orthographe – elle a toujours aimé s’autoflageller à ce propos – si vous saviez ce que je vois aujourd’hui chez mes étudiants! 

Madame, qui n’aime pas trop participer au grand lamento du tout-va-de-mal-en-pis, l’écoute en souriant. 

– Et tous ces dys- quelque chose! s’emporte A-F: dyslexie, dysorthographie, dyscalculie! Il suffit qu’ils aient une attestation et on ne peut même plus leur enlever des points pour leurs erreurs! Vous vous rendez compte? 

Madame hoche la tête, bien sûr qu’elle sait, elle ne sanctionne pas ses élèves dyslexiques sur leur mauvaise orthographe. 

*** 

Quelques jours plus tard, A-F envoie un message à Madame: 

– Incroyable! J’ai fait mieux que la moyenne! 

Il s’agissait d’un test du Figaro (2). Bien sûr, Madame s’y est collée aussi. 

– Il y a une faute dans le test, lui répond Madame, très frustrée de n’avoir pas fait un 10/10 à cause de ça. Se rendre compte ne s’accorde pas avec le sujet! (3) 

Voilà qui rend A-F toute contente: 

– Oh! dans ce cas j’ai encore un point de plus! 

– Tu vois bien, dit Madame, que tu n’es pas nulle en orthographe tongue-out 

*** 

(1) la citation est de Nietzsche (dans Ainsi parlait Zarathoustra)

(2) qui est aussi la source de l’image illustrant ce billet

(3) pour ceux qui auraient un doute, voir ici

R comme recalé!

J’ai longtemps hésité, parce que c’est toujours plus agréable de dire du bien d’un livre que de le critiquer. Mais plus j’y pense, plus je me demande d’où vient cet engouement planétaire pour un bouquin bourré de fautes de grammaire (1), d’orthographe (2) et de clichés. 

Impossible de dire ce qui m’a le plus gênée. Les fautes sont tellement nombreuses que je m’étonne qu’aucun critique littéraire ne mentionne ce fait. Si nombreuses que je m’étonne que les éditions Au diable Vauvert ne disposent pas de correcteurs. Que je m’étonne qu’aucun blogueur ne s’en étonne.  

Même remarque pour les clichés. Peut-être cela a-t-il quelque chose de rassurant pour le lecteur, l’association de ‘sec‘ + ‘comme un coup de trique‘ et autres expressions usées, mais d’un auteur on attend tout de même mieux que cette accumulation: les vieilles dames ont forcément des cheveux « violine » et sentent l’eau de Cologne, une Ivoirienne est forcément « rigolarde » et en boubou multicolore , les « mauvais » et leur méchante machine mangeuse de livres portent des noms à consonance étrangère, Kowalski, Brunner, Zerstor et s’accompagnent de tout un vocabulaire nazi, depuis la couleur vert-de-gris jusqu’au mot génocide. Il me semble qu’à ce point-là, on ne peut pas parler d’humour ni de clin d’œil. 

Bref, un bouquin dont la première moitié a des promesses de fable moderne (un homme épris de littérature travaille dans une usine qui recycle les surplus de livres pour en faire de la pâte à papier) et la seconde moitié raconte une bluette (l’homme trouve une clé USB qui contient 72 pages du journal intime d’une dame pipi, on quitte le génocide pour la love story). 

Les clichés ne manquent pas non plus dès qu’on en arrive aux dames pipi et à leur public. Pourquoi en serait-il autrement dans un livre où ils abondent? Mais je vous les épargne tongue-out

Mon reproche le plus grave concerne l’histoire: pourquoi avoir complètement abandonné la fable à mi-chemin pour passer à la bluette? Peut-on impunément faire de l’héroïne de la deuxième partie une sorte de clone (en plus jeune) de la concierge de Muriel Barbery (3)? Comment est-il possible de créer un personnage féru de théâtre classique et amoureux de l’alexandrin, et de commettre des erreurs dans la citation des extraits? (4) Enfin, est-ce que personne n’a relu ce manuscrit pour y déceler les incohérences? (5)

Bref, il y a de l’idée, il y a du « feel good » dans ce monde de brutes et la fable se change en conte de fées. 

Voilà sans doute où réside le secret de son succès. Il paraît même qu’on va en faire un film. 

le liseur.jpg

http://www.20minutes.fr/culture/1388141-20140529-liseur-6h27-futur-best-seller

(1) l’accord du verbe avec le sujet, l’accord du participe passé et tous les autres accords à faire ou à ne pas faire posent problème: l’empreinte tiède que son corps avait laissé, p.10;les tuiles transformait les 36 m² en fournaise, p.54; lorsqu’une grande colère ou une émotion le submergeait, p.56; le vieux et son fauteuil roulant avait déboulé, p.70; flambants neufs, p.78; c’est toi qui parle, p.85; on mange à onze heures et demi, p.90 et p.93, ce n’est donc pas un hasard; j’en ai mangées,  p.157… je suppose que ça suffit comme exemples?

conjugaisons: le jeune homme s’endormît, p.57; le chef avait du se foutre de sa gueule, p.62; que personne n’ai pensé, p.73… etc, je ne vais pas continuer jusqu’à la page 218. Plus la confusion entre le futur simple et le conditionnel présent. 

