Oui, c’est grave! C’est même très grave, pour d’honnêtes commerçants comme nous! Et tout ça est de la faute à Léontine! Mais elle va voir de quel bois je me chauffe! Ah ça! Elle ne perd rien pour attendre, foi de Coppenolle!
Photo de Joonas ku00e4u00e4riu00e4inen sur Pexels.com
Louis Chèze est mécontent de son nom, depuis toujours.
A l’école il était l’objet de moqueries et maintenant qu’il a l’âge adulte il se sent toujours obligé de l’épeler.
Jusqu’à présent d’ailleurs, personne n’a voulu devenir « Madame Chaise », de sorte qu’il envisage sérieusement un changement de patronyme.
Il a été bien étonné d’apprendre, l’autre jour qu’ils étaient tous attablés au Cochon à Plumes, que ses amis Nicolas le Vergeur, Paul Douce et Just Fontaine vivaient le même genre de problèmes.
Seule Antoinette Paillard ne disait rien et souriait : bientôt elle serait délivrée des quolibets puisqu’elle allait épouser le frère de son amie Françoise Carillon-Ramonet.
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Merci à Joe Krapov pour cette consigne, inspirée des noms de lieux et de gens dans la capitale du champagne 🙂
In the land of the free, tu as des tas de libertés fort dangereuses pour toi-même et pour les autres mais apparemment ce qui fait le plus peur, c’est la liberté artistique.
Une des dernières caricatures de Lectrr, trop belle pour ne pas la partager 🙂
Vous connaissez sûrement l’histoire du couscous canadien avec l’irascible épicier à qui Fernand demande du fromage de Hollande et de la morue d’Ecosse?
L’Adrienne a demandé à son épicier bio s’il avait de la lentille verte.
– J’en ai de deux sortes, dit-il, en paquet d’un demi-kilo et en plus petit format. – Donnez-moi un paquet de cinq cents grammes a répondu l’Adrienne.
Ce n’est qu’arrivée chez elle qu’elle a constaté que ces lentilles françaises (voir la photo ci-dessus) étaient en fait… canadiennes!
Donc, résumons-nous: on ne prend plus l’avion parce qu’on veut sauver la planète puis on constate que le paquet de lentilles « a fait un beau voyage »… dans son sachet compostable 😉
Et pour boucler la boucle: le revendeur hollandais, sur son site, précise que ces lentilles s’appellent Dupuis 🙂
Aux séances de lecture organisées pour toucher des (non) lecteurs, l’Adrienne est généralement la seule à rigoler.
Prenez mercredi dernier, par exemple, et cette histoire d’une riche dame anglaise en voyage aux Indes britanniques: comme elle a une envie folle de « faire plus fort » que son ennemie intime, elle s’arrange pour qu’un village lui procure un tigre, de préférence vieux, à moitié sourd et aveugle, qu’elle pourra tirer tout à son aise alors qu’il s’approchera d’une chèvre qu’on aura attachée à un pieu.
L’Adrienne donc rigolait en entendant Nadine faire la lecture:
« La seule grande source d’anxiété [des villageois] était qu’il vînt à mourir de vieillesse avant la date prévue pour la partie de chasse de la memsahib. Des mamans qui ramenaient chez elles leurs bébés à travers la jungle chantonnaient plus bas de crainte d’abréger le sommeil réparateur du vénérable voleur de bétail. »
Pourquoi la douzaine d’autres personnes restaient de glace, elle ne le comprenait pas.
– C’est pas mon style, dit l’une.
– C’est exagéré, dit l’autre.
Nadine continue de lire et l’Adrienne de rigoler:
« Une chèvre douée d’un bêlement particulièrement persistant et d’un volume tel qu’on pût raisonnablement s’attendre à ce qu’il fût perceptible par une nuit calme même par un tigre partiellement sourd, avait été attachée à la distance voulue. Munie d’un fusil à lunette bien réglée et d’un paquet de cartes minuscules pour faire des réussites, la chasseresse attendait l’arrivée du gibier. »
Etc.
Vous pouvez juger vous-mêmes si vous le trouvez humoristique, la traduction en français est ici, et l’original en anglais est là.
