O comme ordalie

Il n’a pas eu besoin de faire passer l’Adrienne par l’épreuve de l’eau ou du feu pour émettre sa sentence 🙂

Mercredi matin, après les sourires, les ‘bonjour!’ et la petite conversation d’usage, au moment où elle allait poursuivre sa route, il l’a hélée, a fait un geste par derrière l’épaule en direction de là d’où elle venait et a dit:

– C’est beau, là, ton…, ta…, ce que tu as mis, là!

Il voulait parler de la clôture, elle l’a compris, une quinzaine de mètres venaient d’être rajoutés juste la semaine d’avant.

Alors elle l’a remercié et est repartie avec un sourire encore plus large.

La journée avait mal commencé, mais trouver le monsieur à longue barbe grise sur le pas de sa porte, c’est toujours un heureux moment.

« ordalie » avait été proposé par Walrus pour le défi d’un de ces derniers samedis 🙂

U comme unique

De temps en temps, parmi le nombre de nouvelles alarmantes, on en perçoit une qui concerne nos semences.

On entend par exemple qu’au fil des derniers siècles l’agro-alimentaire a « éliminé » des tas de variétés pour n’en retenir que quelques-unes – la banane cavendish, par exemple – de sorte que si une maladie, un champignon, un insecte s’en mêlait, la production mondiale s’en trouverait compromise.

Il est donc important de sauvegarder le plus possible d’espèces et de semences de toutes sortes de fruits, de légumes, de céréales.

L’Adrienne ne savait pas que cette menace visait aussi le haricot mais apparemment toutes les sortes que nous consommons sont des phaseolus vulgaris et il est temps de promouvoir, cultiver, consommer, tester chez soi d’autres variétés, dites « sauvages ».

Bon ben y a plus qu’à 🙂

Défi du 20

Le mois prochain, le 20 exactement, ça fera dix ans que l’Adrienne a dû « tourner la page » et se résoudre à quitter son vert paradis.

Dès son arrivée en ville, ce qui lui a le plus manqué, ce sont les chants d’oiseaux: voir et entendre les grives, les merles, les mésanges bleues, les charbonnières et celles à longue queue, les pics épeiches, les piverts, les sittelles, les rouges-gorges…

Pouvoir les nourrir tout l’hiver et jouir de leur présence.

Voir se balader un hérisson sur la terrasse pour y manger les croquettes des chats.

Alors aujourd’hui en ville elle est tout heureuse de pouvoir observer au moins un moineau ou une coccinelle 🙂

Écrit pour le Défi du 20 chez Passiflore qui demandait de parler de 10 animaux. Merci Passiflore!

Deux photos prises dans mon jardinet de ville.
Pour le vert paradis d’autrefois, le choix est plus vaste donc plus difficile, et il y avait aussi les chevaux 🙂

Le défi du 20

– Oui, c’est bien joli ces pâquerettes, mais si tu les laisses là, l’an prochain ta pelouse en sera envahie!

Ainsi parlait grand-mère Adrienne, venue passer sa convalescence dans la maison d’autrefois et qui, installée sur la terrasse, commentait les travaux faits et à faire.

Et elle avait raison, bien sûr.

Dès leur installation dans la maison de leurs rêves, l’Adrienne s’était jetée dans les travaux de jardinage et avec l’optimisme de ses vingt ans, elle croyait qu’elle viendrait à bout des « indésirables », à commencer par les égopodes qui tapissaient le terrain sous les noisetiers et la grande ortie qui rendait impénétrables différentes parties du jardin.

C’était l’époque où Monsieur Mari, sans états d’âme, « traitait » le gazon contre le trèfle et les pissenlits, l’époque où le gratteron servait exclusivement aux facéties de beau-papa et où le mouron des oiseaux était une des friandises préférées des poules pondeuses.

Ce n’est que dix ou quinze ans plus tard que l’Adrienne a découvert les vertus gastronomiques de toutes ces « mauvaises herbes », que ce soit crues en salade ou cuites en tarte aux légumes, en sauce avec des pâtes, en accompagnement d’un plat.

