Question existentielle

Il faut croire que ça correspond à un réel besoin, voici qu’un nouveau métier vient d’être inventé, le « social media-sitter ».

Vous êtes en vacances mais en même temps vous voulez continuer à alimenter vos nombreux réseaux sociaux et réagir en temps réel à tout ce qui s’y passe?

Allez dans un hôtel Ibis suisse et offrez-vous les services d’un (je cite) « influenceur confirmé de la région: nos professionnels d’Instagram préparent les meilleurs posts pour ton profil. Tu pourras profiter de ton séjour en ville sans ton smartphone devant les yeux. »

Voilà, c’est aussi simple que ça. Et non, je n’invente pas, voyez vous-même ici. Vous y trouverez une galerie de photo avec le nom et les spécialités de chaque « influenceur ».

La question que je me pose est la suivante: qui fait appel à ce genre de service? quelle sorte de gens sont à la fois tellement accro et pourtant prêts à céder la main?

La question restera (provisoirement?) sans réponse, voyez vous-même:

« Profite de ton escapade citadine sans le moindre stress numérique. Notre social media sitter s’occupe de ton profil Instagram. Et toi, tu peux partir découvrir la ville en toute tranquillité. Le service «Relax we post» pouvait être réservé du 3 novembre au 2 décembre 2018. »

Apparemment, cette offre était la version ‘test’.

Reste à voir si l’expérience sera poursuivie…

I comme internats chic (3)

suisse

« Il y a en Suisse des internats privés de réputation mondiale, où la longueur des listes d’attente est proportionnelle à la facture qui chaque moi attend les parents. Des écoles où l’on capte les langues étrangères comme par magie, où l’on pratique tous les sports, où l’on apprend les bonnes manières et où l’on forge des amitiés avec des condisciples du monde entier. » écrit Metin Arditi dans son Dictionnaire amoureux de la Suisse. (p.291)

Mais il n’en a pas voulu pour ses propres enfants, pour trois raisons qu’il appelle « trois inconvénients, tous cachés et tous pervers. » (p.292)

Le premier concerne ces réseaux utiles de relations haut-placées dans le monde entier: « Elle est bien misérable, la confiance du parent à l’égard de son enfant, lorsqu’il lui dit: ‘Tu feras ton chemin à l’aide de relations.’ Quel message lui envoie-t-il sur l’idée qu’il se fait de lui? De sa personnalité? De sa capacité à se créer des amis, des collègues, à se construire un chemin de vie… Où est l’estime, l’irremplaçable estime du parent, lorsqu’il parle à son enfant de ‘réseautage’? Il l’initie à la combine! Je ne peux imaginer regard plus humiliant. » (p.293)

« Le deuxième inconvénient touche à la facture faramineuse de certaines écoles privées. Combien de fois n’ai-je pas entendu ces mots: ‘Si je peux lui offrir cette chance que je n’ai pas eue, j’en fais volontiers le sacrifice.’ Du coup, la culpabilité change de camp. Ce n’est plus le parent qui se sent coupable d’éloigner son enfant. C’est l’enfant qui doit porter sur ses épaules ce que son écolage coûte à sa famille. » (p.293)

Le troisième concerne cette « ouverture au monde »: « Est-ce qu’elle ne soustrait pas l’élève à une vie de quartier? À un contact quotidien avec des enfants de toutes les origines sociales? Posons la question: de tout ce qu’une éducation doit apporter, s’il fallait choisir une qualité et une seule, laquelle faudrait-il retenir?  À mes yeux, ce serait la capacité de dialoguer avec tout un chacun. À l’écouter. À l’accepter autant qu’à se faire accepter de lui. J’y vois la qualité essentielle d’une réussite professionnelle et sociale, en un mot d’une vie. Bien sûr, on peut penser que, pour un enfant de chez nous, converser avec un Chinois ou un Russe est enrichissant. C’est indéniable. Mais je crois qu’il apprendra moins de son condisciple étranger avec lequel il partagera les mêmes goûts, les mêmes cercles, les mêmes préoccupations de privilégiés que d’une cohabitation avec des enfants de son quartier aux origines socio-économiques différentes des siennes.

