Z comme Zand

Quand un bus ou un tram n’est pas en service, avant de le quitter son conducteur met l’affichage adéquat, « hors service », par exemple, « en pause », « en route vers le dépôt », ou des variantes comme « mijn collega pikt je op« , mon collègue vous emmènera.

Ce tram ostendais a fait dans l’humour et l’originalité, « zand gevuld » peut se comprendre de diverses façons, mais zand=sable, le rapport avec les lieux est évident.

Bref, ça a bien fait rire l’Adrienne et ceci clôturera la série ostendaise de juillet 2022 🙂

X c’est l’inconnu

Il y a des jours comme ça, qui s’annoncent bien, on a le matin tôt une bonne conversation avec le marchand de légumes, on se réjouit de voir Hajar l’après-midi et peut-être de bons amis le dimanche suivant.

Puis la voisine vient sonner, très remontée, et vous accuse de l’avoir dénoncée à la police, ce qui est totalement faux mais comment le lui prouver?

En passant elle vous apprend encore tout le mal qu’on dit de vous, en particulier sur votre façon très personnelle de voir le jardinage 😉

Et le soir, Hajar partie, vous constatez que votre billet du jour a fâché quelques personnes et que vous auriez mieux fait de garder vos petites opinions pour vous.

Puis la voisine revient, tout sucre tout miel, elle vous appelle « zoetje » (1) comme si vous étiez meilleures copines, et elle vous annonce qu’en janvier, son mari, le chien, le chat, les poules, le coq et elle déménagent.

– On n’en peut plus de vivre ici, dit-elle, ça me rend malade un voisinage comme ça!

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photo prise à Ostende: la façade arrière de la gare, toujours barricadée, était tout à fait inconnue de l’Adrienne jusqu’au matin du 18 juillet dernier.

(1) mot gentil équivalent au ‘sweetie’ anglo-américain

V comme Vanden Broecke

Sous les arcades des Venetiaanse Gaanderijen il y a toujours de chouettes expos de photos et cette photo-ci était particulièrement attirante grâce à la citation de Bernard-Marie Koltès par l’acteur flamand Bruno Vanden Broecke.

Dans l’interview qui a paru en mars 2021 dans le Standaard (rappelez-vous, pandémie, théâtres fermés…) il explique « ça fera bientôt quatorze ans que je porte en moi cette citation de Bernard-Marie Koltès » reçue d’un ami alors qu’ils travaillaient à une représentation de la pièce de Koltès, Dans la solitude des champs de coton.

« Sur scène il ne faut pas se montrer triste, il faut montrer qu’on essaie de ne pas pleurer » explique-t-il.

Et aussi: « Ne reste pas accroché dans la déprime s’il t’arrive un malheur, ressaisis-toi. La mort de ma mère quand j’avais vingt-cinq ans a été un des coups durs de ma vie mais paradoxalement ça m’a aussi donné de la force. Je la vois encore devant la fenêtre un matin de mars, elle ne savait pas si elle tiendrait jusqu’à l’été. Nous savions que c’était son dernier printemps, la dernière fois qu’elle verrait des fleurs s’épanouir. »

Mais elle arrivait à jouir de la beauté de l’instant et a dit: « Regarde! L’herbe est si verte! »

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‘Al bijna veertien jaar draag ik deze uitspraak van de Franse theaterauteur BERNARD-MARIE KOLTÈS mee. Mijn boezemvriend Raven Ruëll reikte me ze aan tijdens onze heropvoering van Koltès’ stuk In de eenzaamheid van de katoenvelden. Het is een waardevol inzicht voor mijn vak: op het toneel moet je immers niet tonen dat je triest bent, je moet tonen dat je probeert niet te wenen.’