Les poissons remontent les rivières au moment exact à l’endroit exact d’où ils viennent. Les oiseaux aussi ont cette connaissance innée de l’exactitude du temps et du lieu.
Mais les gens, privés de leur instinct, s’aident de recherches scientifiques. Voilà la clé de cette histoire.
Un soldat devait tirer un coup de canon chaque soir à six heures précises. Ce qu’il faisait comme il sied à un soldat. Quand sa ponctualité a été testée, il a déclaré:
Je me base sur le chronomètre absolument exact dans l’étalage de l’horloger de la ville. Chaque jour à dix-sept heures quarante-cinq, je règle ma montre sur lui et je grimpe la colline où se trouve le canon. A dix-sept heures cinquante-neuf exactement, j’arrive au canon et à dix-huit heures précises je fais feu.
Il s’est avéré que cette manière de tirer était parfaitement exacte. Seul le chronomètre devait encore être inspecté. Donc on a questionné l’horloger de la ville sur l’exactitude de sa montre.
Oh, dit l’horloger, cette montre est l’exactitude même. Imaginez, ça fait des années qu’ici on tire au canon à six heures précises. Et chaque jour je vérifie le chronomètre et il indique toujours exactement six heures.
Voilà pour l’exactitude. Et les poissons remontent les rivières et le ciel résonne du bruissement des ailes d’oiseaux, pendant que
Les chronomètres font tic-tac et les canons des coups de tonnerre.
Miroslav Holub (1923-1998)
Poème traduit par l’Adrienne à partir d’une traduction en néerlandais mais pour ceux qui connaissent le tchèque, la version d’origine se trouve ci-dessous 🙂
Le titre en néerlandais ainsi que celui en tchèque contiennent le lien qui mène à leur source.
Vissen trekken altijd exact daarheen en exact dan, zo hebben ook vogels een ingebouwd exact tijdsbesef en plaatsbesef.
Maar mensen, beroofd van hun instinct, behelpen zich met wetenschappelijk onderzoek. Dat is de kern van dit verhaal.
Een zekere soldaat moest een kanon afvuren elke avond klokslag zes. Dat deed hij zoals ’t een soldaat betaamt. Toen zijn exactheid werd getest, meldde hij:
Ik richt me naar de volstrekt exacte chronometer in de etalage van de klokkenmaker in de stad. Elke dag om zeventien vijfenveertig zet ik mijn horloge ermee gelijk en klim de heuvel op waar het kanon klaarstaat. Om zeventien negenenvijftig exact bereik ik het kanon en om achttien uur exact vuur ik af.
Gebleken is dat deze wijze van afvuren volstrekt exact is. Alleen de chronometer moest nog worden onderzocht. Dus vroeg men de klokkenmaker in de stad naar de exactheid van dat uurwerk.
O, zei de klokkenmaker, dit uurwerk is het allerexactst. Stel u voor, al jaren wordt hier exact om zes uur een kanon afgevuurd. En elke dag kijk ik naar de chronometer en die wijst altijd exact op zes.
Tot zover over exactheid. En vissen trekken door het water en uit de hemel klinkt geruis van vleugels, terwijl
vždycky táhnou přesně tam a přesně tehdy, jakož i ptactvo má vestavenou přesnou časomíru a zeměmíru.
Lidstvo pak,
ochuzeno o pudy, vypomáhá si činností vědeckovýzkumnou. K její podstatě odnáší se tento příběh.
Jistému vojínovi
bylo vypáliti z děla vždy v šest večer přesně. Činil tak, jsa vojínem. Když byla zkoumána jeho přesnost, uvedl:
Řídím se
naprosto přesným chronometrem, který chová ve výkladu hodinář dole ve městě. Každý den v sedmnáct čtyřicet pět nařídím podle něho své hodinky a ubírám se na kopec, kdež dělo stojí pripraveno. Přesně v sedmnáct padesát devět dojdu k dělu a přesně v osmnáct vypálím.
I shledáno,
že tento způsob vypálení jest naprosto přesný. Jen onen chronometr bylo ještě prověřit. I dotázán hodinář, dole ve městě, po přesnosti onoho stroje.
