Y a pas qu’à Venise, vous direz-vous en voyant l’image de la vidéo ci-dessus, que des paquebots trop gros viennent faire des trucs hasardeux (euphémisme).
Couper l’isthme de Corinthe pour y faire passer les navires par un canal est un travail qui n’a été réalisé qu’à la fin du 19e siècle – la grande époque aussi de Suez et Panama – mais c’est une chose dont on rêve depuis l’Antiquité.
Non, ils n’étaient pas fous, les Romains 😉 et les Grecs non plus.
Malheureusement les Grecs avaient la mauvaise idée de consulter la Pythie pour tout et rien et il leur a semblé qu’elle le leur déconseillait. (1)
Et les Romains avaient toujours ici ou là d’autres urgences, comme des irréductibles à mater et des empereurs à trucider.
Pour ceux que ça intéresse, un bon article sur les Tentatives de percement dans l’Antiquité, où vous pourrez lire que Néron lui-même a donné le premier coup de pelle.
En or, bien sûr 😉
***
(1) raconté par Hérodote, Livre I: chapitre CLXXIV.
Les Cariens furent réduits en servitude par Harpage, sans avoir rien fait de mémorable. Ils ne furent pas les seuls. Tous les Grecs qui habitent ce pays ne se distinguèrent pas davantage. On compte parmi eux les Cnidiens, colonie de Lacédémone. Leur pays, qu’on appelle Triopium, regarde la mer. La Bybassie commence à la péninsule ; et toute la Cnidie, si l’on en excepte un petit espace, est environnée par la mer : au nord, par le golfe Céramique ; au midi, par la mer de Syme et de Rhodes. C’est ce petit espace, qui n’a environ que cinq stades d’étendue, que les Cnidiens, voulant faire de leur pays une île, entreprirent de creuser pendant qu’Harpage était occupé à la conquête de l’Ionie ; car tout leur territoire était en dedans de l’isthme, et ne tenait au continent que par cette langue de terre qu’ils voulaient couper. Ils employèrent un grand nombre de travailleurs ; mais les éclats de pierre les blessant en différents endroits, et principalement aux yeux, d’une manière si extraordinaire qu’il paraissait bien qu’il y avait l’a quelque chose de divin, ils envoyèrent demander à Delphes quelle était la puissance qui s’opposait à leurs efforts. La Pythie, comme les Cnidiens le disent eux-mêmes, leur répondit en ces termes, en vers trimètres : « Ne fortifiez pas l’isthme, et ne le creusez pas. Jupiter aurait fait une île de votre pays, si c’eût été sa volonté. » Sur cette réponse de la Pythie, les Cnidiens cessèrent de creuser ; et, lorsque Harpage se présenta avec son armée, ils se rendirent sans combattre.