U comme Universel

Ce qu’il y a de bien, au Grote Post, c’est qu’on peut s’y installer pour déguster des crevettes fraîchement pêchées de la nuit, fraîchement épluchées, qu’on peut y rester aussi longtemps qu’on veut, que le personnel est gentil et qu’on y trouve de la lecture.

Par exemple, la brochure de la saison culturelle ostendaise, où le chanteur belgo-portoricain Gabriel Rios Flore – il est arrivé de son Puerto Rico natal à Gand à l’âge de 17 ans – dit ceci:

« Pour moi la Belgique était exotique et je trouvais les gens intéressants. Les Belges sont réservés, quand ils n’ont rien à dire, ils se taisent généralement. Et ça, pour quelqu’un qui vient d’Amérique latine, c’est im-pos-si-ble. »

La chanson ci-dessous permet de conclure au moins deux choses: l’universalité de l’être humain (« je ne suis pas d’ici ni de là-bas ») et la différence de prononciation quand on est de « là-bas » et pas ibérique 😉

Repéré un peu tard, alors que ce billet-ci était programmé, voici tout de même le 132e devoir de Monsieur le Goût – merci à lui de poursuivre pendant les vacances, je n’osais pas y compter.

Elle avait attaché ses cheveux et mis ce qu’elle avait de plus sombre, optant même pour le total look noir dans l’idée que c’était chic et que ça mettrait en valeur la blancheur éblouissante de sa nuque dans l’arrondi du décolleté.

Lui trouvait de plus en plus agaçant cette manière qu‘elle avait de s’accrocher à son bras et de lui chatouiller la joue avec ses cheveux sous prétexte de lui glisser quelques mots à l’oreille.

Espérait-elle vraiment qu’il succombe à son charme ?

Quel charme, d’abord ?

Il trouvait ces bas noirs d’un goût douteux, surtout en ce juillet caniculaire, et l’odeur de son parfum le révulsait. Elle avait dû vider tout le flacon, elle empestait l’air autour d’elle.

Il devrait le savoir, pourtant, que c’est imprudent d’accepter un rendez-vous organisé par sa sœur – « Tu verras, elle va te plaire ! Vous avez tellement de choses en commun ! » – et cette visite au musée, qui normalement lui procure un kaléidoscope d’impressions et de sensations de joie et de bien-être, lui était pesante et interminable.

***

Les mots imposés étaient: attacher – sombre – éblouissant – kaléidoscope – agaçant – douteux – imprudent – succomber – révulser – stellaire

33 commentaires sur « U comme Universel »

  1. Merci pour ce double billet. Un Gabriel Rios qui rend hommage à la musique de l’Amérique latine et un gars qui ne rend pas hommage à sa sœur, nous voici comblés.
    🙂

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    1. je ne peux répondre que pour moi: je sais très bien me taire et on me le reproche souvent, toute petite on m’a déjà collé l’étiquette « taiseuse » et ma mère l’a encore répété à qui voulait l’entendre, pendant la semaine où j’étais chez elle 😉

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      1. Pareil pour moi : à l’athénée un prof m’avait surnommé « Walrus de zwijger » en référence au prince d’Orange Guillaume « le taciturne » célèbre dans nos bouquins d’histoire.

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  2. Merci de me rappeler le mot « terughoudend ». Un chouette endroit, cette Grote Post, à voir les photos – et en plus c’est ouvert tous les jours même le week-end. Bonne semaine, Adrienne, il fait plus frais ce matin.

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  3. Elle savait que la clim serait trop forte, c’est pour ça qu’elle a mis des bas noirs 😉
    Bon, les rencontres arrangées… ça ne marche pas souvent !
    Les mots comme toujours sont bien incorporés. 🙂

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  4. J’aime bien la façon dont tu as assorti les mots imposés. Comme le souligne Fabie, trés appropriés et tout à fait à leur place.
    Tu es une taiseuse ? Moi aussi, surtout quand je suis chez ma belle mère, je n’ai rien à dire, parce que sinon je peux au contraire être trés bavarde.
    Bonne journée

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