R comme réveillon(ne)

Cette invention américaine est bonne pour les personnes sans foi ni loi, a décrété la mère.

Ici, on n’accorde sa confiance qu’à la mitre et à la crosse: on dit oui à la barbe blanche et à la tenue rouge, à condition que ce soit avec une croix dorée brodée dessus et une bague épiscopale à la main gauche.

Alors bien sûr, faisons la fête, mais uniquement avec une grande table, une nappe blanche, des bougies, des assiettes de fine porcelaine qui dorment dans l’armoire toute l’année, des huîtres, des bouchées à la reine, une dinde farcie, des croquettes de pommes de terre, des airelles, une bûche à la crème et la messe de minuit.

***

Merci à Joe Krapov pour sa consigne « Fêtons Noëlle » qui demande de n’employer que des substantifs féminins.

E comme esprit fort

– Qu’est-ce que tu regardes comme ça? les chiens en peluche?

Évidemment, ça devait arriver, vu que tous les jours il vient se planter devant cette vitrine, oui ça devait fatalement arriver que ce moqueur de Jean le voie et le tourne en ridicule.

Mais c’est plus fort que lui, et d’ailleurs c’est comme fait exprès, c’est sur le chemin entre l’école et la maison, donc deux fois par jour il passe devant, et le soir il s’y arrête plus longuement.

Cartable à terre et mains dans les poches, le nez rougi par le froid.

– Non, répond-il, je regarde les petits soldats. Il y en a même un qui est écossais, avec un béret à pompon…
– Pfff! tu crois encore au père Noël, toi!

Il rit bien fort en s’éloignant.

D’un rire qui sonne faux.

***

Écrit pour le jeu 83 de Filigrane – merci à elle! – photo et consignes ici.

E comme escape room

C’est en rentrant des courses hier midi et en observant combien de toits, dans la rangée de maisons, ont été refaits dans le courant de l’année, que l’Adrienne observe la disparition de plusieurs cheminées.

Bien sûr, vu qu’à peu près tout le monde en ville se chauffe au gaz, la cheminée sur le toit n’a plus aucune utilité.

Sauf pour le passage de saint Nicolas.

Il faudra, aux parents comme aux enfants, de plus en plus d’imagination et de recours à la magie pour expliquer comment le grand saint s’y est pris pour remplacer la carotte et le biscuit du petit soulier par des jouets et des bonbons 🙂

C comme courrier

bpost ouvre bien à temps le secrétariat de saint Nicolas
source ici

Dans la ville de l’Adrienne aussi on peut remarquer les boîtes aux lettres spéciales pour saint Nicolas et même en cette cyber-époque, les enfants continuent à en envoyer.

Environ 300 000 par an, dit la porte-parole de Bpost.

Les petits francophones l’envoient rue du Paradis et les petits néerlandophones Spanjestraat, parce que dans notre tradition (flamande, en tout cas) saint Nicolas arrive chaque année à Anvers par bateau depuis l’Espagne.

Grand-mère Adrienne se souvenait d’ailleurs très bien de son premier cadeau de saint Nicolas, une orange d’Espagne.
CQFD 🙂

Dans la rue il y a aussi un enfant des temps modernes qui s’est contenté de placarder à sa fenêtre un document fourni par une chaîne de magasins de jouets.

Document sur lequel il faut simplement mettre son nom et coller les photos – découpées du catalogue – des jouets désirés.

T comme traditions

Achttien meter hoge kerstboom zorgt voor kerstsfeer op Brusselse Grote Markt
© Belga Images

Je sais, écrit notre échevin des festivités – tous les jours il trouve une bonne raison de se mettre en valeur sur fb 😉 – je sais que normalement notre ville met un point d’honneur à attendre que saint Nicolas soit passé avant d’installer le sapin de Noël sur la Grand-Place, mais cette année-ci est tellement exceptionnelle et nous avons tellement besoin de (patati et patata, vous devinez la suite).

Bref, on pouvait admirer notre jeune et dynamique échevin des festivités sur une dizaine de photos formant un mini-reportage sur l’installation du fameux sapin.

Comme chaque année, il est offert par un habitant de la ville – vous savez bien, un jour après les fêtes on plante son sapin de Noël dans le jardin et vingt ans plus tard il est plus grand que la maison, envahit toute la pelouse, alors on se dit que c’est peut-être le moment de l’offrir à la ville, qui s’occupe de l’abattage et du transport.

