En photographiant cet arbre sur fond de ciel le matin du premier janvier, l’Adrienne s’est tout à coup souvenue que c’était exactement ce genre de branchage qu’elle dessinait autrefois à l’encre de Chine.
Elle avait « oublié » qu’elle s’était adonnée à la passion de l’encre de Chine 😉
Impossible d’ailleurs de se rappeler où sont passés tous ces dessins, toutes ces aquarelles, tous ces fusains…
C’est tout de même bizarre, les trous dans la mémoire de quelqu’un qui a la réputation d’être hypermnésique 😉
Vous le savez, quand on va à une expo, c’est pour découvrir des choses, les voir de près, les voir en « vrai », les scruter, se documenter.
Le plus souvent, on apprend aussi des choses auxquelles on ne s’attendait pas.
Par exemple à l’expo à la KBR on apprend que notre province de Hainaut, en espagnol, se dit Henao.
– Mais que diable… vous demandez-vous.
Et bien c’est simple: l’Adrienne aime avoir un fascicule explicatif sur papier. Il y en avait en deux langues. Allemand ou espagnol? Vous avez compris 🙂
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Tout savoir sur les Chroniques de Hainaut? C’est ici.
Vous y trouverez également l’illustration ci-dessus, le document entier est numérisé et consultable ici.
Pour la « véritable histoire » de la succession du Hainaut, c’est ici.
Comme l’Adrienne avait trouvé à se loger dans un quartier de Bruxelles où elle n’était pas encore beaucoup allée – en tout cas pas depuis trrrrès longtemps – elle a découvert de nouvelles choses, comme cette fresque de Dupuy et Berberian, inaugurée en 2002.
Pour tout savoir sur la fresque et toutes les autres du parcours BD, voir ici.
La veille au soir avec une ancienne collègue, il avait été question de cette « obligation » de s’adapter aux nouvelles technologies sous peine de s’exclure d’un certain nombre de choses.
Le lendemain, on en a la confirmation immédiate à l’hôtel: le check-in se fait grâce à un code envoyé peu avant par whatsapp et pour le check-out il faut scanner un code QR affiché dans la chambre.
Les seuls membres du « staff » qu’on peut y croiser, c’est le personnel d’entretien. Qui souffle et qui sue, parce que l’ascenseur est en panne. Ou plutôt « out of order« . Car on y fait aussi l’économie du multilinguisme.
« We are sorry for the inconvenience« , conclut le message whatsapp. L’Adrienne est surtout « sorry » pour la femme de ménage, qui a trente marches d’escaliers à faire entre chaque étage. Les monter, les descendre, les remonter, les redescendre… Avec tout son barda et des paquets de linge sale.
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photo prise à Bruxelles le 3 novembre, avec les rues piétonnières apparaissent les déviations pour piétons 😉
Le soir, quand Madame allume son téléphone portable pour une dernière vérification, elle pourrait chaque fois gagner un pari: dès que Lynn la voit en ligne, arrivent ses messages:
– Je vous ai vue marcher en rue, vous aviez l’air bien contente! – Ah oui, fait Madame, j’ai le sourire, en général, alors j’en reçois en retour, et même parfois je chante en marchant.
Lynn, plus rien ne l’étonne. Et ça discute jusqu’à ce que Madame dise « bon, maintenant il faut dormir ».
Ensuite évidemment Madame ne dort pas, elle pense aux petits soucis de Lynn, mais bizarrement ces conversations la mettent de bonne humeur. Ou plutôt umeur, comme on dit dans le dialecte du Val d’Aoste.
– Quelqu’un parmi vous est déjà allé au Val d’Aoste? demande Enzo, l’Italiano vero qui s’occupe du club de lecture italien.
Oui, le père de l’Adrienne y a emmené sa famille pour un aller-retour d’une journée, alors qu’ils étaient en vacances du côté de Chamonix et qu’une adresse valdostana lui était recommandée par un de ses guides culinaires.
Un repas mémorable, c’est vrai, dans une ferme où aucun menu n’était affiché et où des plats – savoureux mais gargantuesques – se succédaient sans qu’une parole puisse être échangée, pour cause de langue inconnue 😉
– Je pense, dit Lynn hier soir, que ma fille est déjà dans sa puberté!
