B comme Bruxelles et Babelio

Ce vendredi premier mars, un cadeau dans ma boîte aux lettres, Bruxelles Omnibus de Patrick Weber, dont voici le résumé de l’éditeur:

Place forte seigneuriale, ville sœur de Madrid et de Vienne sous le règne des Habsbourg, capitale d’un royaume et de l’Union européenne, Bruxelles est l’une des plus anciennes cités d’Europe. L’une de celles qui a aussi le plus souvent changé de visage au cours de son histoire et des dominations successives (Bourgogne, Espagne, Autriche, France, Pays-Bas…). […]

Comme dans Métronome, le best-seller de Lorànt Deutsch, Patrick Weber nous fait découvrir tous ces trésors à travers les arrêts des métros, bus et trams de Bruxelles. Autant de noms – parfois pittoresques – dont la signification nous est souvent inconnue : Heysel, Maison d’Érasme, Jeu de Balle, Cage aux Ours, Petit Sablon, Porte de Hal, Botanique, Étangs d’Ixelles, Abbaye, Vert Chasseur, Vivier d’Oie…

Au fil de ses découvertes, Patrick Weber nous emmène sur les traces du grand humaniste Érasme, raconte la naissance de l’hôtel des Monnaies, ressuscite les heures glorieuses de l’abbaye de La Cambre et marche sur les pas des guerriers qui défendaient la prestigieuse porte de Hal. Sur la Grand-Place, il revient sur l’exécution des comtes d’Egmont et de Hornes, tandis que, de passage au Cinquantenaire, il retrace les grands rêves urbanistiques de Léopold II qui s’était mis en tête de concevoir la plus belle arcade d’Europe.

Envie de lire les premières pages? c’est ici 🙂
L’article du Vif (voir le commentaire de Walrus) est ici.

 

Wagon de train

18-07-16 (4) Köln

Le premier problème a eu lieu alors qu’on n’était encore qu’à Cologne mais on ne s’en est pas alarmé: où n’y a-t-il jamais de retard ou d’autre pépin?

A Hanovre, le train est resté à l’arrêt en gare. Longtemps. Sans explication. Mais comme on n’avait plus de changement jusqu’à Berlin, on ne s’en est pas inquiété.

Peu avant Berlin, une voix au micro annonce que vu le retard, les gens rateront leur correspondance. Point barre. On a trouvé ça fort cavalier mais par bonheur ça ne nous concernait pas.

***

Au départ de Berlin, le train n’arrive pas. Au bout d’une heure, il en arrive un autre. On nous intime l’ordre d’y monter mais entre Berlin-Hauptbahnhof et Berlin-Spandau un contrôleur chez qui on se renseigne dit qu’on n’a qu’à descendre à Spandau et faire un rebooking. Pour 30 euro par personne. Un autre à qui on demande à quelle heure ce train arrivera à Cologne se met à vociférer que ce n’est pas sa faute si notre train est en panne et qu’on aille se faire voir. On l’avait pourtant abordé avec gentillesse et délicatesse, dans notre meilleur allemand. Et qu’on n’avait qu’à venir en voiture.

On finit par arriver à Cologne. Au lieu d’avoir eu les places réservées, on a dû rester debout. Ou s’asseoir par terre. Comme dit monsieur Neveu, « on est vermoulus » (1).

A Cologne, on doit avoir le train pour Aix-la-Chapelle, qui continue sur Liège et Bruxelles. Il a une heure de retard. Puis reste encore vingt minutes en gare. A quelle heure serons-nous à Bruxelles? demande timidement l’Adrienne, qui n’en peut plus de se faire agresser verbalement par tout ce qui est Allemand. Vu qu’on a 80 minutes de retard, aboie le contrôleur, vous arriverez 80 minutes plus tard que prévu.

Ce qui veut dire qu’on n’aura plus de train pour rentrer à la maison. Heureusement, gentille amie nous attend à la gare. Il est 22.30 h.

***

(1) on lui a expliqué que ça s’utilisait pour les objets en bois rongés par les vers mais il prétend qu’il a appris cette expression de Belmondo 😉

Photo prise à la gare de Cologne le 16 juillet.

 

N comme noces

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Elle part. Dans sa petite robe blanche volantée qui lui va si bien. Elle a posé son sac de voyage à terre, même s’il n’est pas bien lourd: quelques affaires de toilette, de vertigineux escarpins dorés et la merveilleuse robe longue, une folie! Mais il fallait bien ça pour briller au mariage de la cousine Sophie.

