Y comme Yuiwakamiya

L’Adrienne, qui trouve déjà terriblement exotique la littérature russe, avec ses noms, prénoms, noms du père et diminutifs affectueux, tout ça pour chacun des personnages, est en ce moment plongée dans plus exotique encore: un roman traduit du japonais 🙂

Un véritable cadeau pour l’abécédaire et la lettre K dès les premières pages du livre: Kamakura, Kanagawa, Kyûshû, kyô-bancha (thé vert).

On n’y boit et mange que des choses tout à fait inconnues de la lectrice: kombu, karintô, purée d’azuki ou sauté de liseron d’eau.

Même le calendrier n’offre pas de repères occidentaux: shôsho (aux alentours du 7 juillet), risshû (vers le 7 août), délimitent la saison pluvieuse de l’été et de l’arrière-saison.

Les vêtements (inconnus, comme les geta, que la narratrice fait claquer sur le sol, donc on suppose que ce sont des chaussures ;-)), les rituels (inconnus) dans des sanctuaires (exotiques), et tout ce qui concerne les différents alphabets japonais et chinois, les encres, leur fabrication, leur utilisation, les pinceaux, les crayons, les diverses sortes de papier, les styles d’écriture, l’importance du choix des timbres…

Bref, dans le train pour Bruxelles l’Adrienne était au Japon 🙂

***

Et un peu en Belgique aussi, à la page 113:

« J’ai opté pour du vergé crème fabriqué en Belgique, un type de papier utilisé depuis longtemps par les familles royales et nobles d’Europe. Les vergeures – les marques laissées par les fils du tamis utilisé pour fabriquer le papier, qui lui donnent son nom – forment des aspérités ténues, pareilles à des rides, qui projettent de subtiles ombres sur la feuille blanche. Au toucher, ce papier a la chaleur du fait main, il en émane bienveillance et douceur. C’était parfait pour communiquer les sentiments de Monsieur Sonoda. » (1)

Ito Ogawa, La papeterie Tsubaki, traduit par Myriam Dartois-Ako, éd. Picquier, 2018.

(1) et les miens à l’amie qui m’a offert ce cadeau 🙂

44 commentaires sur « Y comme Yuiwakamiya »

  1. Ah oui, à chaque pays, culture, ses spécialités. Mon amie japonaise prépare souvent des karintō avec du sucre brun, miam !
    Je lis en ce moment une trilogie Islandaise, que je trouve magnifique, absolument dépaysante, où on mange Kjötsúpa, Skyr, Plokkfiskur ;-))

    Un roman délicat que j’ai apprécié.

    Bonne journée dame Adrienne

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    1. @Colo : quelle trilogie islandaise lisez-vous ?

      Quant à « La Papeterie Tsubaki « , ce fut un bonheur de lecture et une leçon d’attention à autrui dans une atmosphère inconnue en occident. Ce n’est pas le livre que j’aurais choisi pour un voyage en train, pour moi, sa lecture requiert la stabilité de mon fauteuil préféré.

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      1. Merci pour votre réponse si rapide, le traducteur a fait un travail remarquable. (Oui, je l’ai déjà lu et espérais une découverte). Je me prends à rêver de longues nuits alors que les jours allongent déjà.
        Bonne journée.

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  2. « Aspérités ténues », « ombres subtiles », « la chaleur du fait main » dont émanent bienveillance et douceur… peut-on imaginer culture plus raffinée ? Mais, stupeur et tremblements, ce sont aussi les Japonais qui adoptent des robots-chats et autres créatures synthétiques… 😲
    Jamais je ne comprendrai mais je veux en lire davantage sur « La papeterie Tsubaki ».
    Merci Adrienne.

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  3. Imaginons alors à quel point la banalité de notre quotidien peut paraître exotique à l’autre bout du monde. 😉
    J’imagine la perplexité d’un Mantawa d’Indonésie devant un boulet-frites !

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    1. le souci de la forme est extrême et la forme semble extrêmement codée! ça a quelque chose de dangereux, je trouve.
      je ne vais pas jusque-là, même si je sélectionne soigneusement les cartes en fonction de leur destinataire et parfois aussi le timbre 😉

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      1. Dangereux? je ne sais pas, je ne comprends pas…
        Extrême, oui.
        J’ai surtout vu la beauté dans la réflexion et le soin apporté à la rédaction de chaque lettre.

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      2. je crains que plus la communication est complexe, pleine de sous-entendus et de codes à déchiffrer, jusque dans le choix de l’encre, du papier, de la forme d’écriture etc, en plus du choix déjà fort complexe des mots et des formulations, le risque de malentendu augmente en proportion 😉

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  4. Je note ce livre ! j’ai lu aussi « Les Délices de Tokyo » de Durian Sukegawa qui a été aussi adapté en film. On y découvre les pâtisseries japonaises et une belle histoire avec une vieille dame.

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  5. Ce sera ma prochaine lecture, un cadeau de Noël qui tombe bien, après une lecture assez éprouvante dont je vais essayer de tracer les grandes lignes ce matin même.
    Ah le beau papier… Heureusement la papeterie de mon quartier continue à fournir du papier à lettres Pelletier, une marque belge à laquelle je reste fidèle.
    Bonne journée, Adrienne la voyageuse et vivent les voyages littéraires !

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    1. il y a aussi une papeterie belge page 180:
      « Elle avait apporté une carte, choisie par ses soins.
      – Quelle jolie carte!
      J’étais subjuguée, je n’en avais jamais vu d’aussi belle.
      – Je l’ai trouvée dans une petite papeterie en Belgique. […]
      C’était une carte gaufrée, embossée d’un motif végétal.
      – C’est du papier ancien? […]
      En réalité, j’avais envie de plaquer la carte contre ma joue et de l’y frotter. C’était comme caresser le dos d’un chat de race, la matière était somptueuse. »
      Toi qui as un chat, tu comprends 🙂

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  6. Ouais ! J’ai compris pourquoi ça t’a plu !!!
    C’est que ça commence fort : « Au début, j’étais plutôt mal à l’aise. Parce que, imaginez un peu, j’entends tout ce qui se passe chez la voisine. » :o)

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  7. Nous avons des amis qui adorent aussi le Japon et en rapportent des trucs bizarres à manger : de la pâte de haricots rouges ou des sauces épicées très relevées. Nous n’y avons jamais mis les pieds mais Marc apprécie le whisky japonais.

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    1. du whisky japonais! sapristi 🙂
      ce qui m’étonne dans ce bouquin c’est qu’on trouve normal d’utiliser les termes japonais sans les expliquer, un exemple parmi plus de cent, p. 291:  » Dans ce cas, on peut aussi mettre des onigiri à griller? »

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      1. Moi j’aime bien que ça ne soit pas expliqué justement.
        J’ai déjà lu plusieurs romans japonais et c’est souvent comme ça. C’est ce qui m’emporte ‘ailleurs’.
        Parfois je me contente d’imaginer, d’autres fois je cherche plus précisément de quoi il s’agit.

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  8. Merci de me rappeler le nom de cet auteur, k’avais beaucoup aimé « Le restaurant de l’amour retrouvé » !
    Je suis d’accord avec la citation : le papier vergé ivoire est l’un de mes papiers préférés (j’en ai un petit stock, datant de l’époque où il était d’usage pour ma correspondance professionnelle)

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