R comme Rondel du Printemps

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L’humeur était plutôt sombre et pourtant cette année-là tout particulièrement, le printemps s’était vêtu de broderie, de soleil luisant clair et beau. Mais il fallait un sacré courage pour commencer les activités au jardin, chose qui normalement remplissait Marie de joie impatiente.

Muanza était décidé, il partirait.

– En Hollande? s’écrie Marie. Mais pourquoi en Hollande?

Voilà bien un pays qui ne les fait pas rêver, ni elle, ni Pierre. Qu’est-ce que Muanza espère y trouver? S’imagine-t-il que les lois y sont différentes?

Mais ses idées étaient bien arrêtées et tout en ramassant du bout du doigt les dernières miettes de son pain – Muanza rongeait même le cartilage des os – il leur explique son plan, dans les grandes lignes.

– Moins vous en saurez, mieux ça vaudra, résume-t-il. Comme ça vous n’aurez pas à mentir quand on vous interrogera.

Ils ont pris la voiture. Ont roulé quelques heures en direction du nord. Ont frisé la collision autour d’Anvers tellement Pierre était nerveux à l’approche de la frontière, où heureusement aucun douanier ne leur a demandé de s’arrêter. Ont déposé Muanza à Breda en lui faisant promettre de donner au plus vite de ses nouvelles.

Ce n’est qu’après, longtemps après qu’ils ont pu en rire, au souvenir de cette équipée qui avait des petits airs de fuite à Varennes et du grand souffle froid des pires moments de l’histoire: ce n’est que de longues minutes après la frontière que Muanza s’est relevé de la banquette arrière sur laquelle il s’était aplati, alors que le chien montrait gaiement sa belle petite gueule sympathique à la fenêtre de l’auto.

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écrit pour Des mots, une histoire chez Olivia Billington, que je remercie, avec les mots imposés suivants: activité – soleil – nouvelle – jardin – souvenir – sacré – broderie – pain – collision – printemps – souffle – rêver

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33 commentaires sur « R comme Rondel du Printemps »

  1. Et pourquoi Muanza voulait-il partir pour les Pays-Bas ?

    Et Marie a-t-elle pu retrouver sa joie impatiente pour commencer les Activités de printemps ??

    Je sens que ces questions vont me suivre toute la journée.

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    1. on a passé des tas de frontières avec notre chien, on avait toujours tout ce qu’il fallait, les documents, les vaccinations, même la muselière obligatoire pour se rendre dans les anciens pays de l’est dans les années 90… on n’a jamais rien dû montrer! et pourtant, à chaque douane il était là, bouille souriante à sa fenêtre 🙂

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      1. Euh, je n’ai pas de blog… J’ai cliqué sur mon avatar, par curiosité. Je me souviens d’avoir lu ça, mais que ça soit relié à mon avatar, bizarre!… Tiens, ça rime et ça rame comme tartine et boterham…:-)

        Bisous,
        lulu

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      2. je sais que tu n’en as pas, mais apparemment pour mettre le commentaire tu avais complété une (fausse) adresse de blog (j’en ai marre de wordpress) ce qui m’a beaucoup fait rire… moi je hais (je HAIS) blogspot, qui m’oblige à 12 (douze!) opérations successives pour chaque malheureux commentaire que j’écris…

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  2. Je suis toujours heureuse de retrouver un peu de la vie de Marie, Pierre et Muanza même si l’histoire de ce dernier me serre le cœur.
    Et encore une fois, on dirait que les mots ont été imposés juste pour te permettre de raconter ton histoire. Quel talent!

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