Si tu appelles ton restaurant vietnamien Le cyclo-pousse, pourra-t-on te reprocher ton esprit colonialiste?
Et si tu n’engages que des serveuses aux yeux bridés?
Si le prof de gym demande aux filles de faire le poirier, est-il un voyeur?
Et s’il les aide en leur tenant les mollets, est-il un pédophile?
Si j’aime ce bruit étrange et beau, vibrant et unique, profond et sensible, qui sort du violoncelle de Yo-Yo Ma, suis-je élitiste?
Ou pédante?
Et si j’ai des envies d’île déserte, suis-je misanthrope?
Au fond, dit Edward Albee, on n’aime pas le bonheur. On tricote soi-même son désespoir, on se donne un mal pour ça ! (1)
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écrit pour L’Agenda ironique de mai d’après les consignes de Laurence: intégrer au texte la citation « Un bruit étrange et beau » ainsi que les trois mots suivants: cyclo-pousse – île – poirier.
Merci Laurence!
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(1) in Délicate balance, trad. Matthieu Galey, Éd. Robert Laffont