‘Zoals een prisma kun je dit citaat van allerlei kanten bekijken. Wat er ook in zit: blijf bij tegenslag niet hangen in zwaarmoedigheid, herpak jezelf. De dood van mijn moeder op mijn 25ste was een van de hardste klappen in mijn leven, maar paradoxaal genoeg heeft het me ook veel kracht gegeven. Ik zie haar nog voor het raam staan op een ochtend in maart, toen ze niet wist of ze de zomer nog zou halen. We wisten dat dit haar laatste lente was, de laatste keer dat ze bloemen zou zien uitbotten. Ze zei: “Maar Bruintje, kijk! Dat gras is zó groen!” (glimlacht) Ze was de schoonheid van de dag intens aan het drinken … Natuurlijk moet je soms bezig zijn met de toekomst, maar het is zonde om zo vaak voorbij te gaan aan het potentiële geluk in het hier en nu.’

‘De dingen die mij helpen als het minder gaat – lezen, muziekmaken, lopen … – maken dat ik niet bezig ben met wat morgen komt. Iedereen krijgt klappen in dit leven, ieder van ons heeft weleens het gevoel van een vrije val. Maar ik blijf nooit meer te lang in negatieve gevoelens hangen: elke hartslag is er toch één dichter bij je laatste.’

Vergezeld van een oude Hasselblad-camera reist Alexia Leysen van mens tot mens, op zoek naar ieders comfort words : woorden die kracht geven wanneer het leven moeilijk doet.

T comme Tôt

Tôt le matin la digue est à l’ombre des immeubles qui la bordent et jusqu’à huit heures la plage appartient aux chiens avec leurs promeneurs.

Qu’il y ait des poubelles tous les vingt pas, que ce soit sur le sable ou sur la digue, n’empêche pas qu’il faille une armée d’hommes en orange pour que tout soit impeccable et que les sales touristes puissent recommencer à salir.

Malgré les températures déjà élevées – pour une Adrienne – et malgré les recommandations à cause de la canicule, on voit autant de joggeurs que d’habitude le long de la plage ou dans le Bosje.

L’Adrienne a décidé de ne plus s’étonner de rien.

Mais c’est difficile 😉

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photo prise à Ostende le matin du 18 juillet.

Stupeur et tremblements

Il y a quelques années, l’Adrienne a vu un reportage sur les femmes des Émirats arabes et une des choses qui l’ont frappée, c’était le manque crucial de vitamine D chez la plupart d’entre elles, sinon toutes, alors qu’elles vivent dans un pays qui ne manque pas de soleil.

Mais voilà, celles que montrait le reportage passent de leur intérieur climatisé à la voiture climatisée au shopping mall climatisé et sont si bien enveloppées de tissus que le soleil n’atteint jamais leur peau.

– C’est tout de même incroyable! s’était exclamée l’Adrienne.

Puis ces jours derniers elle y a repensé: elle fuit le soleil, cache sa peau d’ultra-blanche, reste à l’intérieur dès que le thermomètre grimpe…

Ce n’est évidemment pas comme ça qu’elle va atteindre le bon niveau de vitamine D!

Et elle n’a même pas eu la présence d’esprit d’investir dans une chambre hôtel climatisée 😉

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Mais que lit-elle ce matin?

En plus d’être énergivores, les systèmes de climatisation réchauffent davantage la planète qu’ils ne refroidissent nos intérieurs.

Allons, on remballe ses envies de fraîcheur factice, on va vers l’automne 😉

O comme Ostende

Tout à coup, comme ça, PAF! l’Adrienne en a eu marre de devoir étouffer la nuit, fenêtres fermées à cause des voisins qui font du bruit jusqu’à minuit et ont un coq-réveille-matin qui s’égosille aux premières lueurs de l’aube, alors en deux ou trois clics elle a trouvé une chambre libre dès ce dimanche à Ostende et HOP! en voiture, Simone 🙂

B comme besoin

Que voit-on sur cette photo des frères Antony prise à Ostende le 27 septembre 1925?

On est sur la digue, le bâtiment circulaire est le Kursaal, splendide construction Belle Époque de 1878 que les Allemands ont détruite en 1940 pour installer un bunker à sa place.

Au loin, à la limite entre Ostende et Mariakerke, on voit les deux chalets royaux qui n’ont pas non plus survécu à la guerre de 40-45.

