Toute contente, l’Adrienne, d’avoir eu l’occasion, dans sa petite ville, de voir et d’entendre ce groupe de chanteurs qui présentent un programme où ils mêlent le chant polyphonique corse traditionnel et des morceaux de leur propre composition, chantés en corse également.
Ce qui fait qu’on ne comprend qu’un mot ici et là, et ça c’est dommage, évidemment 🙂
Mais même sans comprendre, on est touché, énormément.
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Info sur le groupe ici et un article dans Corse Matin sur leur dernier album, A principiu.
– Et votre sac, vous l’avez retrouvé? demande vendredi dernier une ancienne élève, caissière au magasin où a eu lieu la disparition mystérieuse.
Alors d’un grand geste théâtral l’Adrienne extirpe le sac aux colibris du grand sac noir qui sert à transporter les courses.
Elle a même envie d’y ajouter un « Tadaaaaa!!! » mais se retient.
Elle n’a plus huit ans, quand même, si? 🙂
– Figure-toi que onze jours après les faits, je suis revenue ici pour reposer une troisième fois la même question, mais cette fois avec une photo. Alors à la première employée que je vois, je montre la photo du sac. Et elle s’est exclamée: « Ah! ce sac-là! Il est dans notre bureau! »
– Et tout était encore dedans? demande l’ancienne élève.
– Oui, tout y était. Mais devenu inutilisable, bien sûr.
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L’amie de toujours, qui a travaillé toute sa vie, depuis ses seize ans, dans un magasin de cette chaîne, n’a pas compris comment une telle chose était possible: quand on trouvait un objet perdu, dit-elle, on essayait de retrouver le propriétaire. On ne le laissait pas en plan dans un coin du bureau…
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Bref, l’Adrienne est contente, le sac lui est précieux, ainsi que le mouchoir paternel qu’il y avait dedans.
Les clés et les cartes sont remplacées depuis le jour de leur disparition, le sac et le mouchoir sont irremplaçables 🙂
Comment cela arrivait, elle ne le savait pas, mais ça ne ratait jamais: chaque année début décembre, quand père, mère, mini-Adrienne et petit frère allaient à Bruxelles et flânaient entre les rayons de l’Innovation, elle réussissait à les perdre.
Ne plus les voir.
Rester gelée sur place, entourée par une foule.
Parce que la première fois où c’était arrivé, c’est ce que le père lui avait dit:
– Et surtout, n’essaie pas de nous chercher, reste où tu es!
Donc elle restait là, le cœur battant, inquiète, triste, elle serait grondée.
Ils finissaient par se rendre compte de son absence et la retrouver.
Chaque fois elle se promettait que ça n’arriverait plus… mais comment expliquer? ça arrivait.
– Tu devrais quand même faire un peu plus attention! disait le père.
Elle a toujours pensé que dans cette phrase, quelque chose n’allait pas.
Mais elle ne l’a jamais dit, bien sûr 😉
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Écrit pour Bricabook 446, merci à elle et à @ Pawel I pour la photo!
L’Adrienne doit avouer que malgré tous ses efforts, elle reste imperméable à ces « masses chromatiques en suspension [qui] tendent à s’équilibrer » et à ces « formes rectangulaires suivant un rythme binaire ou ternaire, caractérisées par des tons jaunes, rouges, ocre, orange, mais aussi bleus, blancs… »
Totalement imperméable.
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Expo en ce moment à Paris.
Les deux citations entre guillemets viennent du site de l’expo.
Madame Staunton n’est pas contente et le fait bien savoir à ce pauvre monsieur Bird, qui a eu le malheur de la croiser alors qu’il se rendait avec son chien au square Tartacover.
Il soupire : il ne doit s’en prendre qu’à lui-même, ses journées sont si bien réglées à la minute près, qu’il est très facile pour madame Staunton de se mettre sur son chemin, que ce soit en route vers le square avec le chien, le lunch avec Gaby Marshall au Restaurant de la Fourchette royale ou pour l’heure du thé au Café de la Régence avec son vieil ami Robert Fischer.
