
La ville avait décidé que le centre historique deviendrait piétonnier mais le soir l’endroit était bien mort, bien désert: sans commerces, sans cafés ni restaurants, sans touristes.
L’unique passant s’effrayait du bruit de ses propres pas sur les pavés et de leur écho le long des hauts murs de pierre.
Les gens restaient tous derrière leurs volets clos dès que la nuit tombait.
Clos et silencieux.
Il n’y avait qu’une seule exception: une belle demeure ancienne, du côté de l’église gothique, était toujours richement éclairée et par ses volets ouverts, toute une partie de la rue s’en trouvait illuminée.
Marie y passait chaque soir et s’y arrêtait un moment.
On pouvait généralement entendre de la musique: du piano, du violoncelle, parfois accompagnés d’un violon.
Comme ça provenait de l’étage, il était impossible de voir qui jouait.
Elle aurait bien aimé savoir.
Elle attendait un moment mais jamais elle n’a pu apercevoir une silhouette ni distinguer le son d’une voix masculine ou féminine.
Puis un jour ces volets-là aussi sont restés fermés et la maison silencieuse.
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Photo de Fred Hedin pour l’atelier 424 de Bricabook et un zeugme final pas franchement réussi mais que je laisse quand même 😉
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Pour ceux qui préfèrent un autre style de chute, on pourrait imaginer ceci:
Puis un jour ces volets-là aussi sont restés fermés et ne laissaient plus filtrer que la faible lueur de deux ou trois bougies.
– Tiens, s’est dit Marie, ils ont subi le choc de la facture d’électricité!
(avouez que celle-ci s’imposait :-))