T comme Terremoto

– Call me Pablo, please, dit-il en souriant de toutes ses blanches dents et son regard était aussi caressant que la pression de ses doigts sur la main tendue de l’Adrienne, qui avait évidemment vingt ans de moins qu’aujourd’hui 😉

– Je vous ai réservé ce qu’il y a de mieux comme hôtel, dit-il encore, ce n’est pas à Valparaíso mais juste à côté, à Viña del Mar. Vous verrez, c’est magnifique!

En effet, c’était magnifique, un hôtel ressemblant à ceux qu’il y avait dans les années trente à la côte belge, une sorte de tarte à la crème à plusieurs étages, située sur un rocher noir, entourée sur les trois quarts par l’océan Pacifique si mal nommé.

Du bleu, du noir et du blanc et tout ça brillait au soleil, les verres fumés auraient dû exister en force cinq pour en supporter la vue en plein midi.

– N’est-ce pas, dit-il en cherchant l’approbation, que c’est le paradis, ici?
Nous n’avons qu’un seul inconvénient: c’est que la terre bouge beaucoup et souvent. Mais vous verrez, on s’habitue! Vous n’avez rien à craindre!

Cette nuit-là, en effet, la terre lui a tout de suite donné raison: elle a bougé, et beaucoup, au point que l’Adrienne, qui vivait cela pour la première fois, n’a pas tout de suite compris pourquoi son lit était secoué de cette façon.

Et par la fenêtre ouverte, on voyait et on entendait gicler les vagues jusqu’à hauteur de la terrasse.

***

écrit pour le devoir 140 de Monsieur le Goût – merci à lui – qui propose un tableau d’Edward Hopper.

44 commentaires sur « T comme Terremoto »

  1. Jamais connu ça moi non plus, ce doit être si impressionnant, surtout qu’on ne connaît pas l’ampleur à l’avance bien sûr.
    As.tu ressenti de la peur ou pas eu le temps:-) ?

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    1. Étonnement : c’est quoi, ça ? C’est ça, un tremblement de terre ? Et combien de temps ça va durer?
      Inquiétude : Est-ce que je dois faire quelque chose ? Sortir de la chambre ?
      Puis ça s’est arrêté 😉

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  2. Au bord de la mer ce doit être impressionnant, car on craint le tsunami 🌊
    C’est arrivé à mon fils aîné, à la ferme, sa compagne et leurs enfants n’ont rien senti et l’ont pris pour un « fou », et puis dans l’a journée j’ai lu sur le net qu’il y avait eu un tremblement de terre à une trentaine de kilomètres de chez eux : https://www.francebleu.fr/infos/environnement/video-il-y-a-un-le-village-du-teil-en-ardeche-etait-devaste-par-un-seisme-1604938150
    Cela l’a rassuré sur son état mental, par contre c’est triste pour ceux qui l’ont subi.

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    1. oui on a senti ça en Belgique un jour aussi, mais sans dégâts.
      un tsunami, à l’époque, je ne savais même pas que ça existait 😉
      pourtant c’est ce qu’il y a eu déjà à l’époque de Voltaire, au Portugal!

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    2. Ce jour là, nous qui habitons à côté d’une voie de chemin de fer, nous avons pensé:
      « mais c’était quoi ce train qui nous a réveillés en faisant trembler la maison? »
      et puis, un peu comme Fabie, nous avons appris que ce n’était pas un train fou mais un tremblement de terre …

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    1. pas de bruit de couloir, rien d’autre que ce grand étonnement (c’est donc ça, un tremblement de terre?) et se demander si le plafond va tomber sur la tête ou pas 😉 puis c’est fini, calme plat 🙂

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    1. Pablo prétendait que ça ne l’avait même pas réveillé 😉
      moi ça m’a inspiré une phrase pour un exercice sur l’accord du pp suivi de l’infinitif, que j’ai employée chaque année par la suite:
      est-ce que le COD fait l’action de l’infinitif? oui? alors il faut accorder: la terre, je l’ai sentie trembler 🙂

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      1. Ce n’est pas si net.
        J’ai appris que dans ce cas, le COD est « trembler », pas « la terre ».
        La terre, je l’ai sentie.
        La terre je l’ai senti trembler.
        Les fleurs que j’ai cueillies
        Les fleurs, je les ai senti frissonner sous le vent.
        C’est du moins ce qu’on m’a appris entre 1954 et 1959.
        Cela dit, ce qui fait la langue, c’est l’usage, donc…
        (pas le peine de me dire que je ne suis pas jeune, je m’en rends compte tous les matins… 😉 )

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  3. Ca a dû quand même bouger pas mal pour que ça te réveille…Parfois, j’imagine les volcans auvergnats se réveiller, de me demander si, à 60km des volcans, on serait touché…Une fois, nous avons senti une toute petite secousse, mais pas de quoi me faire peur…On en fait tellement voir à la terre qu’elle va finir par se rappeler à nous…D’ailleurs, ça a déjà bien commencé avec les troubles météorologiques. Je ne me suis pas encore remise de la grêle de début juin, nos maisons non plus d’ailleurs..

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  4. Je n’ai ressenti qu’une fois un tout petit tremblement de terre. C’était si léger que je ne l’ai cru qu’en lisant la nouvelle dans le journal…
    Ça a l’air magnifique, le Chilli! Ma fille a tellement aimé les 6 mois qu’elle y a passé qu’elle y retourne l’année prochaine, mais moins longtemps cette fois-ci!

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