Pour ma part, j’ai mis mes enfants à l’école publique. Sans hésitation. » (p.293-294)

Fin de l’article, qui laisse – il me semble – une large part à la réflexion et à l’échange d’arguments ou de contre-arguments.

La première partie de l’entrée ‘Internats chic‘ est ici et la deuxième .

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Merci les amis suisses 🙂

I comme internats chic (2)

suisse

Le vol du DC-6 de Swissair qui nous amenait, ma mère et moi, ce 3 février 1952, d’Istanbul à Genève, avec escales à Athènes et à Rome, était celui de la grande aventure: nouvelle vie, nouvelle école, celle qui apprendrait au yaramaz (en turc: turbulent) de sept ans et un jour à « être un homme » au pays des meilleures écoles du monde. La séparation s’annonçait sans horizon de retour, mais elle était « pour mon bien », et j’eus la bonne idée d’en être de suite convaincu. Le 5 du même mois, j’étais casé. La visite de l’école était balisée: des voisins d’Istanbul y avaient un fils, un rapide état des lieux convainquit ma mère de l’adéquation parfaite entre la prise en main que proposait l’école et celle dont j’avais grand besoin, et elle repartit sans moi.

Metin Arditi, Dictionnaire amoureux de la Suisse, Plon 2017, p. 290, Internats chic.

Ce passage fait la suite à celui-ci où il raconte sa découverte, dans l’avion, de ce que sa mère appelle « un thé suisse », et qui était du thé au lait. On peut lever un sourcil en pensant à cet enfant qui a tout juste sept ans et qui va être entièrement coupé des siens pour se retrouver ‘enfermé’ dans une école, fût-ce un internat suisse chic. Ce qu’il appelle « l’absence d’affect » (p.292).

J’intégrai une sorte d’arche de Noé où soixante internes originaires de vingt pays au moins se trouvaient à cohabiter pour les motifs les plus divers. Une constante helvétique fondait le choix de l’internat: les parents en attendaient une garantie de bonne tenue, avec discipline personnelle, respect de la hiérarchie, et – cerise sur le gâteau – un sens acquis de l’autonomie et une palette de talents sportifs et mondains. A ce fond s’ajoutaient des raisons particulières à chaque élève, dont le mélange faisait de l’internat une fratrie hétéroclite d’enfants de partout, chrétiens de toutes affiliations, juifs, musulmans, hindous, enfants de star de cinéma, rejetons d’industriels européens, futurs rois africains, garçons fruits d’amours secrètes, ou simplement gosses de riches ou de moins riches qui faisaient le sacrifice de la séparation et la vivaient comme le prix à payer du rêve, sincère et naïf, de voir leur fils recevoir une éducation à laquelle eux-mêmes n’avaient pas eu le privilège d’accéder.

Metin Arditi, Dictionnaire amoureux de la Suisse, Plon 2017, p. 290-291, Internats chic.

Comme je l’ai signalé dans mon billet de janvier dernier, il n’a pas choisi ce mode d’enseignement pour ses propres enfants, qu’il a inscrits à l’école publique. Non pour ce manque d’affect « loin des bras », mais à cause de « trois inconvénients, tous cachés et tous pervers » qu’il explique aux pages suivantes. (293-294)

Peut-être intéressant pour un troisième volet?

Premiers!

Bratislava cityscape view on the old town

Les destinations les plus « vertes » de notre planète, selon quelques critères qui aboutissent en gros à calculer le nombre de m² d’espaces verts par habitant, sont en numéro 1 Reykjavík, en 2 Auckland et en 3 Bratislava.

A quoi j’ajouterais que si on est véritablement écolo ou inquiet pour la planète, on ne prend plus l’avion, ce qui exclut le voyage en Nouvelle-Zélande et sans doute aussi l’Islande. 