***

Impossible de s’en tenir à « sept légumes », comme le demande Passiflore pour son Défi du 20 (merci à elle) car il faut absolument mentionner aussi la cardamine, l’ail des ours, le chénopode blanc et la carotte sauvage en plus des sept du texte: pâquerette, égopode, ortie, trèfle, pissenlit, gratteron et mouron des oiseaux 🙂

Photo du jardin d’autrefois avec plein de « mauvaises herbes » sous les noisetiers (on voit surtout l’ail des ours en pleine floraison), ainsi qu’un jeune noyer.

L comme Love

Photo de Magda Ehlers sur Pexels.com

Déjà en 2018 le même trio de chercheurs avait publié « Why we love bees and hate wasps« , ‘pourquoi nous aimons les abeilles et haïssons les guêpes‘ et c’est en voyant des guêpes déguster une de ses figues que l’Adrienne a de nouveau voulu se renseigner sur ces petites bêtes qui font peur – oui, à elle aussi! – et dont autrefois, dans le jardin d’avant, elle a fait détruire des nids.

A tort, probablement, même si sa principale motivation était le fils numéro deux des voisins, allergique aux piqûres de guêpes.

Pour convaincre les gens de leur utilité, de leur valeur pour l’écologie et donc pour l’homme, les trois chercheurs ont poursuivi leurs travaux et publié une étude qui prouve leur rôle positif, important, dans l’écosystème.

Car si on est conscient aujourd’hui qu’il faut sauver les abeilles, c’est surtout grâce aux chiffres qui doivent prouver leur valeur ‘marchande’: il paraît que pour les abeilles, elle s’élève à 250 milliards de dollars par an, aucune idée comment on arrive à ce calcul, mais soit 😉

Alors qu’en est-il pour les guêpes?

Pourquoi faudrait-il aussi aimer les guêpes?

En gros, parce qu’elles pollinisent 798 sortes de plantes de 106 familles différentes, se nourrissent d’insectes nuisibles à nos cultures et ont un grand potentiel pharmacologique et médicinal.

Conclusion: l’Adrienne leur laissera quelques figues.

Ce serait bien si elles choisissaient celles qui lui sont inatteignables, au lieu de prendre celle qui est sous son nez, près de la porte de la cuisine 😉

Y comme y en a encore

Quand y en a plus, y en a encore, disait le père de l’Adrienne, généralement comme trait d’humour quand par exemple il fallait « finir un plat » ou quand une corvée était interminable, genre épluchage de crevettes grises.

Ici, après l’Anisette, Felicia, Cornelia et Penelope, vous voyez Sweet Juliet.

Une autre rose à la fois belle, solide et parfumée que l’Adrienne avait dans son jardin d’autrefois.

Celle-ci a été repérée dans le jardin de Glyndebourne le 18 juin dernier.

Reconnaissable entre toutes elle aussi 🙂

Stupeur et tremblements

– Visiter des jardins anglais, dit l’homme aux trois hectares, c’est tellement déprimant!

Assise devant lui, l’Adrienne ne peut manquer d’entendre la suite.

– Vous rentrez chez vous et vous vous dites: je vais changer tout ça! Vous enlevez, vous rajoutez, mais vous n’obtenez jamais la même chose.

Jusque-là, à la limite, on peut le comprendre. Il y a des gens qui ne peuvent admirer sans vouloir posséder.
Mais attendez la suite:

– Pour mon jardin, j’avais fait appel à un grand nom, vous le connaissez peut-être? Jacques Wirtz.
Alors il m’avait tout planté, tout, tout, et moi je lui dis: mais pourquoi des petites plantes comme ça?

On sentait encore l’irritation dans sa voix!

– Il m’a répondu que c’était mieux de planter des petites plantes et que ça allait s’étoffer, c’était l’affaire de deux trois ans et dans cinq ans ce serait magnifique.
Mais moi je ne voulais pas attendre cinq ans pour avoir un beau jardin!
Alors on est allé en Angleterre, on a visité des jardins, et au retour j’ai vu mes petites plantes, et bien, j’ai tout fait enlever pour planter des plus grandes…

***

Photo prise à Glyndebourne le 17 juin dernier

R comme roses

C’est fin mai déjà que l’Adrienne a vu fleurir sa toute première rose, du rosier Anisette planté à l’automne dernier.

Belle fleur légèrement rosée, parfum très agréable, plus même que son nom ne l’indique 🙂
Tout est donc bien.

