V comme vivre heureux

Aujourd’hui, dit Joe Krapov, nous poursuivons l’écriture de notre propre « Dictionnaire de la bonne humeur« .

Il nous demande de lister cinq noms de célébrités (auteurs-autrices, acteurs-actrices, chanteurs-chanteuses, personnages de fiction, de bandes dessinées, autres) qui nous mettent de bonne humeur, d’en choisir une ou deux et d’expliquer pourquoi ou comment leur existence nous réjouit.

– Fastoche! se dit l’Adrienne, qui voit surgir des noms en foule, le premier étant celui de l’ami Gaston Lagaffe.

Mais aussitôt elle se ravise: tant de fois déjà elle lui a consacré un billet! déclaré son amour!

– Mozart, alors, se dit-elle.

Mozart? Sans blague? Celui pour qui elle irait jusqu’à inventer la machine à remonter le temps, histoire de lui éviter sa mort prématurée?

(« Non, l’ami! pas touche à ces boulettes de porc! oui je sais que tu adores ça, mais crois-moi, pas aujourd’hui! pas celles-ci! » et voilà, le tour est joué, il peut encore composer des tas d’œuvres possiblement encore plus géniales)

Soupir.

Tous ceux qui la rendent heureuse, par leur musique, leur humour, leur présence passée ou présente, les amis, les anciens élèves, les grands-parents, la Tantine… tous ont déjà eu largement leur place ici et il en sera sûrement encore question.

Même Jean-Luc Fonck 🙂

Alors le billet se termine ainsi, avec un mot de gratitude pour tous ces gens-là, porteurs de bonheur, et pour Joe Krapov, qui nous permet de faire la consigne de manière scrupuleuse ou de la faire comme nous voulons 😉

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photo prise à Ostende, cabine de plage 🙂

F comme fan!

Les parents consternés étaient assis face à monsieur H*rb**rt, l’instituteur de leur fils :

– Il faudrait qu’il lise, disait-il. Il est intelligent mais il n’apprend pas ses leçons. Et il ne lit pas.

Il le leur a encore bien répété quand ils ont pris congé de lui, croyant sans doute que si le goût de la lecture venait, celui des études suivrait :

– Il faudrait qu’il lise !

Qu’il lise, oui. Mais quoi ? La seule lecture qui intéresse cet enfant, c’est le résumé en quelques chiffres de la carrière des footballeurs de division 1 belge, dans ses albums Panini. Il est incollable sur leur taille, leur poids, le nombre de buts marqués et les divers clubs par lesquels ils sont passés.

Le père ayant grandi avec les albums de Tintin, la mère avec la Semaine de Suzette, c’est donc tout naturellement qu’ils ont fondé leurs espoirs dans la BD. Ils ont acheté une grande armoire laquée de jaune et elle s’est rapidement remplie de tout ce qu’il y avait sur le marché : Michel Vaillant, Gaston Lagaffe, Astérix et Obélix, Lucky Luke, Spirou et Fantasio, Boule et Bill, Tif et Tondu, Blake et Mortimer, Yoko Tsuno, Les Tuniques bleues, Benoît Brisefer, Blueberry, l’Agent 212, Achille Talon, Johan et Pirlouit, les Schtroumpfs, le Marsupilami (liste non exhaustive) et bien sûr le journal Pilote ainsi que tous les albums de Spirou et de Tintin.

Ceux qui dévoraient toutes ces saines lectures avec délectation, c’étaient le père et la grande sœur : ce n’est rien de dire qu’ils étaient à la fête 🙂

Peu à peu leur langage familial s’est enrichi de mots et de petites phrases sortant tout droit de leurs albums préférés, à commencer par le M’enfin ! de Gaston. Ils ne disaient plus ‘le thé’ mais ‘de la chaude eau’. Ils ne disaient plus ‘là, c’est stationnement interdit’ mais ‘sucette géante!’. Tout repas copieux recevait l’exclamation ‘c’est frugal’, tout avis différent recevait un ‘ils sont fous ces Romains’, tout ronchon devenait scrogneugneu.

