W comme WAT?

Parmi les nombreux travaux à faire pour devenir institutrice maternelle, Nabila en avait un dans le cadre d’un projet artistique.

D’une journée à Gand, elle avait rapporté des photos de grands murs peints.

Wat? dit Madame, alors qu’on a tous ces murs magnifiques ici, dans notre ville, et qu’en plus ils entrent parfaitement dans le cadre de ta formation!

Mais Nabila n’est pas au courant.
Ah bon? des murs peints? Ici? jamais vus!
Et créés par des illustrateurs de livres pour enfants?
Echt waar? Vraiment?

Bref, elle en avait sélectionné cinq – à Gand, donc – et devait en faire la présentation.

– Ce qui m’a le plus étonnée, dit-elle, c’est de constater qu’il y a aussi des femmes qui font des peintures murales.

Wat? refait Madame, toujours prête à tomber à la renverse d’étonnement. Wat? C’est une fille d’aujourd’hui qui me dit un truc pareil? Mais bien sûr que des femmes peignent! Les femmes savent tout faire! Absolument tout! dit-elle encore avec emphase et de grands gestes de bras – oui Madame parle avec tout son corps.

Alors samedi matin quand elle a vu ce tableau chez Monsieur le Goût elle a tout de suite pensé à la conversation avec Nabila: oui, les femmes savent tout faire, voyez donc celle-ci, avec sa faucheuse et sa pierre à aiguiser!

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Encore merci à Monsieur le Goût d’avoir tenu le coup trois ans avec ses devoirs du lundi.

Wat? s’est-elle exclamée en lisant son billet, le 156e devoir du lundi sera le dernier?

W comme Wat?

Peut-être n’était-ce pas une si bonne idée de passer tout l’après-midi et toute la soirée de samedi dernier à copier, coller, classer et relire tous les messages que l’Adrienne et sa Tantine se sont envoyés par Messenger depuis janvier 2013.

Dix ans de vie qu’elle a relus avec plaisir, avec émotion et qui bien sûr lui ont fait passer une nuit blanche 😉

Mais sans regrets.

Il y avait là-dedans des petites choses de 2013 et de 2014 qu’elle s’est empressée de communiquer aux deux petites-filles de la Tante, les aînées de ses cinq petits-enfants.

Après le décès de leur grand-mère, elles avaient eu peur d’oublier tous les souvenirs qu’elles avaient gardés d’elle, et la Tantine elle-même écrivait en 2013 qu’elle espérait vivre au moins encore cinq ans, pour que les plus jeunes de ses petits-enfants aient huit ans, l’âge requis, selon elle, pour avoir de vrais souvenirs de quelqu’un.

L’Adrienne ne cesse de dire aux grands-parents autour d’elle combien il est important de faire passer leurs souvenirs, d’écrire leur récit de vie pour leurs petits-enfants, et par bonheur, elle a réussi à en convaincre la Tantine: sa fille et sa petite-fille ont reçu d’elle un cahier, un cahier qui leur est très précieux, leur seul regret est que la Tantine y ait commencé trop tard, quand elle était déjà malade.

Alors mardi dernier, en voyant cet article, l’Adrienne ne pouvait qu’applaudir: on y propose une liste de questions auxquelles répondre pour servir de fil, de guide, d’idées de transmission de son récit de vie à ses petits-enfants.

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Ci-dessous, parmi les 70 questions, celles commençant par le mot interrogatif « wat? » – celle en gras a été choisie comme titre de l’article.

Quel était ton endroit favori de la maison de ton enfance?
Qu’est-ce que tes parents t’ont appris?
Comment étaient tes parents?
Quelles sortes de choses as-tu conservées et pourquoi?
Tu avais quelles sortes d’amis?
Quel était ton style de vêtements?
Comment étais-tu quand tu étais enfant? adolescent? jeune adulte?
Qu’est-ce qui t’a vraiment formé, et qui?
Quelle était ta vision de l’amour quand tu étais ado?
avec quelles attentes?
Qu’est-ce que tu crois, qu’est-ce que tu trouves important?
Qu’est-ce que tu as voulu transmettre à tes propres enfants?
Quelle est la chose la plus courageuse que tu aies jamais faite?
Quelle est la chose que tu n’oublieras jamais?
Qu’est-ce que tu voudrais que les gens sachent de toi?

W comme warm winkelen

A la Kapellestraat, le magasin de chaussures affiche à l’entrée qu’il fait bien chaud à l’intérieur.

« Kom warm winkelen« 

Voilà qui est nouveau, cette précision pour rassurer le client que le magasin est chauffé.

