Question existentielle

gout

La première fois que mini-Adrienne a été punie, elle avait quatre ou cinq ans et jouait à ‘tikkertje‘ (1).

Une partie de la cour était mouillée parce que les femmes de ménage y avaient déversé leurs seaux et tout ne s’était pas écoulé.

Par conséquent, sœur Josiane avait interdit de poser le pied sur la partie humide.

Mais comment voulez-vous jouer à ‘tikkertje‘ et faire attention à la flaque tout en courant pour échapper à votre poursuivant?

Mini-Adrienne a vu trop tard qu’elle approchait de la zone interdite, a fait le plus grand bond dont elle soit capable, au-dessus de la flaque… mais hélas, sœur Josiane surveillait l’endroit. Mini-Adrienne a dû finir la longue récréation debout au milieu de la cour, sans bouger.

La honte.

Depuis ce jour-là, elle s’interroge beaucoup sur les punitions. Leur utilité. Leur bien-fondé. Sur le pouvoir et l’abus de pouvoir de celui qui les donne. Sur la honte et le sentiment d’injustice ou de révolte de celui qui les reçoit.

C’est sans doute pour ça que pendant toute sa carrière de prof, elle a toujours cherché à s’en passer.

***

(1) je crois qu’en français ça se dit ‘jouer à chat’, corrigez-moi si je me trompe.

Racontez-nous une histoire de pas sage, demandait le Goût-des-autres, qui a courageusement repris les devoirs de Lakévio. Merci à lui!

40 commentaires sur « Question existentielle »

  1. En voyant ma copine pleurer parce qu’elle ne pouvait pas résoudre un exercice, je lui ai passé un bout de papier avec la réponse.L’instit l’a vu et j’ai été punie.
    Je ne me souviens pas de la punition, je me souviens juste du sentiment d’incompréhension (je ne pouvais pas laisser ma copine pleurer sans tenter de l’aider)
    Je devais avoir 7 ans.

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  2. Tiens, ça me rappelle quand mon frère avait gagné 1600 « lignes » à un jeu d’enchères qui avait commencé à 25. Il refusait de les écrire et l’instit doublait la dose…

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  3. Ce qui était frustrant, à l’époque du moins, c’est qu’on ne pouvait pas expliquer, personne ne nous écoutait. D’où le sentiment d’injustice; pas par rapport à la punition mais sur la motivation du « délit ».
    Ainsi dans l’autobus que je prenais pour rentrer chez moi, des garçons d’une autre école m’avaient chipé mon béret d’uniforme et se le passaient. L’idée de perdre ce fameux béret (ma mère et mon prof auraient été furieuse) je me suis jetée dans la mêlée des garçons. Une prof m’a vue et dénoncée. Appelée chez la directrice, je devais avoir 9-10 ans, elle ne m’a pas demandé ce qui s’était passé. Et punition exemplaire.
    Comme tu dis donc!

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  4. J’ai été élevée dans l’injustice la plus totale, je l’ai combattue surtout au boulot, et on me disait « mais qu’est ce que cela peut te faire, qu’un tel ou un tel soit traité comme cela »…
    Quant à la honte devant les autres,mon frère dit qu’à genou en slip sur la terrasse, alors que ses copains venaient le chercher, il ne savait plus où se mettre !

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  5. On dit bien « jouer à chat » en français, mais comme toujours il y a des variantes : dans ma cour de récré on disait « jouer à la puce ».
    Quant aux punitions, je suis à 100 % de ton avis, j’ai moi aussi passé ma carrière à tenter de les éviter. J’ai eu un temps des classes dites d’accueil, avec des élèves n’ayant pas réussi l’école primaire ; certains collègues n’ont jamais compris que punir ces élèves en leur imposant de copier le règlement, c’était les empêcher d’apprendre à lire et écrire. Et mes remarques en ce sens me faisaient immanquablement traiter de laxiste.
    Il y aurait tant à écrire sur ce sujet …

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  6. Je vois que beaucoup ici ont été confrontés à l’injustice. Si comme Adrienne le dit, en avoir été victime pousse à la combattre, ce qui est en partie vrai pour une catégorie, cela contribue aussi, et c’est vrai pour l’autre catégorie, à devenir peureux, servile et à courber l’échine plus tard. Je pense même que c’est le cas le plus fréquent, normal d’ailleurs, puisque c’est le but. Nous avons eu la chance d’en réchapper.

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  7. Des punitions, il y en a eu, à l’école, à la maison, mais il ne me semble pas en avoir été marquée à ce point. En lisant ton billet, je me suis rappelé une compagne de classe avec qui je partageais le banc et des fous rires monstrueux, qui nous faisaient mettre à la porte, des souvenirs plutôt drôles rétrospectivement.

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    1. en secondaire avec ma meilleure copine on a eu des fous rires comme ça, oui, comme la fois où le prof nous a appelées près de lui après le cours pour nous sermonner en nous disant « vous semblez bien vous amuser à mon cours, toutes les deux? » et qu’on a répondu « oui!!! » en pouffant de rire 🙂

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  8. Il est primordial qu’une punition soit proportionnelle à la faute. Toute chose étant relative, chacun évalue la gravité d’une faute à sa façon, même chose pour la punition. La vraie question est peut-être celle-ci : une punition est-elle toujours nécessaire? Pourrait-elle être mutée sous la forme d’un projet ou d’une mission?

    GL

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  9. Ta conclusion est le noeud du problème : les enseignant(e)s de mon temps étaient des p(m)ère-fouettards qui ne se posaient aucune question sur le bien-fondé des punitions qu’ils ou elles infligeaient. Mes Ursulines voulaient faire de nous des petites filles modèles comparées à celles de « l’école du diable »
    J’espère pouvoir poster mon commentaire cette fois

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      1. quand j’étais en secondaire, certains profs disaient pire que pendre quand ils parlaient de « l’école de l’Etat », l’école sans Dieu et donc sans valeurs… et ce qui me choquait c’est qu’ils en parlaient sans savoir (sur quoi se basaient-ils?)

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      2. Chez moi, à l’école du diable, on disait pis que pendre de « l’école libre » ! 😉
        Et bien sûr je n’avais qu’une envie c’était d’y aller …

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      3. Walrus, il y avait ce jeu à la RTB de l’époque, j’ai vu ça chez mes grands-parents, où des écoles s’affrontaient… ça te dit quelque chose? étonnement complet quand un athénée s’avérait bon candidat 😉 stupéfaction quand un athénée a gagné 😉
        mais pour moi ça voulait dire que les choses n’étaient pas aussi simples qu’on nous les présentait

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      4. Nicole, j’aurais bien aimé aller me rendre compte sur place, dans l’athénée de ma ville, pour voir et vérifier par moi-même comment étaient les profs, les élèves, les cours …

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