Les injures du capitaine Haddock étaient des cadeaux du ciel grâce à leur inépuisable variété et leur forte expressivité, tout en restant parfaitement innocentes. Ils ne s’en privaient pas!

Seul le rongtudju de Prunelle était interdit par la mère, ce qui lui donnait évidemment une saveur supplémentaire.

– Mais si ! Je peux le dire ! Puisque c’est dans le livre ! affirmait le petit frère de son air le plus candide.

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Texte écrit pour le Défi 736 où Walrus – merci à lui – proposait le mot scrogneugneu.

W comme Wavrin

C’est comme « tintinophile » et comme visiteuse de la Cinematek de Bruxelles que l’Adrienne a rencontré deux fois au moins le nom du marquis de Wavrin (1888-1971), et plus elle se renseigne sur ce monsieur, plus elle le trouve exceptionnel et fascinant.

Bref, si vous avez deux minutes, lisez sa bio sur wikisaitout 🙂

Un peu plus d’explications sur le film ici:

B comme Bruxelles-Toulouse

Quand en 2017 l’Adrienne a vu ce dessin d’Hergé à l’expo qui lui était consacrée, elle n’en a pas saisi la portée: Bruxelles-Toulouse et retour, à l’automne 1940?

Ce n’est que tout récemment qu’elle a établi le lien avec des faits historiques qui ont touché plus de 300 000 jeunes hommes, jeunes garçons principalement, au lendemain de l’invasion allemande.

Après le 10 mai 1940, les jeunes gens de 16 à 35 ans qui n’avaient pas fait de service militaire ont été enjoints de quitter immédiatement leur foyer pour se rendre par leurs propres moyens dans des centres de recrutement de l’armée belge.

Les chercheurs évaluent à 300 000 le nombre qui a pris la route, donc quasiment tous les appelés, souvent à pied ou à vélo, seuls ou en petits groupes du même village, du mouvement scout…

Des gamins pour la plupart, emportant juste, comme on le leur avait dit, une couverture, un peu de linge et de la nourriture pour 48 heures. Des gamins qui n’avaient souvent pas encore quitté leur province, ni pris le train et beaucoup n’avaient jamais vu la mer.

L’avancée de l’armée allemande a cependant été si rapide, que rien n’était prévu pour les accueillir si massivement, en plus du flot de réfugiés. Comment trouver à se loger, à manger, à boire, à se laver? Toujours ils étaient envoyés plus loin, toujours ils devaient se débrouiller seuls. Après Courtrai, Roulers, Ypres et Poperinge, ils ont été envoyés en direction de la France.

C’est là qu’un grand nombre d’entre eux s’est retrouvé pris entre deux feux. Plus de trois cents sont morts sur les routes belges ou françaises, lors de bombardements par les stukas. Ceux qui ont réussi à passer la Somme à temps ont été envoyés à Rouen, où ils ont été obligés d’abandonner sur place leur précieux vélo. Pour continuer en train à bestiaux, jusqu’à soixante par wagon prévu pour quarante, en direction de Toulouse.

Quand les combats ont cessé, il a encore fallu de nombreuses semaines pour organiser leur rapatriement.

D’où le lien avec le dessin d’Hergé: les derniers ont retrouvé leur foyer en septembre.

Karel Strobbe, Pieter Serrien, Hans Boers, Van onze jongens geen nieuws. De dwaaltocht van 300.000 Belgische rekruten aan het begin van de Tweede Wereldoorlog, éd. Manteau, 2015, 357 p. (traduction du titre: Pas de nouvelles de nos garçons. L’odyssée de 300 000 recrues belges au début de la deuxième guerre mondiale)

Sur la photo choisie pour la couverture du livre, on en voit devant leur baraquement. Sur le mur ils ont écrit: « Wij willen terug naar België« , nous voulons rentrer en Belgique. Remarquez leur tenue: chemise, cravate… Pour cette équipée, ils avaient pour la plupart mis leur « costume du dimanche », croyant que dès la première ville où ils devaient se rendre, on leur donnerait leurs habits militaires…

Allez donc faire, comme ce gamin de Chênée, près de Liège, 130 km à pied avec vos chaussures du dimanche. Puis 225 km à vélo, pour essayer de garder une petite avance sur les panzers allemands. Et enfin 1600 km en train jusqu’à Nîmes.