Ó, pravil hodinář,
tento přístroj je z nejlepších vůbec. Představte si, už od let se tu přesně v šest střílí z děla. A já káždého dne pohlédnu na onen chronometr, a on vždy ukazuje přesně šest.
Tolik o přesnosti.
A ve vodách táhnou ryby a z nebes ozývá se šumění křídel, zatímco
Tikají chronometry a hřmí děla.
Pour ceux qui veulent voir ce que g**gl* tr*nsl*t* fait de ce texte tchèque, c’est ici 🙂
Hier, on a eu un nouveau professeur de gymnastique.
— Je m’appelle Hector Duval, il nous a dit, et vous?
— Nous pas, a répondu Fabrice, et ça, ça nous a fait drôlement rigoler.
J’étais sur la plage avec tous les copains de l’hôtel, Blaise, Fructueux, Mamert, qu’il est bête celui-là! Irénée, Fabrice et Côme. Pour la leçon de gymnastique, il y avait des tas d’autres types ; mais ils sont de l’hôtel de la Mer et de l’hôtel de la Plage et nous, ceux du Beau-Rivage, on ne les aime pas.
Le professeur, quand on a fini de rigoler, il a plié ses bras et ça a fait deux gros tas de muscles.
— Vous aimeriez avoir des biceps comme ça? a demandé le professeur.
— Bof, a répondu Irénée.
— Moi, je ne trouve pas ça joli, a dit Fructueux, mais Côme a dit qu’après tout, oui, pourquoi pas, il aimerait bien avoir des trucs comme ça sur les bras pour épater les copains à l’école. Côme, il m’énerve, il veut toujours se montrer. Le professeur a dit:
— Eh bien, si vous êtes sages et vous suivez bien les cours de gymnastique, à la rentrée, vous aurez tous des muscles comme ça.
Alors, le professeur nous a demandé de nous mettre en rang et Côme m’a dit:
— Chiche que tu ne sais pas faire des galipettes comme moi. Et il a fait une galipette.
Moi, ça m’a fait rigoler, parce que je suis terrible pour les galipettes, et je lui ai montré.
— Moi aussi je sais ! Moi aussi je sais ! a dit Fabrice, mais lui, il ne savait pas. Celui qui les faisait bien, c’était Fructueux, beaucoup mieux que Blaise, en tout cas. On était tous là, à faire des galipettes partout, quand on a entendu des gros coups de sifflet à roulette.
— Ce n’est pas bientôt fini? a crié le professeur. Je vous ai demandé de vous mettre en rang, vous aurez toute la journée pour faire les clowns!
Sempé et Goscinny, Les vacances du petit Nicolas, Folio Junior n° 457, début du chapitre La gym, p. 37 à 39.
C’est grâce au Petit Nicolas que l’Adrienne a appris le mot « galipette », que Walrus propose cette semaine au Défi du samedi.
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source de l’image ici (interview de Sempé en mars 2019) – ce volume de la collection du Petit Nicolas peut aussi se lire en ligne ici et ici. Mais vous n’aurez pas les merveilleux dessins de Sempé 🙂
C’est en 1672 que Molière fait la connaissance de Charpentier, qui vient de passer quelque temps de formation musicale en Italie. Charpentier n’a pas trente ans et Molière mourra un an plus tard, mais cette année de collaboration entre eux deux a été harmonieuse et fructueuse jusqu’à la dernière pièce, le Malade imaginaire.
Jusqu’en 1672, Molière avait pu compter sur la collaboration de Lully mais celui-ci, après une ascension sociale fulgurante, obtient de Louis XIV « de faire chanter aucune pièce entière en France, soit en vers françois ou autres langues, sans la permission par écrit dudit sieur Lully, à peine de dix mille livres d’amende, et de confiscation des théâtres, machines, décorations, habits… »
Bref, une mainmise totale sur la vie musicale en France dont souffriront tous les autres compositeurs.
Molière reçoit tout de même un assouplissement et la permission de reprendre ses pièces à condition qu’il n’utilise pas la musique que Lully avait composée pour elles.
C’est alors qu’il fait la rencontre fort opportune de Charpentier, qui réécrira de la musique pour Le mariage forcé, dont l’extrait comique ci-dessus 🙂