A Charleston House l’Adrienne est tombée en arrêt devant une autre rose qu’elle a tout de suite reconnue et appelée par son petit nom:

– Felicia!

L’inoubliable parfum de Felicia!

Felicia faisait partie de la petite collection de rosiers anciens que l’Adrienne avait achetés chez Lens, pour son jardin d’autrefois.

Quel bonheur de pouvoir y remettre le nez 🙂

Photo prise le 18 juin à Charleston House.

Où il y avait aussi les copines de Felicia, Cornelia et Penelope 🙂

Le défi du 20

En cette mi-juin, le climat anglais proposait une chaleur sans nuages et des ciels d’un bleu si dur qu’on finissait par espérer la tempête orageuse annoncée pour le vendredi, puis pour le samedi, et qui ne cessait d’être reportée.

Dans le minibus, chacun ramenait sa science – ‘chacun’ étant à prendre ici au sens strictement masculin – comme l’expert en vins qui va deux fois par an en Bourgogne et une fois dans toutes les autres régions viticoles, possède deux caves pleines de bouteilles qu’il ne réussira jamais à boire en cette vie et qu’il commence donc à revendre. Certains vins faisant l’objet de spéculation, son hobby est devenu fort rentable.

– Je connais un vigneron, dit-il, qui a des abricotiers. Il vend ses abricots à la brasserie Cantillon!

Un autre parle de son jardin – plus de trois hectares, songe l’Adrienne, est-ce que ça s’appelle encore un jardin? – où ses hêtres bicentenaires se meurent.
Il a voulu les remplacer.
On lui conseille le châtaignier ou le chêne.

– Mais ça pousse si lentement! se plaint-il.

Alors il a fait venir à grands frais des marronniers qui ont déjà plus de 15 mètres et dont la motte pèse plusieurs tonnes.
Qu’il a fallu beaucoup arroser, vu la sécheresse de nos étés.

– Il y en a deux qui vont assez bien, dit-il. Le troisième, je ne sais pas s’il va reprendre…

On arrive enfin à Charleston House.
Une maison où certes on ne censurait aucune forme d’amour 😉
Au jardin, l’Adrienne prend évidemment des tas de photos.

Comme celle en haut du billet, où on voit à peine le pommier sous l’avalanche de roses parfumées.
A leur pied, des céraistes tomentueux et des pivoines Bowl of Beauty en fin de floraison.

Heaven! I’m in heaven! chantonne l’Adrienne, qui ne sait pourtant pas plus ce qu’est le paradis que l’enfer mais dont la grand-mère était fan de Fred Astaire.

On pourrait paraphraser Aristote et dire que la quiddité d’un jardin, c’est l’âme 🙂

***

Merci à monsieur le Goût pour son 128e devoir de Lakévio et à Passiflore pour son défi du 20 qui demandait six arbres!

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Justement, en cherchant quelque chose dans le foutoir de photos de mon PC, j’ai vu quelque chose. Une photo que j’ai prise en 2018 du côté de la rue du Faubourg Montmartre. Elle m’avait frappé car elle posait une question que je m’étais déjà posée il y a bien longtemps.
Ah oui… Que diriez-vous d’y mettre les neuf mots suivants ?
Ciels – Enfer – TomenteuxQuiddité – Abricot – Climat – Nuages – Tempête – Chaleur

Le défi du 20

Dans son jardinet de ville, l’Adrienne est bien heureuse de voir des familles de moineaux.
Ils vivent en groupe dans une haie ou un trou de mur sous une corniche.

Au début, il y avait un couple de pies dans le jardin de la petite école d’en face. Mais les nichées n’ont pas résisté à la voracité des corneilles, ces véritables rats des villes.

Quelques maisons plus loin, un homme élève des pigeons.
On n’a jamais réussi à savoir s’ils les mettait dans un panier en direction du nord de la France avec ces « convoyeurs » qui attendaient dans les flash-info à la radio de l’enfance chez les grands-parents.

Et puis il y a l’étang près de la bibliothèque, où dès les débuts du printemps, on compte et recompte les canetons qui s’agitent autour des mamans canes.

Et on prend bien sûr chaque fois une photo.

Avec attendrissement 🙂

Merci à Passiflore pour ses excellents Défis du 20 – ce mois-ci: cinq oiseaux.