Adrienne et Georges

Je suis la première épouse.
Nous étions bien jeunes quand nous nous sommes rencontrés. Vingt ans!
Nous avions vingt ans et un petit boulot de rien du tout…

Quand l’aventure du Petit Vingtième a commencé, j’ai assisté à tout, depuis la naissance des personnages jusqu’aux terribles crises d’anxiété de leur créateur.

Oui, c’était un grand angoissé qu’il fallait rassurer, épauler, aider…
Il avait raison de ne pas vouloir d’enfant, il était mon enfant.

J’ai tout fait pour l’aider, les retouches, l’encrage, le lettrage…
Je n’aurais pas eu le temps de m’occuper de mes enfants, c’est vrai.

Mais toutes les nuits je me vois petite fille au milieu de la foule qu’il a créée et j’ai de grandes conversations avec les enfants. Uniquement avec les enfants.
Ceux qui ont reçu un nom et ceux qui n’en ont pas.

Je discute avec Coco, le petit boy et Zorrino, l’enfant quechua. Avec Lobsang, le jeune moine tibétain. Avec la petite gitane Miarka. Il m’arrive même de rire et de plaisanter avec ces deux vauriens de Laszlo Carreidas et Abdallah.

Mais le plus souvent je reste aux côtés du petit garçon à casquette. Il tient la main de sa grande sœur et me regarde si intensément.

Il m’en a fallu du temps pour comprendre que c’est moi, la grande sœur.

Merci à Joe Krapov pour ses consignes – les œuvres choisies sont d’Hergé, photos prises à l’expo Hergé à Paris le 4 janvier 2017 – en savoir plus sur la première épouse ici.

Racontez le personnage du premier tableau : qui il est, ses petites habitudes, ses jeux préférés, son caractère, s’il vit tout seul ou non, etc. Le second tableau représente le rêve ou le cauchemar que le personnage du premier tableau fait toutes les nuits. Racontez ce rêve et ce qui va se passer pour le rêveur, comment son rêve agit sur lui et l’incite à dire ou faire des choses et quelles choses.

K comme krapoverie

Mains dans les poches et sourcils froncés, Augustin les regardait:

– Cette affaire ne sent pas bon. Moi, j’aurais un oncle en Amérique? Qui aurait fait fortune dans le tabac à pipes et les cigares? Non, j’y crois pas!

Jugnot et Jugneau souriaient béatement sous leur moustache:

– Je vous assure! dit l’un.
– Je vous assure aussi! dit l’autre.
– C’est votre bonne étoile, sans aucun doute! ajouta l’un.
– C’est sans aucun doute votre bonne étoile! refit son écho.
– Et pourquoi cette mystérieuse parenté serait restée secrète jusqu’à aujourd’hui? Non, j’y crois pas.

Il alla faire un tour dans le parc pour réfléchir à l’aise.
– Ces deux-là me cassent les oreilles avec cette histoire… Pourquoi mes parents auraient-ils tenu secret qu’ils avaient un frère? Une tante au Congo, oui, mais un frère en Amérique? Non, j’y crois pas.

Pendant ce temps-là, Jugnot et Jugneau complotaient:

– Tu crois que ça va marcher pour l’embarquer dans cette affaire?
– Mais bien sûr! Un type qui croit qu’on a marché sur la lune!

***

écrit selon les consignes de Joe Krapov (merci Mister Krapov!) à l’aide des réalisations de l’artiste Ludo D. Rodriguez et de mots à piocher au choix parmi:

Affaire  – Amérique – Autocar – Bijoux – Boule de cristal – Casser les oreilles  – Cigares  – Congo – Crabe  – Étoile  – Île – Licorne – Lotus – Mystérieuse – Objectif – On a marché sur la Lune – Pharaon – Sceptre  – Secret  – Temple – Tibet – Trésor  – Vol 714.