Les villes belges du palmarès sont Anvers (33e) et Bruxelles (39e). Les françaises sont Marseille (une belle 11e place, ce qui est un peu mystérieux pour moi, faudra que j’aille y voir ;-)), Paris 45e et Lyon 47e.

La Suisse aussi y figure, bien sûr, avec Berne (8e) et Zurich (22e), ainsi que de nombreuses autres villes européennes, quatre aux Etats-Unis et une au Canada, Toronto (40e) 

Parmi les destinations européennes, il y en a où j’espère encore aller, Prague (6e) et Rome (7e). Berlin, où on sera cet été avec Monsieur Neveu, a la 18e place.

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menu déroulant à cliquer, avec le classement des 50 villes les plus vertes ici

source de l’article et de la photo ci-dessus (Bratislava) ici

O comme Ovomaltine

 

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Je ne sais pas comment les Suisses se sont débrouillés, pendant la guerre de 40-45, pour vendre de l’Ovomaltine à la Belgique occupée et la faire arriver jusque dans nos régions… mais si mon père, qui n’avait que douze ans en mai 40, a tout de même pris quelques centimètres entre le début et la fin de la guerre, c’est grâce au pain noir, aux rutabagas et à l’Ovomaltine. 

Trois choses auxquelles il n’a plus jamais voulu toucher le reste de sa vie, même quand le pain gris ou bis est revenu à la mode, le sien devait être blanc blanc. 

Or donc, le Dictionnaire amoureux de la Suisse m’apprend que l’Ovomaltine est un produit et une invention suisses. 

Comme disait mon logeur italien l’été dernier, ce sont des malins, les Suisses cool 

(…) la poudre à base d’orge et de malt que l’on boit dissoute dans un verre de lait. La boisson a été créée il y a plus de cent cinquante ans par un chimiste bernois, Georg Wander, dont le nom a longtemps eu des allures de sainteté. 

Metin Arditi, Dictionnaire amoureux de la Suisse, Plon 2017, page 406. 

I comme internats chic

– C’est un thé suisse, me dit ma mère en souriant, les yeux brillants. 

Je n’avais jamais rien goûté d’aussi suave. Chaude et moelleuse dans la bouche, finement parfumée, la boisson que m’offrait l’hôtesse de l’air était une surprise que ma mère semblait ravie de me voir découvrir. Debout à côté de son chariot, l’hôtesse acquiesçait à la définition du « thé suisse », souriait elle aussi de toutes ses dents, belle et blonde comme sur les réclames, avec des traits épais et doux, premier contact merveilleux avec ma future terre d’adoption, celle où tout était toujours propre, et dont à Istanbul chacun parlait avec un respect qui confinait à la timidité: sur les rives du Bosphore, Isviçre, la Suisse, avait la consonance d’un mot magique. Le thé suisse n’était rien d’autre que du thé au lait, bien sûr. 

Metin Arditi, Dictionnaire amoureux de la Suisse, Plon 2017, p. 289-290, Internats chic.

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C’est à Metin Arditi, un Suisse d’adoption comme il le dit dans l’extrait ci-dessus, qu’a été confiée la tâche de rédiger ce dictionnaire. Il le fait de façon très personnelle, en y insérant son vécu et de nombreux extraits de ses œuvres. Par exemple, cet extrait vient de « La chambre de Vincent« , un court récit autobiographique. D’autre part, il le fait de façon très « guide touristique », allant même jusqu’à proposer une bonne adresse où manger tongue-out 

source de la photo et information ici, chez Plon et merci aux amis suisses qui m’ont offert le livre kiss  

Suite de l’article « Internats chic » le mois prochain?

O comme or

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Il faudra que les Suisses trouvent rapidement une solution, sinon l’actualité va donner tort à Monsieur B&B (1) 

De quoi s’agit-il? Des eaux usées suisses: elles contiennent chaque année pour 3 millions de FS (ou 2,6 millions d’euro) d’or et d’argent. Ou si ça vous parle plus: 43 kilos d’or et 3 tonnes d’argent. 

