C’était un jeu qu’il croyait innocent et qui l’amusait beaucoup. Au hasard des rues, il choisissait une femme et décidait de la suivre. Ce jour-là, il avait jeté son dévolu sur une robe blanche à pois verts. Il la suivait dans l’ombre chaude de cet après-midi d’août, d’abord en évitant les taches de soleil, restant à distance respectueuse. Comme toujours, il avait quelque chose en main, livre, parapluie, pull-over, journal, qui lui semblait utile pour lui servir de camouflage. Ce jour-là, c’était un magazine auto.
Jamais il n’avait suivi un couple, un homme ou un enfant. C’était venu comme ça. Il ne se posait pas de questions. Décidait sur base d’un vêtement, d’une couleur, d’une allure. Il ne prenait pas les plus jolies ni les plus jeunes. Sa filature n’était pas un hommage à la beauté. Ménagère revenant du marché le cabas à la main, promeneuse solitaire, ouvrière rentrant chez elle. Cette limite d’âge qu’il s’imposait le persuadait qu’il était à l’abri de toute poursuite judiciaire. Il ne franchissait pas certaines frontières de la bienséance, du moins il le pensait.
Inconsciemment, il s’amuse à leur faire peur. Après une première filature discrète, où le jeu consiste à ne pas se faire remarquer, il passe à l’étape suivante: faire sentir à la personne qu’elle est suivie, d’abord subtilement, puis de manière de plus en plus présente, agressive. Il peut y passer la journée. En ce mois d’août accablant de chaleur et infesté de mouches, à cause des détritus restés dans les rues depuis plusieurs jours, la filature est plus difficile. Donc d’autant plus excitante.
Rentré chez lui, il s’installe dans son fauteuil et note tout dans un petit carnet. La description minutieuse de la femme, du parcours emprunté, tous les détails de la filature. Il n’a aucune idée à quoi ça lui servira. Puis il dort comme un bienheureux, comme un gros poupon, couché sur le ventre, les bras et les genoux repliés, les mains sous le menton, comme s’il voulait sucer son pouce.
Pour lui, il n’y a aucun double sens, aucun « hidden agenda« , aucune duplicité. Une dizaine de carnets se trouvent déjà dans un tiroir du bureau. Il ne les relit jamais. Il note, il consigne, puis le referme avec un léger soupir de satisfaction, comme pour une tâche difficile qu’il a fallu mener à bien.
***
F comme filature ou F comme fiction, bien évidemment
Une robe blanche à pois verts?
C’était Cerise de Groupama, non? 😉
J’aimeJ’aime
Mais non, c’est la marsupilamie qui a pris un bain d’eau de Javel, Célestine.
J’aimeJ’aime
S’il habite Mons et qu’on en retrouve une répartie dans des sacs poubelles, il ferait bien de brûler ses carnets…
J’aimeJ’aime
chère Célestine, chers amis français,
il arrive souvent que nos références culturelles ne soient pas les mêmes (voyez par exemple tout récemment le nom de Nafitassou Diallo qui pour moi ne me faisait pas du tout penser à DSK)
alors vous comprenez, les pubs françaises, je ne les connais pas non plus
merci de votre compréhension
Adrienne
la marsupilamie je connais, Walrus 😉
(mais tu vois, même Mons, c’est déjà l’étranger ;-))
bonne journée!
J’aimeJ’aime
Bon, disons Bergen alors 🙂
J’aimeJ’aime
Très bien, Walrus 😉 mais je suppose que tu voulais dire qu’il y a (ou qu’il y a eu) un dépeceur de femmes dans ce secteur?
J’aimeJ’aime
Oui, c’était fin des années 90, on n’a jamais résolu l’affaire (et il n’y a d’ailleurs aucune certitude que les cinq crimes aient eu le même auteur, on l’a supposé à cause de similitudes).
J’aimeJ’aime
ah oui!
merci pour l’info, Walrus, bonne soirée, bon week-end!
J’aimeJ’aime
Certains vont à la chasse pour pister le gibier d autres suivent les femmes. Imagines toi la peur qu elles doivent ressentir!
Amicalement Adrienne
Latil
J’aimeJ’aime
j’imagine, Latil! mais bien sûr, ceci est une fiction!
merci à toi et bonne soirée!
J’aimeJ’aime
Fiction, sans doute, mais ton texte m’a fait froid dans le dos!!!
Biz,
lulu
J’aimeJ’aime
c’est un peu le but, Lulu 😉
merci et bonne journée!
J’aimeJ’aime
Fiction mais si réaliste ! J’ai été suivie (il y a longtemps) par un jeune homme dans les rues d’Annecy.
Je pense qu’il s’amusait bien quant à moi j’ai eu très peur. Pour m’en débarrasser je suis rentrée au Conservatoire de musique… Il a fini par partir !!
J’aimeJ’aime
hé oui, Brigou, c’est parce que ces choses existent qu’on peut en faire une fiction 🙂
merci de ce témoignage et bonne journée!
J’aimeJ’aime
Je me suis fait suivre à Leuven (c’était il y a trèèèèèèèèès longtemps, j’étais encore jeune et jolie et mince 🙂 ), je me suis dirigée vers le commissariat de police, il s’est volatilisé! 🙂
Mais il devait vraiment ne pas être discret du tout, car sinon je crois qu’il me faudrait des heures avant de constater qu’on me suit…
J’aimeJ’aime
on finit par s’en rendre compte, Lulu, ce sont des amateurs, tout de même 😉
J’aimeJ’aime
un collectionneur précis, il pourrait tout aussi bien attraper des insectes ou faire un herbier. Il pourrait être précieux dans des enquêtes.. un peu inquiétant quand même , ce pourrait être un début de polar
J’aimeJ’aime
un collectionneur précis, il pourrait tout aussi bien attraper des insectes ou faire un herbier. Il pourrait être précieux dans des enquêtes.. un peu inquiétant quand même , ce pourrait être un début de polar
J’aimeJ’aime