Cette année il est donc de nouveau très majestueux avec ses onze mètres et ses deux tonnes et demie.

Bruxelles, bien sûr, fait encore mieux avec un sapin de 18 mètres en provenance du jardin d’un hôtel de Robertville, dans les Hautes Fagnes 🙂

J comme jouets

Le week-end dernier, de nombreux enfants belges ont eu fort à faire.

– Le 6, Saint-Nicolas vient chez nous, me dit Sarah, le 7 c’est chez mes beaux-parents l’après-midi et chez ma mère le soir et puis le 8 c’est chez mon père… Les enfants n’auront même pas le temps de jouer avec tous leurs nouveaux jouets.

Et puis, soupire-t-elle, ils sont beaucoup trop gâtés…

Je suis contente qu’elle le dise elle-même, parce que j’étais en train de le penser Langue tirée

Mais qu’y peuvent-ils, ces petits à qui papa, maman, quatre grands-parents, parrain, marraine, oncles et tantes veulent offrir des cadeaux?

***

Certains font coup double (parents divorcés) ou quadruple (grands-parents divorcés). De plus, Saint-Nicolas vient à l’école, on va le rencontrer en ville, dans les grandes surfaces…

– C’est celui-ci, le vrai? demande la petite fille de Sarah chaque fois qu’elle en rencontre un.

En néerlandais, on a trouvé l’explication suivante à cette pléthore de faux vieillards à barbe blanche dans les rues: le seul vrai, c’est celui qu’on voit à la télé arriver en bateau à Anvers ou à Amsterdam. Tous les autres, ce sont des « hulpsinten« , des « aides »… Voilà pourquoi ils portent parfois des baskets sous leur costume d’évêque, un bracelet du festival de Rock Werchter sous leurs gants blancs, ou une barbe de travers et des verres fumés.

– Quelle importance, répond Sarah, que celui-là soit le vrai ou un « hulpsint« …

Bien sûr, quelle importance, doit se dire la petite fûtée du haut de ses quatre ans… du moment qu’il ne se trompe pas de cheminée pour la livraison de mes cadeaux Cool

C comme cheminées

 Mécréante

On avait bien expliqué à la petite que dans la nuit du cinq au six décembre, il caracolait sur les toits, suivi de son fidèle Zwarte Piet chargé du sac plein de jouets pour les enfants sages.

– Tous les enfants du monde entier ? avait voulu savoir la petite.
– Oui, lui avait-on dit, en précisant une nouvelle fois : tous les enfants sages !

A six ans, la petite fille n’avait qu’une très vague idée de l’ampleur du monde et du nombre d’enfants qui l’habitaient – sages ou pas sages – mais elle se disait qu’une telle chose était impossible.

– Tous les enfants du monde en une seule nuit ? C’est impossible ! dit-elle.
– Mais si, c’est possible ! N’oublie pas que c’est un saint !

Les saints savent faire des miracles. C’est son institutrice qui le lui a dit.

– Près de la cheminée, a dit la maîtresse, vous mettrez une petite douceur pour saint Nicolas et une carotte pour son cheval.
– Chez moi, dit Bernadette, dont les parents étaient fermiers, on met une betterave pour le cheval!
– Chez moi, dit Catherine, fille de commerçants, on met une bière pour saint Nicolas et du sucre pour le cheval!

C’était sans doute pour ça que chez Catherine le saint homme venait déjà des jours à l’avance : chaque matin du mois de décembre, elle trouvait des friandises et des cadeaux à côté de la cheminée. En échange d’une trappiste brune.
Chez la petite, on ne mettait rien du tout, ni pour le cheval, ni pour le saint.

– Et pourquoi nous on ne met pas une bière pour saint Nicolas ?
– Mais réfléchis ! dit la mère. Il serait saoul, si tout le monde lui donnait une bière !

C’était vrai, bien sûr. Et alors il tomberait du toit ou se tromperait de cheminée.

– Et il passe vraiment par la cheminée ? demandait encore la petite.
– Mais oui, évidemment ! lui disait-on. Par où veux-tu qu’il entre ?
– Ben… par la porte !
– Mais la porte est fermée à clé, tu sais bien.

Oui, mais on a bien dit que c’était un grand saint ? et qu’il faisait des miracles ?
La petite réfléchit si fort que ça fait des plis au-dessus de son nez.