Il y a des endroits, dit l’article, où la concentration dans les boues d’épuration est si élevée que ça vaudrait la peine de les recycler pour récupérer cet or. 

Pour ceux que ça intéresse, tout ça est bel et bien confirmé par les Suisses eux-mêmes: voyez ici

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(1) qui m’a entretenue, pendant plus d’une heure, dès qu’il a su que ma prochaine destination était la Suisse, de toutes les rancœurs qu’il a mis une vie à accumuler contre ce pays… 

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source article et photo ici

L comme Livre des Baltimore

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La canicule italienne a eu pour effet, en août dernier, que je n’ai eu aucun scrupule à passer mon temps « enfermée à lire un livre » (1) 

J’avais emporté une dizaine de gros pavés, parmi lesquels Le livre des Baltimore. J’avais tellement aimé La vérité sur l’Affaire Harry Quebert que j’avais envie de lire d’autres œuvres de Joël Dicker. 

On retrouve le même narrateur, Marcus Goldman. On retrouve donc aussi les Etats-Unis et sa société à la fois hypocrite et violente (2). Les deux livres sont découpés en flash-back et maintiennent un fort suspense jusqu’à la fin: enquête policière pour l’affaire Quebert, enquête sur le passé familial des Baltimore. 

J’ai beaucoup aimé ces deux livres et ce n’est certes pas parce que l’auteur est « beau gosse » (3) vu qu’aucun des deux livres n’a mis sa photo en quatrième de couverture. 

Je ne savais donc ni qu’il était jeune ni qu’il était suisse tongue-out Je savais juste qu’il a le talent d’écrire, de décrire finement divers milieux et de maintenir ses lecteurs en haleine, page après page.  

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(1) quoi? rouler tous ces kilomètres pour faire ce qu’on peut faire chez soi? 

(2) violences policières, violences dans les rapports humains en général, et en même temps un puritanisme qui fait nier ces violences…  

(3) comme le lui reproche Télérama

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source de la photo et lecture des premières pages ici

H comme heure

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Ce soir l’Adrienne retourne en pays wallon pour y assister une deuxième fois à un atelier d’écriture. 

Il y a quinze jours, chacun devait piocher une question dans le sachet qui faisait le tour de la table: « De quoi tu as peur? », « Qu’est-ce que tu attends? », « A quoi tu penses? », « Qu’est-ce qu’il y a? »… et avait trois minutes pour y répondre. 

Pour l’Adrienne, c’était « Quelle heure est-il? » 

C’est une question que je me pose rarement parce que je vis sans montre. La question que je me pose plutôt, c’est: quelle heure serait-il? J’aime deviner et vérifier que mon « horloge interne » fonctionne bien. Il y a toujours un clocher d’église, une enseigne de pharmacien, un fronton de gare ou tout autre moyen de le savoir. Alors on est puérilement content d’avoir visé juste. 

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Sauf parfois la nuit, quand on n’a pas envie d’ouvrir les yeux et qu’on se demande: Quelle heure serait-il? qu’on soulève péniblement les paupières pour vérifier le réveil et qu’on aimerait s’être trompé. 

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photo 1: été 2017, une montre suisse cool 

photo 2: mai 2017, une canicule belge (et la tour de la gare de Gand)

 

O comme ordre du monde

Je ne connaissais pas Metin Arditi. La quatrième de couverture le présente comme « un auteur francophone d’origine turque ». Une petite recherche internet me dit qu’il est Suisse, Genevois. 

On peut s’interroger sur cette différence de qualification. Sans doute que « francophone d’origine turque » est plus vendeur que Suisse. C’est comme ça, la francophonie, mais soit… 

L’enfant qui mesurait le monde : cliquez sur le lien pour lire l’article, je ne pourrais pas mieux dire. Aussi n’en dirai-je rien 😉 

On peut lire les premières pages du livre ici

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Je vous le conseille vivement