C’est vrai que jusqu’à l’année dernière, cette précision était inutile: dans les rues commerçantes d’Ostende, les portes étaient ouvertes et on sentait la chaleur du magasin jusque dans la rue…

A la Adolf Buylstraat, les commerçants ne sont pas contents: cette année, ils sont privés de leur couloir lumineux, qu’ils appellent ‘lichttunnel‘, tunnel de lumière.

Ce serait intéressant de savoir si leurs recettes vont baisser à cause du manque de lampions ou à cause de la récession économique.
Si elles baissent.

Vu que ça n’a pas manqué de crises diverses, ces deux ou trois dernières années.

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Dans ma ville on a fait de son mieux pour le ‘cheer and joy‘: les décorations sont plus durables et moins lumineuses, c’est vrai, mais on a installé un vrai manège à chevaux de bois à côté de l’église.

Comme vous pouvez le voir sur la photo, ça fait autant plaisir aux grands qu’aux petits 🙂

W comme winter

D’emblée, Alexandra dédaigne le devoir imposé dans le journal de classe: elle déteste lire, déchiffrer des lettres lui donne un dégoût de plus en plus grand de l’école.

C’est trop difficile, dit-elle.
Le droit du lecteur, pour elle, c’est le droit de refuser le dialogue avec la chose écrite.
Dès le début. Dès le départ. Directement. Définitivement.

Elle est douée, pourtant.

D’abord, elle a un don certain pour le dessin, il n’y a qu’à observer comment elle forme artistement les lettres. En prenant bien le temps qu’il faut.

De plus, si vous lui demandez de trouver les différences, comme dans l’illustration ci-dessus, elle les distingue à une vitesse record.

Mais donnez-lui de la lecture: vous la verrez se débattre comme un diable et lui tourner le dos.

C’est décidé: elle ne lira pas.

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Écrit d’après cette consigne de Joe Krapov, merci à lui!

Tautogramme en D 🙂

W comme werra

L’origine étymologique du mot français ‘guerre’ est germanique, c’est ‘werra‘ et vous vous demandez sans doute quel est le rapport avec la photo des collines boisées.

L’Adrienne s’y promenait samedi dernier, l’automne était riche de couleurs mais là, dans ces creux et ces bosses, en 14-18, les Allemands avaient rasé tous les arbres – nos collines sans leurs arbres, on frémit à l’idée! – et creusé des tranchées.

On peut encore en voir de « beaux restes » même si aujourd’hui les arbres sont bien là.

Mais l’Adrienne était en sandales, donc pas équipée pour aller voir les tranchées 😉 et de toute façon, juste savoir qu’elles sont là lui suffit.

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photo de derrière chez moi le 22 octobre dernier

W comme warm

La conférence avait lieu à la « Maison espagnole » et pour la première fois – sans doute pas la dernière par les temps qui courent – le mail précisait de penser à prendre des vêtements chauds (« voorzie warme kledij« ).

Finie l’époque où on allumait le chauffage pour un événement qui ne dure finalement que quelques heures. Aujourd’hui, on en fait l’économie 😉

Pendant la pause café, l’Adrienne en a profité pour faire le tour des salles et de leur décor Louis XV et XVI quand une dame en arrêt devant un poêle à bois a été prise d’un tel coup de nostalgie qu’il fallait apparemment qu’elle s’en ouvre à la première venue:

– Ah! « zo gezellig« ! c’était tellement mieux! ça chauffait si bien!
– Oui, fait l’Adrienne, on cuisait si on se tenait trop près et on avait froid si on était à côté de la porte 😉
– Oh! non! non! il faisait toujours bien chaud chez ma grand-mère!

Alors l’Adrienne s’est souvenue que la grand-mère de la chapellerie devait toujours avoir au moins 27° dans son séjour, qui était une grande pièce, avec un passage ouvert vers la cuisine, qu’on chauffait donc en même temps…

– C’est vrai, admet l’Adrienne, le « feu continu » chez mes grands-parents, ça chauffait bien. Mais celui-ci, à mon avis, est un feu à bois.

La dame n’a pas voulu la croire alors la question est pour vous: à votre avis, ce poêle fonctionnait-il au bois ou au charbon?

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photo prise dans ma ville le 24 septembre dernier

W comme Welkom!

Après la présence du loup – un billet de janvier 2018 annonçait son arrivée en Belgique – présence qui est loin d’être digérée, les louveteaux qui sont nés entre-temps ont besoin d’être protégés des chasseurs – après le loup donc, la presse annonce l’arrivée imminente d’un autre prédateur du même genre, le chacal doré.

Voilà une bébête dont l’Adrienne n’avait encore jamais entendu parler! Le chacal, oui, dans les westerns ou les histoire de Lucky Luke, mais un chacal doré? et en Belgique?

