U comme ultimes…

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Avec le petit Léon, Madame décompte les jours qui leur restent avant les examens et tout ce qu’il faut encore apprendre.
Grammaire, notions d’histoire et de géographie, il y a du travail.

Mais petit Léon a aussi besoin de raconter.

– Ma prof de religion, dit-il hier, elle ne m’aime pas.
– Ah? qu’est-ce qui t’amène à cette conclusion?

(Oui, parfois Madame oublie qu’elle parle à un enfant de 11 ans. Mais il avait compris.)

– Elle m’enlève tout le temps des points parce que je ne parle pas.

Quelle drôle de chose, se dit Madame après avoir entendu toute l’histoire, d’enlever deux points à un enfant qui ne raconte pas ce qu’il a fait à la maison le jour d’avant ou pendant le week-end!

– Ma maman elle dit que ce qui se passe à la maison, je dois le garder pour moi.

Toute la soirée, après son départ, Madame s’est demandé ce qui motive cette institutrice à agir de la sorte.
Pour petit Léon, la réponse est claire:

– Elle veut savoir ce qui se passe chez nous. Mais moi, je ne raconte rien.

40 commentaires sur « U comme ultimes… »

  1. C’est parce que sa mère lui dit de ne rien raconter, mais il n’est pas obligé de dire la vérité non plus..
    En fait, et dans le cadre de cours de langue, je pose souvent des questions sur le quotidien des jeunes, ce qui leur est le plus proche. Je préviens qu’ils peuvent inventer du moment qu’ils montrent qu’ils ont compris la question et que la réponse est correcte.
    Il peut y avoir de ça, peut-être

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  2. Quand j’ai repris des cours d’anglais dans une université du troisième âge, j’ai appris qu’on pouvait mentir à son prof, lui raconter des « white lies ». Vous pourriez en parler avec Petit Léon ou sa maman. Il sera plus à l’aise pour la suite de ses études.

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    1. je lui ai dit que « ma maman a préparé un cake » ou « on est allés manger une glace au marché » ou « j’ai fait un cauchemar parce que j’avais regardé un film d’horreur », il pourrait peut-être le raconter 😉
      mais mentir, à cet âge-là et devant toute la classe, qui saurait que ce sont des mensonges…

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      1. Un « white lie », c’est comme dire « j’ai aidé maman à préparer un cake » même si ce n’est pas vrai…
        A part Léon, personne ne saura que c’est un mensonge.
        Le prof sera content, Léon arrêtera de perdre des points et il sera armé pour la suite de sa scolarité.
        Moi, je ne l’étais pas et même à mon école de vieux, chaque jeu de rôles continuait à me tétaniser.

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  3. J’ai beau ne pas m’appeler Léon, ça me rappelle des souvenirs. D’élève, quand j’ai répondu en deux pages ”ça ne vous regarde pas” à un sujet de rédaction que je jugeais intrusif; de prof, quand j’essayais d’apprendre à de grands ados à exprimer des sentiments en multipliant les précautions du type ”inventez” ou ”parlez de quelqu’un d’autre” ou ”utilisez votre droit au silence”.

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    1. je n’ai jamais réussi (et ne réussis toujours pas) à dire « ça ne vous regarde pas » 😉
      comme prof de langue, j’ai fait très attention à ça, il y a mille façons de faire parler les élèves sans rien leur demander de façon directe sur leur quotidien

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      1. Il y a aussi mille façons de dire « ça ne vous regarde pas », de « je ne souhaite pas en parler » à « mêlez_vous de vos oignons », avec toutes les nuances intermédiaires, en fonction du contexte, de l’humeur, ou de l’interlocut.eur.rice (et ça, c’est un clin d’oeil !)

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      2. oui mais je suis comme Mme Chapeau, les questions personnelles me stressent (et j’ai du mal à mentir ou à dire de quelque façon que ce soit que je ne veux pas en parler – ne pas vouloir en parler, c’est aussi une forme d’aveu qu’il y a problème sur ce sujet-là, donc ça reste intrusif)

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  4. Il n’a qu’à dire : « chez nous, on est une famille sataniste, et on fait des sacrifices humains tous les week-ends ». Observer ensuite l’impression produite sur la prof de mythologie, euh, de religion…

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  5. Parce qu’il y a des profs de religion chez vous?
    Remarque, chez nous aussi probablement dans des écoles privées confessionnelles et cela doit être du catéchisme enseigné par des curés…. Je ne m’y connais guère en écoles privées, j’étais à l’école publique, laïque et obligatoire.
    Toujours aussi fouineurs, ces religieux… 😉

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    1. il va à une école de l’État, et là (enseignement officiel belge) on a le choix entre cours de morale ou cours de religion catholique (et l’islam aussi est proposé de plus en plus)

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      1. C’est beaucoup plus compliqué que cela. A l’origine, l’idée était que chaque enfant suive un cours de deux heures d’éducation à la citoyenneté.
        Mais pour le moment, chaque enfant peut choisir de suivre un cours d’une ou de deux heures d’éducation à la citoyenneté.
        Ce cours est donné à la classe entière. Y participent donc des enfants qui n’ont pas nécessairement les mêmes croyances.
        Les enfants sont autorisés à n’avoir qu’une heure de citoyenneté pour qu’ils puissent continuer à suivre un cours de religion catholique, ou un cours de religion protestante, ou un cours de religion islamique, ou un cours de religion israélite, ou un cours de morale non confessionnelle…
        Ce deuxième cours d’une heure est lui donné à une classe homogène du point de vue des croyances…

