J comme Je le lis chez ma coiffeuse

On a rarement rencontré quelqu’un d’aussi bien informé. Sur ce qu’il faut manger ou pas pour devenir centenaire en gardant la ligne et la santé. Sur les amours des stars. Même si on sent le mépris dans sa voix quand incidemment le sujet est abordé.

Mais jamais on n’a rencontré quelqu’un d’aussi bien informé sur le Gotha. On sent que les généalogistes n’auraient plus rien à lui apprendre. Que ces articles-là sont passés à la loupe. Que la réputation du magazine et du journaliste dépendent d’un petit rien, d’une vétille, d’une erreur de jugement, de date, de légende sous une photo. Les écueils sont si nombreux.

On sait depuis longtemps qu’elle est incollable sur le sujet. On pourrait la croire dans l’intimité des rois et des reines, même de celles et ceux qui sont morts depuis deux siècles. On sait lesquels ont sa sympathie, et en quoi ils l’ont méritée. On sait aussi en quoi certains – le plus grand nombre, en fait, comme tous les Grimaldi et la plupart des Windsor – ont démérité.

Et quand on lève un sourcil étonné en entendant une nouvelle diatribe à l’adresse d’une malheureuse princesse qu’on peut à peine situer, arrive la classique petite phrase clôturant le sujet:

– Je l’ai lu chez ma coiffeuse. 

***

D’après une consigne de Joe Krapov, que je remercie: Ecrire comme Philippe Delerm.
L’auteur de « La première gorgée de bière » a publié récemment « Et vous avez eu beau temps ? » 

Il applique la même recette dans ce recueil : chaque texte ne contient pas plus de quarante lignes. L’auteur écrit au présent et use et abuse du pronom « on » et de phrases courtes pour raconter des événements de la vie quotidienne. Dans ce style-là vous écrirez deux ou trois petits textes dont le titre sera choisi dans cette liste :

Et vous avez eu beau temps ? – Renvoyé de partout – Je le lis chez ma coiffeuse – N’oubliez pas… – Je me suis permis – Et tu n’as rien senti venir ? – Il faudrait les noter – Il n’a pas fait son deuil – Un jour peut-être vous jouerez là, vous aussi – Tais-toi, tu vas dire des bêtises – C’est pas pour nous – Et prends-toi quelque chose – Là on est davantage sur… – J’te joue d’l’harmonica – En même temps je peux comprendre – Vous êtes un type dans mon genre – C’est grâce au collectif – Abruti, va ! – Chez nous c’est trois – Tiens, rends-toi utile – Nous allons vous laisser – On l’a déjà vu dans quoi, déjà ? – C’est juste insupportable – Où sont les enfants ? – Il aimait ça le Monopoly – Je sais pas ce qu’on leur a fait aux jeunes – On était bien sous la couette – On peut peut-être se tutoyer ? – Ça finit quand ? – Je préfère Gand à Bruges – Ça pousse et ça nous pousse – Ils n’articulent plus maintenant – C’est pas pour dire mais – J’dis ça, j’dis rien – Pour être tout à fait honnête avec vous. – Oui, mon brave Milou – Ne rentre pas trop tard, ne prends pas froid ! – Vous me flattez – Tu n’as pas lu « Au-dessous du volcan » ?

23 commentaires sur « J comme Je le lis chez ma coiffeuse »

  1. On l’a lu chez Adrienne et on est surpris. On ne savait pas la plupart des Windsor avaient démérité. Harry ne s’est-il pas récemment rangé? Et William et Kate n’ont-il pas déjà trois charmants bambins?
    😉

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  2. Je n’ose penser ce qu’elle dit de la famille royale espagnole….hum, hum.
    C’est curieux cette fixation qu’ont certaines pour les têtes couronnées; je le mets au féminin car je ne connais aucun homme qui soit atteint de cette lubie. Peut-être passent-ils moins de temps chez la coiffeuse?????
    Bon dimanche Adrienne.

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  3. De têtes couronnées, je ne connais que celle de Louis XIV qui roula dans le son et celle d’Edouard VII qui ne se préoccupa pas tant de sa tête que de sa …
    Je le sais pour avoir vu le fameux « Fauteuil de volupté » qui lui fut un utile auxiliaire lors de visites d’Etat dont il passa l’essentiel au Chabanais.
    Pour le reste, ce que j’en sais est que le presse qui traite du sujet est forte de vente et de tirage (!) que la presse d’information regarde avec envie…

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    1. il y aurait un billet « stupeur et tremblements » à faire sur le jour où j’ai constaté que la fille la plus intelligente de la classe et issue du milieu le plus cultivé, était fan raide-dingue de William et Kate…
      je pense que c’est en grande partie la faute à la « Disneyisation » ambiante 😉
      (je fabrique le mot à l’instant mais on l’aura compris)

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      1. c’est un peu la classe du petit Nicolas et ses copains sauf que chez Sempé et Goscinny ce sont de vrais enfants de huit ans et qu’ici c’est un peu de tout (mais c’est rigolo quand même)
        avec mes élèves j’ai déjà « étudié » quelques fois leur sketch La ZUP

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  4. Je dois dire que ça m’a rappelé une dame italienne très inculte (pas sa faute…) qui lisait des magazines débiles où on relatait mot pour mot les disputes entre Charles et Lady Di. Je lui demandais « le journaliste était caché sous le lit? » Et elle, vexée, « xè tuto vero » (tout est vrai en dialecte polésan…). Je dois préciser que Charles avait un vocabulaire en dessous de tout!

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  5. Je n’ai jamais réussi à m’intéresser aux « people » mais je suis sans doute anormale.
    Si une chose a le don de m’énerver, c’est bien l’hystérie des média, même d’information, lors d’évènements concernant les familles royales.

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    1. anormale est un bien grand mot, ou alors nous sommes déjà deux à l’être 😉
      votre commentaire me fait penser à une planche de Gotlib dans le journal Pilote, où il montre comment Leon Zitrone est complètement tourneboulé en commentant en direct la retransmission télévisée du couronnement de la reine d’Angleterre… à l’époque où je l’ai lue, je n’en avais pas saisi tout le sel 😉

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  6. Léon Zitrone a laissé sa place à Stéphane Bern … il y a bien quelques messieurs qui se passionnent pour le Gotha alors que d’autres sont incollables sur les résultats des matches de foot et de rugby. Ici, c’est la corrida ! 😦

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    1. Il y a des mises à mort lors des corridas en France … pour ce qui se passe dans les arènes de la ville où je réside, je ne sais pas car je ne comprends pas le langage très codifié utilisé mais je subodore que la réponse est oui. Auparavant il y aura eu la grand-messe dans l’enceinte !

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