Car oui, contre toute attente, Sophie se mariait. Celle qui avait toujours été un garçon manqué. L’allure virile. Sport intensif. Ceinture noire de judo. Jamais on ne l’avait vue en jupe. Elle se mariait la première. Porterait-elle une robe à son mariage? 

Il y aura les oncles et les tantes aussi, bien sûr. Celle qui pose des questions perfides. Celui qui aime tripoter les jeunes filles. Il faudra qu’elle réponde des tas de fois aux questions sur son âge. Sur ce qu’elle fait, là-bas, pourquoi elle y reste toute seule, pourquoi une si jolie fille ne trouve pas de mari. Il faudra qu’elle se tienne loin de l’oncle, surtout quand il aura bu. Parce qu’il aura bu, bien sûr.

Il y aura les cousins. Celui qui est ingénieur et gagne si bien sa vie. Celui qui a épousé une jeune fille de la noblesse. Même celui qui est reporter et toujours à parcourir le globe. Ils seront tous là, jeunes, beaux, détendus, sûrs d’eux. 

Elle sent déjà sur elle les regards condescendants.

Elle laisse repartir le train. Le regarde s’éloigner.

Elle est soulagée.

Elle ne part pas.

***

Tableau et consignes chez Lakévio, que je remercie: Elle part ! Peut-être en week-end, peut-être en vacances ? Ou juste au bal du 14 juillet… Votre avis, lundi !

Wagon de train

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Le jeudi 27 mars 2008
des gens sont morts, des gens sont nés, 

en France les lycéens et les profs manifestaient contre les suppressions de postes 

tongue-out déjà? ô ironie tongue-out 

et un premier train est parti de chez l’Adrienne. 

Elle ne savait pas grand-chose: 

qui la lirait – combien de billets elle écrirait – de quoi elle parlerait 

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3535 billets plus tard 

– hé non, elle n’a pas réussi à en faire un par jour – 

voici le 116e wagon de train  

pour vous dire

un grand merci à vous tous! 

*** 

photo 1, Bruxelles, gare du Nord, mars 2018 

photo 2, les mains de notre bien-aimé chef de chœur, février 2018

T comme tirer sur la corde

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Si tu tires trop sur la corde, elle se rompt. Tout est affaire de mesure, d’équilibre, ni trop ni trop peu. 

C’est sans doute pour ça que le cappuccino a été inventé – tout son secret réside dans le bon dosage – et les bancs pour se reposer. 

A ce moment-là sur le quai désert apparaît un homme. Il est jeune, très grand, très maigre. Et très noir. 

– Vous n’auriez pas un euro pour manger? 

L’Adrienne a envie de le chasser comme une mouche importune. Un euro pour manger? Ça se mange, les euros? 

On croit être maître de ses pensées, or on ne l’est pas. Dans la tête de l’Adrienne passent en une fraction de secondes des images d’Afrique – où elle n’a jamais mis les pieds – de mère et de grand-mère là-bas qui espèrent que le gamin a traversé la mer sain et sauf et qu’il est arrivé au pays où coule le miel. 

– C’est vrai ce que vous dites, un euro pour manger? dit-elle à ce jeune homme, question plus idiote et plus maladroitement formulée encore, et sans aucune excuse de langue ou d’origine. 

Alors pour ce funambule coincé dans cette gare entre un avant et un après tout aussi incertains l’un que l’autre, elle vide son porte-monnaie. 

Ne lui faites pas compliment de sa générosité: il ne contenait presque rien. 

*** 

texte en retard pour le Défi du samedi

B comme Bruxelles ma belle

Il paraît qu’il ne faisait que 2° cette nuit-là, entre une heure et trois heures du matin, pendant l’enregistrement de la chanson et le tournage de la vidéo ci-dessus. 

Mais c’est bien joli, la gare Centrale la nuit… 

et sur le site Bruxelles ma belle vous pourrez voir quantité d’autres artistes qui ont investi autant de lieux bruxellois différents.

W comme wagon de train

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Nous étions loin de l’été mais dans le Midi un joli printemps fleuri était déjà bien installé. Quand on nous a annoncé « Narbonneuh! Narbonneuh! Tout le monde descend! » nous avons pu prendre le petit déjeuner à de longues tables installées au soleil. 

Depuis ce jour-là, nous n’avons plus dit autrement le nom de cette ville qu’en imitant l’accent de l’homme qui nous y a accueillis. 