La voilà donc qui lui barre le chemin, au coin du boulevard Traxler, et le chien qui tire sur sa laisse parce que lui aussi est réglé comme une horloge et c’est l’heure de faire pipi.
– Vous avez vu ça ?
Madame Staunton montre une affichette à une vitrine et bégaie presque, elle est vraiment très remontée.
– Non mais vous avez vu ? Dans quelle monde on vit ? Au lieu que chacun reste bien à sa place, ici la partie anglaise, de l’autre côté du boulevard, la partie française, les Alekhine et les Tchigorine dans le quartier letton… On a déjà déjà dû accepter que The Regency devienne le Café de la Régence ou que The Royal Fork soit rebaptisé en ce ridicule Fourchette royale, mais une pizzeria Casa Rossolimo !
Monsieur Bird est très embêté, il aime bien une pizza, de temps en temps. Mais allez dire ça à l’irascible madame Staunton qui poursuit sur sa lancée:
– On va le lui faire savoir, à cette Sicilienne, qu’on ne veut pas d’elle ici, ça commence par une et ça devient vite une invasion ! Tenez, signez la pétition ! Qu’elle aille s’installer rue du Fianchetto, elle y sera à sa place.
Utilisez les noms des quartiers et des personnages qui suivent pour raconter une tranche de vie à l’intérieur de cette ville.
La partie française – La partie anglaise – La rue du Fianchetto – Le Boulevard Traxler – Le quartier letton – La Tour blanche – La Découverte – La rue de Steenwijk – Restaurant de la Fourchette royale – Café de la Régence – Le square Tartacover – La statue du grand Turc automate – Le Pré catalan – L’Avenue de la Volga – La place de Budapest – Le Grand roc – L’Immeuble Gambit-Roi – La Casa Rossolimo – L’Orang-outan, café associatif – La piscine de l’Hippopotame – La M.J.C. Diagonale.
La Sicilienne – La Scandinave – La Hollandaise – Monsieur Nimzovitch – Madame Philidor – Monsieur Larsen – Monsieur Tarrasch – Madame Staunton – Monsieur Bird – L’évêque noir – Le cavalier Pieuvre – Emilie Paulsen – Sabine Maroczy – Miguel Najdorf – Robert Fischer – Gaby Marshall – Caro(line) Kann – Sophie Alekhine – Mlle Frauke Grünfeld – Olga Tchigorine – Marc Taïmanov, pion empoisonnant – Le docteur Hérisson.
C’est un article publié cette semaine, à propos de la traque organisée par les héritiers de Hergé contre toute utilisation posthume de ses héros, qui fait se poser la question, une fois de plus: mais comment font-ils?
Quelle armée de censeurs utilisent-ils pour écumer la toile et y détecter tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à Tintin, Haddock, Milou et les autres?
Selon l’auteur d’un nouveau livre sur la question, les héritiers dépenseraient environ deux millions d’euros par an, uniquement en frais de procès.
A quoi l’héritier répond que, vu qu’ils en gagnent huit sur dix, ça leur fait plutôt une rentrée d’argent.
Bref, c’est en voyant un groupe fb au nom de TINTIN et où se trouvent des tas d’illustrations comme celle en haut de page, que l’Adrienne s’est demandé: quousque tandem, Nick?
Jusqu’au premier janvier 2054 😉
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Hier sur ce groupe fb étaient rassemblées des photos de fausses couvertures de Tintin, pour illustrer des titres de Lovecraft.
Qu’elle est belle en noir! se dit-il en admirant son teint pâle et délicatement rosé, qui contrastait si dramatiquement avec les boucles sombres et les vêtements de deuil.
Il lui prit la main, elle se laissa un peu aller contre lui, l’air de rien, comme une pauvre petite chose sans force, une femme éprouvée, affligée d’une souffrance qu’elle voulait digne, un peu hautaine même.