– Mais la cheminée, c’est sale !
– …
– Et le feu brûle !
– …

La petite s’étonne que les grandes personnes n’aient pas pensé à tout ça avant elle. Devant la cheminée, il y a le poêle au charbon. On y fait du feu en continu, jour et nuit. Ne faudrait-il pas l’éteindre pour la nuit du cinq au six décembre ?

– Je t’ai déjà dit que c’est un saint, répète la mère avec de l’impatience dans la voix, alors va dormir et ne pense plus à rien !

Couchée dans son petit lit, l’œil rivé à la fenêtre par où elle voit les toits et les cheminées du pâté de maisons d’en face, la petite ne dort pas. Elle veut voir de ses propres yeux le grand saint, son cheval blanc, Zwarte Piet et le gros sac de jouets.

Elle veut bien croire qu’il existe, puisque effectivement le matin du six décembre il y a une poupée pour elle et des jouets pour le petit frère, mais cette histoire de toits et de cheminées, non vraiment, elle n’y croit pas !

maart 2013 (4).JPG

dans la maison de tante Fé, il faudra être un bien grand saint…
la cheminée n’a même plus de trou
Langue tirée

 

J comme jusqu’où?

Je me demande jusqu’où ira le politiquement correct… et pourtant je suis très sensible à tout ce qui, de près ou de loin, pourrait ressembler à du racisme.

Il s’agit de Zwarte Piet. Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous (source wikipedia commons), notre saint Nicolas est accompagné d’un homme noir, supposé l’aider à porter les jouets pour les enfants.

Ces dernières semaines, certains y voient des relents de racisme et de colonialisme et voudraient interdire purement et simplement la tradition du Zwarte Piet.

Sinterklaas_zwarte_piet.jpg

Personnellement, je ne vois rien de dégradant à ce personnage et jamais il ne m’a fait penser à un esclave noir… Au contraire, dans toutes les émissions enfantines proposées à l’approche de la Saint-Nicolas, Zwarte Piet joue toujours un rôle très sympathique.

D’ailleurs, quand j’étais petite, je croyais qu’il était noir à force de passer par les cheminées pleines de suie Langue tirée

http://www.lesoir.be/351542/article/actualite/monde/2013-10-30/saint-nicolas-et-zwarte-piet-arriveront-amsterdam-malgre-accusations-racisme

Alors voici la solution proposée:

sint en piet.jpg

de regenboog Piet
(Piet arc-en-ciel)

http://www.bureaugelijkebehandeling.nl/nieuws/zwarte-piet

J comme je n’aime pas

Je n’aime pas les examens. Je n’aime ni les préparer, ni les surveiller, ni les corriger.

J’aime voir qu’ils ont bien appris.

Je n’aime pas les jours sombres et froids de décembre.

J’aime éclairer tous les coins de lumignons et de bougies.

Je n’aime pas la goutte d’eau qui tombe juste dans la nuque et fait froid dans le dos.

J’aime écouter le vent qui souffle en rafale quand je suis sous la couette.

Je n’aime pas le jardin spongieux sans fleurs ni légumes.

J’aime que la pelouse cesse de pousser.

Je n’aime pas les jingle bells qu’on entend partout et les pères Noël qui pendouillent aux façades.

J’aime les vrais sapins qui sentent bon et les illuminations.

Je n’aime pas le glühwein.

J’aime le homard…
et un tas d’autres choses que je n’ose plus nommer ici Langue tirée

winter 2012 006.JPG

à l’école, le 6 décembre dernier, saint Nicolas a fait un tour de jardin avec les petits de maternelle…
la pelouse était givrée, mais pour jouer à saint Nicolas il faut l’être un peu aussi Cool

D comme Dandoy

Dans quelques heures, saint Nicolas profitera de la nuit pour caracoler sur nos toits et faire passer par nos cheminées des gâteries pour les enfants sages.

Le matin du 6 décembre, le sucre, la carotte ou le navet pour son cheval auront disparu et à leur place il y aura des jouets, des mandarines, des chocolats et des speculoos.

Ce serait merveilleux si cette année il n’oubliait personne… Dans mon école et dans ma ville, en tout cas, on a fait tout ce qu’on a pu pour que cela soit.

Walrus aout 2012 041 - kopie.JPG

un détail de l’intérieur de chez Dandoy (oui oui, j’ai demandé la permission de prendre des photos)
en haut au centre, quelques moules en bois pour faire des biscuits

Walrus aout 2012 042 - kopie.JPG

l’escalier et le fond du magasin
http://www.biscuiteriedandoy.be/