Adrienne est nareuse!

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Que de fois n’a-t-on reproché à Mini-Adrienne de « manger avec les yeux »!

– Keskesèksa? Moi n’aime pas ça! singeaient les parents, encore vingt ans après qu’elle avait osé un jour employer cette expression devant une assiette de champignons malodorants qui baignaient tout noircis dans un jus aqueux et brunâtre.

Il suffisait qu’elle mette le nez dans une assiette au lieu de l’attaquer tout de suite avec couteau et fourchette pour qu’ils la lui ressortent, cette petite phrase.

Mais ils se trompaient!

Bien sûr, « het oog wilt ook wat » (1), c’est agréable et appétissant qu’un plat soit joli, mais le plus important, c’est le nez.

Et le nez de la petite fille de cinq ans se trouve beaucoup plus près de l’assiette que le nez d’un corps adulte 😉

Alors imaginez le bonheur de l’ex-petite fille quand grâce à Walrus et à sa consigne pour demain elle peut enfin mettre un mot sur ce qu’elle est: nareuse!

Même si la définition du Robert lui semble un peu trop unilatérale: « (Nord-Est, Belgique) (Personne) qui se montre difficile quant à la propreté de la nourriture et des couverts ; qui éprouve facilement du dégoût. »

Étant donné que l’étymologie remonte au mot ‘nez’ (2), le sens et la définition devraient plutôt être « (Personne) qui se montre difficile quant à l’odeur de la nourriture et qui éprouve facilement du dégoût si l’odeur lui déplaît. » 🙂

***

(1) littéralement, ça peut se traduire par « l’œil aussi veut quelque chose », on l’utilise pour souligner l’importance de l’aspect esthétique d’une réalisation, et pas seulement sa fonctionnalité.

(2) nez en latin se dit ‘nasus’ et narine est ‘naris’ en latin classique, ‘narina’ en latin populaire.

20 commentaires sur « Adrienne est nareuse! »

  1. Même si l’étymologie remonte au mot « nez », votre définition n’englobe pas tous les aspects du « nareux » de mon enfance.
    Par exemple, un enfant qui n’avait pas envie de boire dans le verre de son petit frère pouvait aussi être traité de « nareux » par les adultes présents.

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  2. J’avais un oncle qui était atteint de ce syndrome
    à un point qu’il allait nettoyé les trous du gruyère , évidemment petite j’avais pouffé de rire en le voyant faire et lui de me réponde » Petite à l’étalage il prend de la poussière »
    Je crois que je le suis un peu à ma manière hihihi c’est grave Adrienne ?

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    1. moi je ne l’entends pas dans le sens de « dégoût de ce qui pourrait être malpropre » et vu son étymologie je préfère me tenir à un dégoût qui passe par le nez et l’odorat 🙂
      (nettoyer les trous du gruyère, c’est fort! ça me rappelle la mère de mon oncle, qui lavait sous l’eau courante la viande achetée chez le boucher, alors que c’était pour la faire cuire à la poêle: il l’avait eue en main, n’est-ce pas ;-))

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    1. oui beaucoup de choses passent par là, en ce qui me concerne 😉
      les villes, les maisons, tout a une odeur, et quoi qu’on fasse, comme monter dans la voiture de quelqu’un… c’est un monde infini!

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  3. Un mot qui semble avoir été mis au goût du jour à cause du Covid…
    On a institutionnalisé le dégoût de l’autre, du contact, des effusions, des embrassades, des miasmes, des fluides. Boire dans le verre de l’autre ? Tout dépend de qui est « l’autre », évidemment. Perso, je suis une nareuse sélective…
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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    1. je l’entends uniquement en ce qui concerne la nourriture: ce qui dégoûte à cause de son odeur.
      Bien sûr les gens aussi ont une odeur qui leur est propre, même si elle est masquée par le savon, le shampooing et le gel douche 😉
      (j’ai sans doute été chat ou chien dans ma vie antérieure ;-))
      ma mère depuis toujours refuse (par exemple) de poser la main sur une balustrade ou une main courante (et elle nous le défendait: « c’est sale ») mais cette attitude-là n’a (pour moi) rien à voir avec le mot nareux.

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  4. Nouveau mot pour moi 🙂
    Je pense que je devais être comme ça avec la cervelle !
    De toutes façons, par principe mon père nous faisait manger en premier ce que nous n’aimions pas …

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    1. nouveau pour moi aussi mais je pense le garder 🙂
      (ce n’était pas une époque où on préparait aux enfants leur plat préféré ni ne demandait leur avis, tu n’aimes pas? tant pis! tu en mangeras quand même! et tu finis ton assiette!)
      Bref on a souffert à table 😉

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  5. Un mot que je ne connais pas mais pour ce qui est de l’odeur de l’environnement de la nourriture et de la nourriture elle-même c’est envahissant pour moi. Incapable d’avaler quand l’odeur me rebute et j’ai vu si souvent ma mère dans cet état.

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