Le bilan du 20

DSCI6806

L’idée de faire des billets ‘typologie de profs’ (1) semblait intéressante mais la chose n’a finalement pas vu le jour: chaque caractère a sa part de flou et le risque de tomber dans la caricature est trop grand.

De plus, une tendresse certaine unit l’Adrienne à ce corps de métier qui souffre déjà bien assez de burn-out sans qu’elle s’en mêle.

Mais que pensez-vous de celui qui a le don de vous faire sentir une pauvre cloche:

– Et comment tu t’y prends, pour étudier ce morceau? demande Kristof, prof d’accompagnement (piano classique)

Voilà la question piège, se dit l’Adrienne, fais gaffe de donner la bonne réponse.
Elle le connaît déjà un peu, le Kristof, il est du genre irascible 😉

– J’exerce d’abord la main droite, puis la gauche, puis les deux ensemble, répond-elle en serinant ce que ses deux profs de piano lui répètent depuis un peu plus de trois ans.

Mal lui en a pris, le prof a explosé en invectives et a assommé cette pauvre Adrienne, qui a fini par être au bord des larmes, essayant de tenir le coup jusqu’à ce qu’il lâche prise.

– C’est quoi, ça pour une méthode débile? Est-ce qu’on apprend à rouler en auto à une main? est-ce qu’on apprend à rouler à vélo avec un pied? est-ce qu’on apprend à lire avec un œil?

– Ce n’est pas moi qu’il faut enguirlander, a protesté faiblement l’Adrienne, parlez-en plutôt à vos collègues, c’est eux qui préconisent cette méthode.

Combien de fois, en effet, l’Adrienne s’est-elle entendu dire qu’elle était toujours trop pressée d’exercer les deux mains à la fois! Mais il était sur sa volée et a continué sans décolérer…

Bref, la semaine suivante elle a décommandé le cours et lundi dernier, après mûre réflexion, elle est allée trouver Nora, l’ancienne élève qui travaille au secrétariat:

– Est-il trop tard pour effectuer un changement dans mon programme?

Non, c’est toujours possible.

Dès le premier jeudi de 2020 l’Adrienne suivra des cours de chant chez Kato, une autre ancienne élève.

N’est-ce pas que la vie est belle, parfois 😉

***

(1) je n’en ai fait que deux, le prof prévoyant et la prof chichiteuse 😉

Tania reconnaîtra la photo du piano, puisque nous avons visité cette magnifique maison bruxelloise ensemble 🙂

Ecrit avec les mots récoltés par Olivia Billington, que je remercie: flou – caractère – tendresse – burn out – lâcher – cloche – enguirlander

54 commentaires sur « Le bilan du 20 »

  1. Quand j’enseignais encore, on nous parlait d’appétence, de pédagogie positive, de plaisir d’apprendre. On dirait qu’on ne tient pas ce genre de discours aux profs de piano.
    ;=)

    J’aime

    1. il y avait encore d’autres points sur lesquels il n’était pas d’accord avec ses collègues (sur l’enseignement du solfège, dans ce cas) et là aussi je lui suggérais chaque fois d’en parler avec eux plutôt qu’avec moi 😉

      J’aime

    1. ici pour moi il ne s’agit pas de pédagogie, mais de politesse élémentaire, aussi bien vis à vis de moi qu’envers ses collègues… d’ailleurs il a dû s’en rendre compte, parce qu’une fois qu’il avait fini sa diatribe, il a conclu en disant: « mes collègues ont raison, et moi j’ai raison »
      il l’a répété trois fois mais ce n’est pas le nombre qui me convainc 😉

      J’aime

  2. Sage décision que de changer de prof : pour la musique – comme pour tout – il faut que le plaisir soit au rendez-vous, quand on pense au cours suivant, quand on exécute et qu’on essaie de s’améliorer;
    Apparemment il est peu doué pour transmettre !!

