R comme rasecht

Accolé au nom des habitants de la ville, on lit ou entend souvent ici et là le mot « rasecht« , ce qui veut dire « de souche », le « vrai » (echt), celui qui a ces fameuses « racines » dans le terroir local.

Comme si les humains étaient des arbres.

– Mais que veut dire « rasecht« , demandait un ancien journaliste sur son compte fb, le genre de type qui aime souffler le chaud et le froid, dire tout et son contraire, affirmer, insinuer, créer la polémique.

L’Adrienne s’est bien gardée de lui donner la réplique, mais depuis, ça lui trotte dans la tête.

En faisant la queue chez le fromager (qui est une fromagère 😉 ) elle entend un homme lancer une phrase en néerlandais, passer au patois flamand, puis ajouter encore une réflexion en français.

– La voilà, se dit-elle en souriant, la voilà, la définition: le « rasecht« , il est trilingue et manie les trois langues locales avec aisance.

Puis mercredi soir le petit Mahdi vient sonner à la porte pour cueillir des figues.

Alors elle repense à son « rasecht« : le petit Mahdi ne l’est-il pas, lui aussi, puisqu’il passe aisément du français au néerlandais et vice-versa?

Il ne connaît pas le patois flamand, et alors?

Rares sont les moins de cinquante ans qui le parlent encore.

21 commentaires sur « R comme rasecht »

  1. Lors de ma dernière visite à ma pharmacienne préférée, la dame qui me précédait était elle aussi « rasecht » : elle passait d’une langue à l’autre, même au cœur d’une phrase !

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  2. Ah comme ce billet donne envie de jouer au jeu – tout juste inventé à l’instant – du portrait chinois négatif !

    Exemple : Si j’étais un arbre, je n’aimerais pas être un sapin : ça fout toujours les boules de se faire enguirlander ! 😉

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      1. Je suis une parisienne de souche, 3 générations, mon fils est né à Paris, sa première fille aussi, on est à 5 générations de mon côté.
        Le Goût est petit joueur, son père était pied noir et sa mère native du Berry.

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      1. Sans les cantates de Bach, sans les vignobles du Roussillon, sans les monastères cisterciens, sans les villages roumains, la Terre sera-t-elle plus belle ?

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  3. Delphine a écrit « Il n’y a pas de Ajar » qui dit très bien ce côté illusoire de l’idée identitaire.
    (d’ailleurs, les plus « parisianistes des habitans de Paris sont ceux qui viennent de province ou d’ailleurs… 😉 )

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