Nous avions passé la nuit dans le train, compartiment couchettes pour six personnes que nous occupions à cinq parce qu’il était impensable que grand-mère Adrienne quitte sa maison. 

La voiture paternelle avait été remisée dans un wagon ad hoc et récupérée dans l’Aude… pour aller où? Je ne sais plus! 

C’est bien un comble de se souvenir de tous les détails du voyage en train – par exemple dans quel ordre nous nous étions déshabillés et couchés pour que l’intimité de chacun soit préservée au maximum, qui avait quelle couchette et qu’il y avait du papier blanc sur la table du petit déjeuner – mais de ne pas se souvenir de la véritable destination du voyage. 

Une chose est sûre, ce n’était pas l’Aude et après le petit déjeuner pris au soleil, nous avons tout de suite quitté Narbonneuh.

le bilan du 20

wagon de train

Comment est-ce possible, s’énerve l’Adrienne depuis huit jours, comment est-ce possible d’avoir écrit à peu près 120 billets sous le libellé « wagon de train » et de ne pas réussir à produire la moindre petite bafouille pour le Défi du Samedi d’aujourd’hui! 

Comment est-ce possible d’avoir pris le train en Roumanie, en Lituanie, en Italie, en France, aux Pays-Bas, le train pour Ostende, Bruxelles, Liège, Gand, Louvain, Mons, Eupen… et de ne rien trouver à dire cette fois-ci? 

Les trains dans la peinture, les trains dans la littérature, et là rien. 

Des photos de toutes les gares où elle est passée, au Mans, à Montparnasse, Asciano, Malaga, Amsterdam, Bruxelles Nord, Centrale ou Midi: rien! 

Des considérations sur les gens et leur portable – comme sur cet homme qui en avait trois – leur lecture, leur bébé, leur tentative de maquillage – se faire un beau trait à l’eye liner pendant les secousses – mais cette semaine, rien. 

Des observations sur les supporters de foot allemands, les petits Anglais en tournée de cimetières 14-18, les Japonais entre leur visite de Bruges et Bruxelles, les étonnements de l’amie roumaine en Belgique pour la première fois: rien de neuf. 

Rien non plus sur les contrôleurs patients et polyglottes, les conducteurs dont c’est le dernier trajet avant la retraite, les wagons réservés pour la sortie scolaire, les rencontres inattendues, le contrôle social ou les adieux sur les quais. 

RIEN. 

***

Et le comble, vous savez ce que c’est? 

Que le tout premier billet de ce blog, c’était un « wagon de train« ! 

photo prise à Ostende, la dernière gare vue en 2017, cachée par le Mercator

 

Z comme zomerhuis

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Quand elle monte dans le train, elle dépose son sac à main, son écharpe, son smartphone, sa veste, son sac à dos, son livre. 

Herman Koch, Zomerhuis met zwembad, note l’Adrienne, qui aime toujours voir ce que les autres lisent. 

Elle prend son smartphone, se met à tapoter l’écran et donne des coups de fil. 

Ça permet à l’Adrienne de savoir non seulement ce qu’elle lit, mais aussi de connaître sa vie, sa situation familiale et professionnelle, ses amitiés et inimitiés, ses projets pour le week-end. 

La vie privée est décidément un concept totalement dépassé, se dit l’Adrienne en essayant de ne plus entendre ces pans de vie jetés à voix haute dans le compartiment. 

Et voilà un livre qui n’est pas près d’être lu…

E comme Eupen

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C’est long, le train jusqu’à Eupen. Surtout si le livre est lu, le casse-croûte avalé, la nuit tombée. On ne peut même plus admirer le paysage. 

Le jeune homme à côté de l’Adrienne lit Tiens ferme ta couronne pendant que son ami, assis en face, feuillette le Guide bleu Belgique et en lit des passages à haute voix. On comprend qu’ils ont visité Bruges mais on ne voit pas l’intérêt de cette lecture après coup: pour chacune des « curiosités » recommandées, ils se demandent s’ils l’ont vue ou pas… 

Ils descendent à Liège en emportant soigneusement tous les restes de leur repas, deux pommes, deux poires, du pain bio, un bloc de fromage de Bruges. 

Eupen. Terminus. Depuis Verviers, il ne reste plus qu’un groupe d’hommes dans le wagon. Ils se quittent en se donnant de viriles accolades accompagnées de fortes tapes dans le dos. 

Le rituel est amusant à voir mais on se dit qu’il faut être de construction solide, quand on a des amis germano-belges tongue-out