Entre le Kursaal et les chalets, des hôtels qui ont beaucoup souffert des bombardements, en totalité ou en partie, de sorte que dans les années 1950-1960, Ostende a été un grand chantier de construction.

Sur la digue, sous un intéressant ciel nuageux avec éclaircies 😉 des promeneurs et des promeneuses: deux femmes, deux couples, un contemplateur solitaire, une nounou avec des enfants et un landau.

Et à l’avant-plan, un chien qui s’installe fort à propos pour déposer son petit besoin.

Et pas encore de sachets-caca à l’époque 😉

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Expo photos de Maurice et Robert Antony à Ostende

Première fois

La première fois que l’Adrienne a entendu parler de chiens tirant des charrettes, dans sa Flandre jusqu’aux années de l’entre-deux-guerres, c’était dans un article sur le Japon.

Pourquoi les touristes japonais sont-ils pris d’une si grande émotion devant le tableau de Rubens exposé à la cathédrale d’Anvers, La Descente de croix?
Pourquoi, quand ils savent que tu es Flamand(e), commencent-ils à te parler d’un chien qui s’appelle Patrasche?
Et pourquoi s’étonnent-ils que tu ne le connaisses pas?

Et bien, parce qu’il s’agit du personnage d’une histoire écrite au 19e siècle, en anglais, qui a apparemment un succès énorme auprès des écoliers japonais et américains mais qui n’a été traduite en néerlandais qu’en 1987.
Même les nombreuses versions filmées n’étaient pas parvenues jusqu’ici.
Une histoire larmoyante d’un petit orphelin et son chien dans une Flandre anversoise imaginaire.

En 2007, deux réalisateurs de documentaires se posaient encore la question: comment se fait-il qu’une histoire si connue dans de nombreux pays n’intéresse personne chez nous?

Bref, en visitant l’expo consacrée aux photographes ostendais, Maurice et Robert Antony, l’Adrienne n’a pas manqué de remarquer les charrettes tirées par des chiens, comme sur l’illustration ci-dessus, une photo du 4 juillet 1924.

Généralement un ou deux chiens, toujours avec muselière, tirant la charrette du laitier, du charbonnier, du poissonnier, du chiffonnier…

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Expo photos de Maurice et Robert Antony à Ostende jusqu’au 5 novembre 2022, info ici.

U comme une déclaration

Un couple sort de la gare d’Ostende.

Elle devant.
Lui derrière, qui traîne deux énormes valises, plus un gros sac en bandoulière.

Gaat het schat? ça va mon trésor? demande-t-elle en se retournant à peine vers l’homme suant derrière elle.

Le vrai trésor, elle le porte dans un petit sac rose à franges, garni de quelques clous dorés.

Il est assorti au collier – rose et clouté d’or – du petit chien dont seule la tête pomponnée dépasse.

Premier

source ici (récap en 70 titres lors de ses 70 ans)

Le premier, c’était beau-papa.
Au téléphone, belle-maman exultait:

– C’est positif, a dit le docteur, donc tout va bien!

Elle avait compris ce que tout proche aime comprendre: les tests sont positifs, donc c’est bon.
Mais bien sûr, en jargon médical « positif » veut dire mauvais.

Jusqu’à aujourd’hui l’Adrienne ne comprend pas comment le médecin, qui a dû assister à une explosion de joie, lui aussi, vu que belle-maman avait l’émotion explosive, comment il n’a pas rectifié le tir.

Le premier, donc, c’était beau-papa.
Après, bien sûr, il y en a eu beaucoup, beaucoup d’autres.
De toutes les sortes.
Des rapides-fulgurants et des sournois-faux jetons, qui te font croire « en rémission » pour t’anéantir plus fort après des opérations et des thérapies qui te mettent le peu de vie qui te reste complètement à l’envers.

Bref, c’est à lui l’Ostendais et à tous ceux qui ont suivi que l’Adrienne a pensé, père, oncle, tantes, amies, élèves… après avoir entendu la triste nouvelle qu’Arno avait succombé, lui aussi, malgré ses efforts pour rester en vie.