W comme wagon de train

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Ça faisait longtemps que Madame n’était plus montée dans un train au départ de sa ville. C’est pourtant une belle occasion de bavarder avec les plus jeunes anciens élèves, ceux qui sont en route vers leur campus. Ceux qui ne sont pas « en kot ». Comme Meher et Omar.

Toi, dit-elle à Omar, je t’ai déjà souvent cité en exemple. Il sourit avec fierté. C’est vrai qu’il a du mérite, vu qu’il est un des rares à réussir un master après avoir suivi une filière technique.

Moi, dit Meher, j’ai trop de choses qui me distraient. Madame n’a pas bien entendu s’il a utilisé le mot ‘verleiding‘ (tentation) ou ‘afleiding‘ (distraction), elle suppose que ce sera les deux à la fois.

Mais là, on va à notre cours, dit-il de son air le plus convaincu. Bien sûr! What else?

Travaillez bien! leur dit Madame en les quittant.

30 commentaires sur « W comme wagon de train »

  1. C’est vrai que Omar est admirable. Souvent, les élèves du technique se découragent et abandonnent leurs études supérieures après un mois ou deux..

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    1. ce n’est pas une question de découragement, c’est qu’ils n’ont pas les bases nécessaires (en maths, en économie, en langues) pour un master en sciences économiques, donc il a dû combler toutes ces lacunes (et bien sûr avoir les capacités intellectuelles… parfois un élève se retrouve dans une filière technique pour de mauvaises raisons)

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    1. je peux aussi mettre le temps entre parenthèses pendant un trajet en voiture, mais le train a un ou deux avantages (surtout pour ma conscience écologique, pas au niveau du stress parce que j’ai failli rater ma correspondance, au retour)

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      1. Eh oui, c’est monnaie courante avec les trains d’aujourd’hui ! Dire que j’ai connu une époque où on pouvait régler sa montre sur le passage des trains…

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      2. c’est précisément à ce moment-là qu’ils sont apparus sur notre continent, rappelle-toi la description dithyrambique de Victor Hugo après son premier voyage en train 🙂

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      3. J’ai fait hier la course d’Anvers à Bruxelles et le retour. Je partais à quatre heures dix minutes et j’étais revenu à huit heures un quart, ayant dans l’intervalle passé cinq quarts d’heure à Bruxelles et fait vingt-trois lieues de France. C’est un mouvement magnifique et qu’il faut avoir senti pour s’en rendre compte. La rapidité est inouïe. Les fleurs du bord du chemin ne sont plus des fleurs, ce sont des taches ou plutôt des raies rouges ou blanches; plus de points, tout devient raie; les blés sont de grandes chevelures jaunes, les luzernes sont de longues tresses vertes; les villes, les clochers et les arbres dansent et se mêlent follement à l’horizon; de temps en temps une ombre, une forme, un spectre, debout, paraît et disparaît comme l’éclair à côté de la portière; c’est un garde du chemin qui, selon l’usage, porte militairement les armes au convoi. On se dit dans la voiture : C’est à trois lieues, nous y serons dans dix minutes. Le soir, comme je revenais, la nuit tombait. J’étais dans la première voiture. Le remorqueur flamboyait devant moi avec un bruit terrible, et de grands rayons rouges, qui teignaient les arbres les collines, tournaient avec les roues. Le convoi qui allait à Bruxelles a rencontré le nôtre. Rien d’effrayant comme ces deux rapidités qui se côtoyaient, et qui, pour les voyageurs, se multipliaient l’une par l’autre. On ne se distinguait pas d’un convoi à l’autre; on ne voyait passer ni des wagons, ni des hommes, ni des femmes, on voyait passer des formes blanchâtres ou sombres dans un tourbillon. De ce tourbillon sortaient des cris, des rires, des huées. Il y avait de chaque côté soixante wagons, plus de mille personnes ainsi emportées, les unes au nord, les autres au midi, comme par l’ouragan. Il faut beaucoup d’efforts pour ne pas se figurer que le cheval de fer est une bête véritable. On l’entend souffler au repos, se lamenter au départ, japper en route; il sue, il tremble, il siffle, il hennit, il se ralentit, il s’emporte; il jette tout le long de sa route une fiente de charbons ardents et une urine d’eau bouillante; énormes raquettes d’étincelles jaillissent à tout moment de ses roues ou de ses pieds, comme tu voudras, et son haleine s’en va sur nos têtes en beaux nuages de fumée blanche qui se déchirent aux arbres de la route. On comprend qu’il ne faut pas moins que cette bête prodigieuse pour traîner ainsi mille ou quinze cents voyageurs, toute la population d’une ville, en faisant douze lieues à l’heure. Après mon retour, il était nuit, notre remorqueur a passé près de moi dans l’ombre se rendant à son écurie, l’illusion était complète. On l’entendait gémir dans son tourbillon de flamme et de fumée comme un cheval harassé.

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      1. D’où l’avantage des ordis de bureau, il n’y a que le clavier qui souffre (et mon épouse ayant eu la même aventure, je lui ai acheté un clavier étanche).

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  2. Je trouve qu’il n’y a rien de plus passionnant que de parler avec des jeunes en devenir. Encore faut-il savoir les écouter et quelquefois démêler….

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    1. savons-nous de quels métiers nous aurons besoin dans dix ans? non, hélas.
      Je peux tout au plus dire à un(e) élève qui voudrait faire la criminologie: « tu crois que tu vas gagner ta croûte avec ça? » (je parodie mon père quand je lui ai annoncé que je voulais étudier l’archéologie ;-))

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  3. Bon jour,
    Études pas études ? Métier d’avenir ou pas … pour ma part cancre, cela ne m’empêche pas de construire une vie … Le souci est que l’on veut des « hauts » diplômés … on a détruit les petits diplômes, on a dévalorisé beaucoup de métiers indispensables … le Progrès sous l’angle de notre société est une erreur … la technologie (au sens large) a modifié en profondeur la société constituée d’humains qui eux « rament » …
    Max-Louis

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    1. rien n’est simple en ce monde global, même une bête chemise a fait plusieurs fois le tour du globe en pièces détachées avant d’être vendue chez nous…
      (je refuse le mot cancre, qui n’existe d’ailleurs pas en néerlandais ni dans aucune langue que je connais, où on a chaque fois besoin de donner une définition)

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