La gamine a tout juste huit ans. Mais sa mère est une nature inquiète qui aime tirer ses enseignements médicaux d’internet.
– Elle n’était que 19e au cross de l’école, et normalement elle se bat pour être sur le podium. – Elle est peut-être juste fatiguée? dit Madame, qui n’ose pas ajouter qu’elle mange trop gras et trop sucré et se couche trop tard. – Je vais lui faire faire une prise de sang, dit-elle, elle avait soif, hier après l’école, j’ai peur du diabète.
En voilà une, se dit Madame, qui ferait mieux de lire des Gaston plutôt que encyclopédies médicales…
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Texte écrit d’après une consigne de Joe Krapov – merci à lui – qui demandait 1. de lister 12 mots ou concepts qui nous mettent de bonne humeur ; chacun d’eux commence par une des premières lettres de l’alphabet (A B C D E F G H I J K L) 2. de dire pourquoi et comment survient la bonne humeur.
Je me suis basée sur les tags qui reviennent le plus souvent sur ce blog et ça donne ceci:
Frontière linguistique, taalgrens, c’est un mot que le père de l’Adrienne détestait: il ne voulait pas l’entendre. Il voulait en nier l’existence. Ou plutôt: continuer à croire que les francophones apprendraient le néerlandais et les Flamands le français.
A Bruxelles le week-end dernier, l’Adrienne a pu constater que cette frontière est bien réelle: lors de la visite du Parlement de la fédération Wallonie-Bruxelles, le groupe néerlandophone ne connaissait aucun nom de ceux donnés aux diverses salles du bâtiment.
Même le guide avait dû se renseigner pour savoir qui était Amélie Nothomb, qu’il appelait systématiquement Nathalie Nothomb (vous imaginez à quel point l’Adrienne a dû se retenir pour ne pas le corriger ;-)) et en entrant dans la salle Maurane il demande à la cantonade:
– Quelqu’un ici connaît Maurane? – Oui, fait l’Adrienne.
Apparemment, il ne voulait pas la croire:
– Ah bon? et c’est quoi? un peintre? – Une chanteuse.
Le type avait ses idées sur la frontière linguistique et culturelle et aurait aimé qu’elles soient entièrement partagées. Confirmées.
Que José van Dam soit inconnu, passons, mais Philippe Gelück et son Chat?
Puis le groupe arrive dans la salle Eddy Merckx, que tout le monde connaissait, évidemment.
Et là son réflexe territorial lui fait dire:
– Je ne sais vraiment pas pourquoi ils ont choisi Eddy Merckx: il est Flamand! Il y a tout de même aussi de grands sportifs wallons? – Ben oui, a dit quelqu’un, Justine Hénin.
Bref, une journée du patrimoine fort instructive.
Il aurait été intéressant de faire l’exercice inverse et d’accompagner un groupe francophone en visite au parlement flamand.
Photos prises à Bruxelles aux Journées du Patrimoine le 17 septembre dernier.
Deux lundis déjà que Monsieur le Goût nous laisse sans devoir et pourtant aujourd’hui, et c’est une primeur, dans la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’année scolaire commence.
La Flandre ne suit pas (encore?) sous des prétextes divers – ce ne serait pas « le bon moment » d’organiser un changement, les parents ne seraient pas enthousiastes, les profs ne seraient pas très favorables… comme si on pouvait espérer autre chose d’une rapide enquête qu’un partage moitié-moitié entre le ‘pour’ et le ‘contre’ – et en Belgique francophone non plus il ne se passait pas un jour, ces deux dernières semaines, sans que des articles et autres opinions ne paraissent sur le sujet: quid des camps de vacances? quid des transports en commun? quid des congés parentaux? etc. etc.
Bref, des tas de vrais faux problèmes, alors que les experts en éducation sont tous d’accord sur le principal: nos longues vacances d’été sont néfastes pour les apprentissages scolaires, en particulier pour les enfants les plus démunis, qui perdent beaucoup de leurs « acquis » et n’ont pas l’occasion d’acquérir d’autres « apprentissages » grâce à des voyages, visites ou activités sportives, culturelles… diverses.
« De mens is een gewoontedier » (1) dit-on en néerlandais, et ça se vérifie une fois de plus 🙂
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(1) L’être humain (De mens) est un animal (dier) qui tient à ses habitudes (gewoonte)