(2) décrépi, p.16; celle des anciens missels quand il était enfant de cœur, p.56; ce sera moins fatiguant, p.89; « quoi que » systématiquement confondu avec « quoique », le remord, en mon fort intérieur, la gente féminine, réfréner… la liste est longue, fort longue. 

(3) L’élégance du hérisson

(4) ce personnage s’appelle Yvon Grimbert et ne parle qu’en alexandrins, soit des créations personnelles, soit des extraits de Racine, Corneille et Molière. Un exemple d’erreur (Phèdre): « qui va du dieu des morts déshonorer ma couche » (p.202)

(5) pendant le trajet du matin en RER, il a le temps de lire à haute voix une dizaine de doubles pages; à la maison de retraite, une heure et demie de temps s’est écoulée pendant la lecture de deux ou trois de ces mêmes doubles pages: combien de temps dure ce trajet en RER? vingt minutes! (p.53)

autre exemple: un homme en fauteuil roulant a tout un mur de son appartement « mangé » par des étagères recouvertes de livres qu’il passe son temps à épousseter… 758 livres! Même moi qui ne suis pas en fauteuil roulant, il me faudrait une échelle tongue-out

 

L comme lecture… imposée

Villa Giudita et autres nouvelles. Voilà où le malentendu a commencé : avec ces deux premiers mots du titre, que je croyais pouvoir mettre à la lettre V de mon Dictionnaire amoureux de l’Italie : V comme Villa Giudita…

A la réception de l’ouvrage, j’ai découvert neuf nouvelles. Celle du titre est la troisième, mais déjà pendant la lecture de la première, j’ai eu envie de décrocher. Pourquoi ? Pour un tas de raisons : maladresses dans l’histoire racontée, style incohérent, fautes de langue, de grammaire, d’orthographe, erreurs typographiques même !

Ce qui fait que dès la première page, je me suis demandé qui corrigeait les épreuves, chez Persée. Ne serait-ce que pour avoir un peu de continuité dans le choix des majuscules ou des minuscules et des tirets ou des traits d’union.

Que faut-il penser, par exemple, d’un « auss’ils » (page 57), de « quelqu’un t’as fait ça » (page 85), de tous ces accords d’adjectifs, de verbes ou de participes qui ne sont pas faits correctement? D’erreurs dans le vocabulaire, comme le mot « antre », qui est systématiquement utilisé au féminin (« cette même antre », page 98).

Mais j’ai continué ma lecture : en échange du livre, Babelio attend ma chronique dans les 30 jours. Et au fil de ma lecture, je me demande comment je ferai pour qu’elle ne soit pas trop destructrice. Car enfin, ce monsieur José Wolfer y a mis son cœur et son temps, je suppose.

J’ai donc fini par tout lire. Ça a pris du temps. Ça m’a donné peu de plaisir. Je cherchais le fil conducteur, je ne l’ai pas trouvé. On y voyage beaucoup : Grande-Bretagne, Italie, Grèce, Bosnie, Australie. D’autres sont des souvenirs d’enfance (le village, l’école) ou se passent au début du 20e siècle.

Le communiqué de presse qui était joint à l’envoi du livre parle de « pages émouvantes, poétiques, drôles, toujours étonnantes ». J’espère pour l’auteur que d’autres lecteurs y trouveront tout ça.

O comme orthographe

Reçu hier soir:

Cher Clιent;

Depuis la mise en place de la nouvelle version de nos sites, vous êtes nombreux solliciter notre assistance technique.
En conséquence, nous ne sommes pas mesure de vous joindre par téléphone.

Nous avons déja identifié certains dysfonctionnements sur votre cσmptε, nous mettons tout en ouvre pour les corriger.
Vous devez donc suivre ces étapes pour corrigé votre cσmptε:

Cliquez ici et connectez-vous sur votre cσmptε.
– Renseingez votre numéro de téléphone actuel.
– Veuillez mettre à jour vos cordonnées.

Nous vous conseillons en priorité de corrigé les litiges que vous avez sur votre cσmptε.
Si vous ne fait pas cela l’accεs cσmptε sera automatiquement bloquer et toutes vos transaction serons annulés.

Vous disposez d’un délai de 48h pour corrigé votre cσmptε.

Votre conseiiller Marie Pierre Humen.

Vous voyez ce que je veux dire?

Le phishing est un piège.

Mais le véritable piège, c’est l’orthographe Langue tirée