Oui, porter fièrement l’adversité, voilà ce qu’elle avait décidé de montrer.
– Merci d’être là, lui souffla-t-elle, c’est si bon d’avoir un bras fort auquel s’appuyer. Oui, je suis bien lasse et vous, vous êtes un ange…
C’est alors exactement qu’il s’est levé, et en s’appuyant encore un peu plus fort contre ce corps d’homme, elle sentit que le mot était mal choisi.
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Merci à Monsieur le Goût pour ce 173e devoir où il nous propose un tableau d’Émile Friant.
Tout a commencé par une émission de télé hollandaise.
Le journaliste en balade à Knokke – toujours un bon endroit pour faire le buzz – a poussé son micro sous le nez de deux dames et les a priées de lui dire ce qu’elles pensaient de ceci et de cela, en un mot des estivants qui viennent à Knokke.
On sait à l’avance ce que ces dames vont dire et ça n’a pas raté, elles l’ont dit: que c’était tout de même regrettable le manque de tenue de certains touristes.
Malheureusement, le néerlandais n’étant pas leur langue maternelle, elles ont parlé de « culotte courte » (korte broek) alors qu’elles voulaient dire « slip de bain ».
Et qu’en plus ces gars qui se baladent dans la ville en maillot de bain trimballent avec eux leur « frigobox« , chose que déjà feu le bourgmestre précédent regrettait profondément en 1990.
Si tu viens à Knokke, dépense à Knokke 😉
Évidemment, avec cette histoire de culotte courte, les Hollandais savaient qu’ils tenaient un filon en or: ils ont délicatement découpé ce petit passage de leur reportage et « mis sur youtube » où il a eu le succès qu’on peut imaginer. On en a parlé même en Espagne 😉
Tollé général dans la presse flamande et sur les réseaux (a)sociaux avec comme argument que « la plage est à tout le monde » et pour le prouver un type a créé un événement sur fb: le week-end dernier avait lieu un grand rendez-vous à Knokke, où il fallait bien sûr venir « en culotte courte » et armé de l’indispensable frigobox.
Quarante-sept mille personnes étaient attendues – 47 000 avaient répondu favorablement à l’appel sur fb – la police de plusieurs communes était prête au cas où… et des journalistes de tout poil aussi, bien sûr.
Mais – et c’est là qu’on rigole – on ne sait même pas si la poignée de culottes courtes venues à Knokke ce jour-là y étaient en réponse à l’appel ou juste par hasard, parce que c’était de toute façon leur intention.
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encore une bonne caricature de Lectrr à propos de la chose 🙂
Non pas celle qui vérifie si vous avez votre billet, celle qui conduit la machine.
Hier, alors qu’elle était en gare de Bruxelles et passait sa jolie tête par la fenêtre, en attendant le moment du départ, un type s’adresse à elle:
« C’est vous qui allez conduire ce train? Vous êtes pourtant bien blonde! Vous êtes déjà adulte au moins? Faut pas avoir 18 ans pour pouvoir conduire un train? »
Vous avez trois hypothèses:
1.il se croit spirituel 2.il croit véritablement lui faire un compliment 3.il a du mal avec l’idée de l’égalité entre hommes et femmes
La petite Julie et ses quelques collègues féminines, qui reçoivent régulièrement ce genre de « traits d’humour » de la part de certains messieurs, les classent définitivement dans le numéro 3.
Une fois de plus, il avait eu une de ses explosions de colère, comme il lui arrivait si souvent, avec de ces mots cruels qui ne ratent jamais leur cible, puis il s’était tranquillement installé dans son fauteuil face à la baie vitrée, laissant les dégâts et leurs conséquences à d’autres.
– Vous êtes là pour ça, disait-il.
Et rien, ni dans sa voix ni dans ses gestes, ne trahissait le moindre remords.