E comme Excuse my french!

source ici

Quand un valet de pied tendit le plateau d’argent devant sir Archibald, celui-ci explosa :

– Jellyfish ! Abalone ! Sea gherkin ! Nitwit ! Scoundrel ! Bragger ! Pinhead ! Pickled herring ! Swab ! Nincompoop ! Freebooter ! Dizzard ! Black beetle !

On tentait en effet de lui proposer un whisky allongé d’eau et de glaçons.

Son explosion de colère passée, il se tourna vers l’ambassadeur de Syldavie et lui dit de son air le plus mondain, en pinçant les lèvres: « Excuse my french ».

Car il avait promis à son ami de bien se tenir.

***

écrit pour le Défi du samedi 649 où Walrus – merci à lui – proposait le mot abalone.

Les injures du Capitaine sont les traductions anglaises qu’on peut trouver ici.

Et « Excuse my french » – ou: « Pardon my french » – se dit en anglais quand on veut faire passer ses gros mots pour des mots français.

Pour les fans de Tintin, la photo d’illustration et d’autres ici. Et surtout le portfolio ici!

M comme De Moor

De toute la série « Le confinement vu par Johan De Moor« , il ne fallait pas rater cet exemplaire-ci 🙂

Pour bien le comprendre, il faut savoir qu’en Belgique les salons de coiffure n’ouvriront que le lundi 18 mai.

Ce qui fait que l’Adrienne a eu le temps de passer de la coupe courte à la coiffure au carré… et que chacun se débrouille comme il peut, y compris Tintin 🙂

A sa vitrine, la coiffeuse de l’Adrienne a placardé un texte dans lequel elle déclare qu’elle n’est pas du tout d’accord avec les décisions du gouvernement concernant les coiffeurs. Mais il est difficile d’en conclure si elle trouve les mesures trop sévères ou pas assez.

Probablement les deux à la fois 🙂

Pour voir les autres dessins de la série, c’est . Ils sont très réussis!

La source de l’image est ici.

Johan De Moor a réalisé la fresque ci-dessous qu’on peut voir à Bruxelles (Saint-Gilles, place Horta) et ici.

lombard 02

Adrienne parle aux objets

Vous l’aurez remarqué, ce qui fleurit le mieux, c’est l’humour au temps du corona et c’est très bien. 

Une des petites phrases rencontrées au tout début du confinement disait que parler aux objets, quand on est seul à être confiné, c’est tout à fait normal.

Que ça ne devient inquiétant que si les objets vous répondent.

L’Adrienne parle aux objets depuis toujours. Ça commence même dès le matin, comme dans ce poème de Paul Van Ostaijen, Marc groet ‘s morgens de dingen (Le matin, Marc dit bonjour aux choses) que tous les petits enfants apprennent par cœur à l’école.

En tout cas les petits enfants du temps où l’Adrienne l’était 😉

Dag ventje met de fiets op de vaas met de bloem

ploem ploem
dag stoel naast de tafel
dag brood op de tafel
dag visserke-vis met de pijp
en
dag visserke-vis met de pet
pet en pijp
van het visserke-vis
goeiendag
Daa-ag vis
dag lieve vis
dag klein visselijn mijn
Par bonheur, jusqu’à présent, aucun objet ne lui a répondu 🙂
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source de l’image ici et des vidéos d’humour belge au temps du corona à voir ici:

https://www.rtbf.be/embed/m?id=2617291&autoplay=0

merci à Joe Krapov pour sa consigne: Les objets confinés se confient

C’est entendu, vous êtes confiné·e chez vous. Mais vous n’êtes pas seul·e. Tous les objets qui vous entourent le sont eux aussi et depuis plus longtemps que vous. Faites-les parler ! Que peuvent nous raconter votre réfrigérateur, le fétiche arumbaya à l’oreille cassée offert par votre oncle Augustin, le miroir magique, le canapé ou la pendule du salon, l’étagère à rouleaux de papier hygiénique (non, quand même pas !) à propos de votre maison, de leur propre vie et de votre tournage en rond « sous leurs yeux » ? Objets inanimés, avez vous donc une âme ? La réponse, cette semaine, sera définitivement « oui »!