Vérification faite, c’est normal qu’il soit inconnu ici, puisque l’animal n’a jamais vécu dans nos régions. Certains seraient en route depuis le sud-est de l’Europe vers la Scandinavie. Cet animal est protégé en Europe depuis 1992.

Alors comme il y a le site welkom wolf (bienvenue au loup) il y a désormais welkom jakhals, d’où vient la photo d’illustration.
Article en français ici.

W comme Waterloo

C’est un programme d’aide aux vétérans de divers conflits, il s’appelle Waterloo Uncovered et du 22 juin au 15 juillet derniers il a permis à une vingtaine de vétérans de travailler avec des archéologues – c’est en association avec l’Agence wallonne du Patrimoine – sur le site de la bataille de Waterloo.

Vous vous étonnerez peut-être qu’on puisse encore y trouver des choses « intéressantes » deux cents ans après la bataille mais la réponse est oui.

Des restes humains, des restes d’animaux, des munitions… qui devraient apporter toujours plus de réponses sur le déroulement de cette bataille et surtout sur ses terribles circonstances.

Vingt mille morts en un seul jour… il a bien fallu les enterrer quelque part, n’est-ce pas?
Ainsi que les chevaux, les mulets… et les membres amputés. C’est qu’on est à la ferme de Mont-Saint-Jean, là où se trouvait l’hôpital de campagne des troupes anglaises.

Pour ceux que ça intéresse, le journal de bord de la campagne archéologique de 2022 est ici.

W comme Wilfried

– Si c’est comme ça, je m’en vais! a-t-il crié en direction de la cuisine.

Et il est sorti.
Tout seul.
En pantoufles.

Il a juste ramassé sa canne blanche et sa veste, a tiré la porte derrière lui en faisant le plus de fracas possible – ce qui était difficile, le dessous frotte le carrelage. Mais c’est l’intention qui compte et Martha l’aura bien compris: il est en colère, définitivement.

Oh! il n’est pas allé bien loin, comment le pourrait-il, n’est-ce pas?

Il a suivi le trottoir jusqu’au carrefour, là où on sent le soleil qui vient de l’est entre deux immeubles et s’est installé sur le socle en béton des feux de signalisation.

Heureusement, à cette heure les passants ne sont pas nombreux.
D’ailleurs, le front appuyé contre sa canne, il montre clairement qu’il n’a pas envie de communiquer.
Manquerait plus que quelqu’un veuille à toute force l’aider à traverser!
Non, non.
Il attend.

C’est l’affaire de quelques heures.
Deux peut-être suffiront.
La dernière fois en tout cas ça a suffi.
Martha finit par s’inquiéter sérieusement et alors: mission accomplie.

Elle les lui fera, ses frites!
Non mais!

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Merci à Monsieur le Goût pour son 129e devoir de Lakevio:

Cet homme semble bien triste. Il pense… Mais à quoi ? Sur quoi ou qui se penche-t-il ? Qu’attend-il ? Qui attend-il ? Je n’en sais rien. J’en saurai peut-être plus lundi. Je saurai peut-être ce que vous en direz.
J’aurai pensé à quelque chose. Une histoire. Une prémonition… À lundi donc…

W comme wie, wat, waar, waarom, welk, wanneer

Avant-hier est arrivé le formulaire d’enquête de satisfaction à propos du voyage en Grèce.

Il y avait deux choses que l’Adrienne tenait à cœur de dire tout en le formulant le plus diplomatiquement possible.

D’abord concernant l’accompagnateur – en néerlandais: reisleider, « dirigeant-responsable-organisateur », ce qui est plus proche de la vérité vu qu’il décide de tout 😉 – qu’il ne devait pas se croire obligé de combler chaque minute du trajet de bus par des explications au micro, aussi intéressantes soient-elles: le touriste a parfois besoin de laisser reposer ses oreilles, de laisser se décanter toute l’information reçue, d’admirer le paysage…
Et de toute façon, une foule de dates et de noms s’oublie aussi vite qu’elle lui tombe dessus.

Ensuite à propos des guides, auxquels elle a donné un cinq sur cinq en les félicitant pour leur érudition, leur enthousiasme, leur courtoisie et la façon dont ils géraient les remarques blessantes ou les blagues idiotes à leur adresse.

L’Adrienne a juste dû se retenir d’ajouter « de la part de Jef » 🙂

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Sur la photo, le premier guide, à Argos. Pendant qu’il parlait, il devait sans cesse remonter son masque sur le nez; et dans le fond Gerda, la gagnante de la course à Olympie 🙂