K comme krapoverie

B comme brouet

Prendre une part de nuages (http://remue.net/spip.php?article6987), y ajouter une demi-ventolière en plastique (http://remue.net/spip.php?article6652) et quelques gouttes de lamento de l’excavatrice (http://hyperion21.blog.lemonde.fr/2012/11/30/pasolini-le-lamento-de-lexcavatrice-4/)

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Il coupe la ventolière, ouvre sa vieille toison, la ferme, allume à nouveau la ventolière. Rien ne va. Rien n’est mieux. Le bois est parfaitement rose et parfumé. Comme son haleine sur ma bouche. Comme les macarons qu’il laisse traîner sur les plages de sable.

Son plaisir réside dans des robes en kiwi, dans le lit imprégné de sa sueur juvénile qu’il a su garder intacte et dans son désir de capter, dès qu’il le peut, une lumière, un flot, un ciel, un oiseau ou une fleur qui bougent, là-haut, au paradis, et qui s’offrent à lui dès qu’il rêve. Le grand ballet des nuages n’arrête jamais. Pour ça qu’il aime les ruines. Il lui arrive même de grimper sur les murets des temples pour que s’incruste encore un peu mieux en lui l’incessant frisson.

C’est plutôt beau quand la colline s’énerve. Que les ondulations se brouillent. Que les jours se dressent, se musclent, s’étendent. Qu’ils dorent un soir silencieux, défiant, en se blessant aux pavés inégaux. On sent qu’ils ne lâcheront pas. Jusqu’à la gestation. Jusqu’au monde parallèle vieux comme le temps.

Marius, malgré les silences, ne lâche rien lui non plus. Juste un peu prise de temps à autre, mais c’est pour mieux conjurer les recoins oubliés de ses folles envies qu’il dévore à sa manière. Il y a chez lui une patience qui est la mesure du véritable amour. Ainsi, quand il déprime, parce qu’il est seul, se succèdent au sommet de la colline, le désert, et un irrépressible vent de désespoir qui le fait se mêler à l’air ambiant, croiser d’autres solitudes et frotter au passage quelques cicatrices à la sienne.

Il y a des moments comme ça, parcimonieux et rares, où on a l’impression de parler la même langue que l’autre.

Walrus sept 2014 019 - kopie.JPG

ciel wallon du 27 septembre

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ci-dessous le texte original de Thomas Vinau (http://remue.net/spip.php?article6987)

Il coupe la radio, ouvre la fenêtre, la ferme, allume à nouveau la radio. Rien ne va. Rien n’est mieux. La cuisine est parfaitement vide et sale. Comme le jour qui se lève. Comme ses yeux qu’il laisse traîner dans la lumière neuve du jardin.

Sa chance réside dans sa propension au rêve, dans les beaux restes de naïveté qu’il a su garder intacts et dans son désir de capter, dès qu’il le peut, les fragments, scènes, dessins, figures ou silhouettes qui bougent, là-haut, en apesanteur, et qui s’offrent à lui dès qu’il lève les yeux au ciel. Le grand ballet des nuages n’arrête jamais. Pour ça qu’il aime le dehors. Il lui arrive même de grimper dans la cabane de son fils pour que s’incruste encore un peu mieux en lui l’incessante danse.

C’est plutôt beau quand l’horizon s’énerve. Que les pistes se brouillent. Que les nuages se dressent, se musclent, s’étendent. Qu’ils lèvent un menton noir, défiant, en fronçant les sourcils. On sent qu’ils ne lâcheront pas. Jusqu’à l’explosion. Jusqu’à la révolution de la lumière. »

Joseph, malgré les apparences, ne lâche rien lui non plus. Juste un peu prise de temps à autre, mais c’est pour mieux conjurer les aléas d’un quotidien terre à terre qu’il transgresse à sa manière. Il y a chez lui un instinct de survie qui lui permet de ne jamais se perdre. Ainsi, quand il déprime, parce qu’il est seul, succède au premier réflexe, celui du repli, un irrépressible besoin de sortir, de se mêler à l’air ambiant, de croiser d’autres solitudes et de frotter au passage quelques unes à la sienne.

Il y a des moments comme ça, parcimonieux et rares, où on a l’impression de parler la même langue que l’autre.