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  6. Pas facile de mentir, quand dans une toute petite ville, vos enseignants sont les collègues de vos parents, pas facile lorsque l’intuition souffle que ce qu’il conviendrait de dire aux uns n’est pas même pensable pour les autres. Quant aux questions intrusives elles sévissaient à l’école publique tout comme l’exclusion lorsque l’enfant manquait le match de foot pour participer au repas de communion du petit cousin. Le « double bind », comme son nom l’indique, paralyse durablement voire définitivement.
    Je souhaite à Petit Léon de parvenir à surmonter les contradictions des adultes, le dialogue avec Madame, est un éclairage précieux.

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    1. non, pas facile de mentir, d’inventer, de biaiser… et en plus, cet enfant est très timide (c’est comme ça qu’il se définit, moi je dirais qu’il est d’une extrême prudence quand il n’est pas en confiance avec quelqu’un)
      je lui souhaite de réussir cet examen de fin de primaires parce que ses parents sont à bout de stress alors forcément ça déteint sur lui, la moitié de mon « travail », c’est rassurer 😉
      (et qui l’eut cru, aujourd’hui Madame a fait des maths ;-)))))

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      1. Il me semble surtout que Petit Léon protège sa famille et qu’il estime ainsi faire son devoir, cela n’a rien à voir avec la « mauvaise tête ». Je tairai ce que je pense de cette enseignante et de tous ceux et celles qui lui ressemblaient et que j’ai eu l’occasion de côtoyer.

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  7. Aïe, à la place de Léon, j’aurais aussi perdu des points!
    Le monde de la maison et celui de l’école ne devaient pas se mélanger, j’y veillais!
    Et je ne comprends pas non plus qu’une enseignante puisse agir de la sorte.
    Si son but est de l’aider à s’exprimer et à participer, il y a bien d’autres moyens d’y parvenir.

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  8. En voilà un qui a bien compris la différence entre vie privée et vie publique…ce qui est rare de nos jours…puisque la majorité des gens « étale » sa vie sur les réseaux sociaux…
    Sa prudence me paraît « de bon aloi »…

    Mais la prof de religion, elle, ne doit même pas voir le problème…Elle souhaite sans doute parler des attitudes quotidiennes dans le but d’aborder certaines questions de « morale »…et dans ce but, elle incite les enfants à parler de ce qu’ils vivent. Tout dépend de la « délicatesse » avec laquelle elle le fait.
    Ceci dit, les points retirés, c’est quand même un peu exagéré…

    Moi, dans ce genre de situation, quand j’étais jeune, je ne racontais pas non plus .
    D’une part, parce que je venais d’une famille modeste dans laquelle il ne se passait pas grand-chose…et d’autre part , parce que, comme Léon, j’étais assez réservée.
    Eh bien, j’ai souvent eu des remarques du style : « Bonne élève, mais il est regrettable qu’elle ne daigne pas participer ».
    Je passais souvent pour « arrogante »…alors que j’étais juste « timide » et « discrète ».

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  9. Ce que tu racontes me met très mal à l’aise.
    Je trouve injuste de retirer des points à un enfant parce qu’il ne parle pas.
    Mais je trouve très bizarre cette injonction de la mère. On peut parler de son quotidien en phrases anodines qui ne rentrent absolument pas dans l’intimité : Dire qu’on a fait un gâteau, qu’on est allé au parc, qu’on a aidé à la vaisselle, qu’on a joué à la console ne dévoilent pas grand’chose du quotidien.

    J’ai eu une année, un élève de 5 ans qui ne parlait jamais, qui n’avait jamais parlé en classe depuis son entrée en maternelle ( 3 ans ). Les précédentes maîtresses s’y étaient cassé les dents. Car un des objectifs de la maternelle est l’acquisition de la langue orale. Elles avaient donc insisté, cherché des biais pour amener Fabien ( nous l’appelerons Fabien ) à parler.
    J’ai laissé faire dans un premier temps, puis j’ai dit à Fabien que j’acceptais qu’il ne parle pas mais que je lui demandais de me répondre par un geste me prouvant qu’il m’avait entendue et comprise. Car mon travail était de me faire comprendre, et que je devais savoir s’il me comprenait. Je l’ai sollicité de plus en plus, avec des questions de plus en plus complexes qui lui demandaient beaucoup d’imagination pour me répondre par des gestes. Un jour, il a trouvé plus simple de venir me répondre à l’oreille. C’était gagné.
    Je suis très fière de cet réussite. Des années après, j’ai croisé la maman de Fabien qui m’a dit que j’avais  » sauvé » son fils. C’était sans doute exagéré, mais j’ai accepté ses mercis avec gratitude. C’est important de voir son travail reconnu.

    Pas grand’chose à voir avec la situation de Léon, mais quand un enfant refuse de parler quelles qu’en soient les raisons, je pense à Fabien.

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