
Aux séances de lecture organisées pour toucher des (non) lecteurs, l’Adrienne est généralement la seule à rigoler.
Prenez mercredi dernier, par exemple, et cette histoire d’une riche dame anglaise en voyage aux Indes britanniques: comme elle a une envie folle de « faire plus fort » que son ennemie intime, elle s’arrange pour qu’un village lui procure un tigre, de préférence vieux, à moitié sourd et aveugle, qu’elle pourra tirer tout à son aise alors qu’il s’approchera d’une chèvre qu’on aura attachée à un pieu.
L’Adrienne donc rigolait en entendant Nadine faire la lecture:
« La seule grande source d’anxiété [des villageois] était qu’il vînt à mourir de vieillesse avant la date prévue pour la partie de chasse de la memsahib. Des mamans qui
ramenaient chez elles leurs bébés à travers la jungle chantonnaient plus bas de crainte d’abréger le sommeil réparateur du vénérable voleur de bétail. »
Pourquoi la douzaine d’autres personnes restaient de glace, elle ne le comprenait pas.
– C’est pas mon style, dit l’une.
– C’est exagéré, dit l’autre.
Nadine continue de lire et l’Adrienne de rigoler:
« Une chèvre douée d’un bêlement particulièrement persistant et d’un volume tel qu’on pût raisonnablement s’attendre à ce qu’il fût perceptible par une nuit calme même par un tigre partiellement sourd, avait été attachée à la distance voulue. Munie d’un fusil à lunette bien réglée et d’un paquet de cartes minuscules pour faire des réussites, la chasseresse attendait l’arrivée du gibier. »
Etc.
Vous pouvez juger vous-mêmes si vous le trouvez humoristique, la traduction en français est ici, et l’original en anglais est là.