    J’aime

    1. hahaha Célestine, je ne suis pas une tata flingueuse, je lui ai simplement fait savoir que j’arrêtais son cours, sans autre explication, et il a eu la galanterie de répondre qu’il le trouvait dommage 😉

      J’aime

  3. Mais… il a encore le syndrome du prof pré Mais 68, celui-là 😀 J’ai bien eu son équivalent à l’auto-école, il faut dire que j’avais près de 50 ans, et ne me laissais pas faire. Un jour il me dit d’un air réjoui que, comme leçon, nous allions aller au carwash « car les femmes ont peur d’y aller » (il devait, en fait, garder la voiture propre et comptait me mettre ça sur le dos…). J’étais si furieuse que je lui ai dit « les femmes vont chez le gynéco plusieurs fois par an, et elles n’ont PAS peur du carwash! » 😀

    Aimé par 1 personne

  4. Très joli texte inspirant! Je souris , car de parents artistes, et une mère qui a joué du piano, sans prof, les Valses et les Nocturnes de Chopin etc. par passion. Quand « sa famille,, elle, » la bâtarde », se réjouissait de voir partir ses cinq frères et sœurs chez leur horrible tante, car enfin le piano lui appartenait, de ce fait, mes parents demandèrent à la pianiste (premier prix ) qui accompagnait leurs cours de danse, de me donner des cours. A l’époque, sur une heure ; trente minutes de solfège et exercices, puis quinze de gammes. Bilan: quinze pour une Sonate. Et des coups de baguette sur une vilaine main gauche qu’on entendait trop (gauchère)! Voilà, à dix ans comment on ne veut plus jamais y retourner au lieu de travailler , je jouais « au clair de la lune d’un doigt », au désespoir de mes pauvres parents, pour aller jouer au ballon prisonnier avec les amis dans la rue Je le regrette, car j’adore jouer du piano, mon frère, lui aussi,il joue et compose, sans avoir appris ,sur cinq instruments! Devenu , aveugle (leucémie depuis 10 ans) il vient de composer un « Ave Maria » pour ses deux filles Cantatrices à l’Opéra. Donc pas besoin de profs qui martyrisent leurs élèves. Il suffit d’avoir le don ou pas, et choisir sa vocation, non? croyez-moi , ce fut une bonne leçon de vie. Bises Dan

    Aimé par 1 personne

  5. Le genre d’individu à fuir, tu as bien fait. Bien sûr, je le reconnais, ce piano côté jardin d’une belle maison schaerbeekoise. Bonne idée, un cours de chant : fais ce qui te chante et t’enchante ! Bonne soirée, Adrienne.

    Aimé par 1 personne

    1. je crois que j’ai bien fait, mais ça m’a coûté trois semaines de réflexion 😉
      normalement je tiens à mener jusqu’au bout ce que j’entreprends
      merci pour tes encouragements!
      bises, bonne soirée, bon week-end

      J’aime

  6. Ca existe encore des profs comme ça ?
    Pour répondre à une commentatrice : J’ai un prof de flûte qui est une merveille. L’autre jour je lui disais ne pas beaucoup aimer une pièce. Réponse : Oh, alors on la met de côté, la vie est trop courte pour jouer des morceaux qui ne plaisent pas, et le répertoire est immense.
    Un de mes fils a débuté le piano fin octobre, il a déclaré bille en tête qu’il voulait jouer des musiques de film. La prof lui a réécrit un bout d’Harry Potter, et il l’a présenté hier soir à l’audition ! Avec une prof comme ça, il travaille comme un fou, il se sent reconnu, estimé !
    Comme je regrette que tu n’aies pas eu un prof qui mette en valeur toutes tes qualités. J’espère que la prof de chant rachètera le goujat !
    Joyeux Noël ! Je ne commente plus très souvent, même si je viens souvent ici.

    J’aime

  7. Bien sûr, tu as bien fait. Ce prof est certainement le genre de personne qui ne se remet pas du tout en question. A quoi bon s’infliger en tel manque d’empathie et de muflerie si on n’y est pas obligé.
    Mais alors, plus du tout de piano?
    Le chant, c’est bien aussi et on lui attribue d’innombrables vertus : oxygénation, musculation douce, détente, joie de vivre, etc. Je te souhaite tout ça dans ton nouveau cours!

    J’aime

    1. chez lui c’était le cours d’accompagnement, donc apprendre à jouer sans regarder le clavier, apprendre à accompagner avec divers accords, harmonie etc
      je continue le piano avec ma prof habituelle (et j’aurai de nouveau le temps d’aller parfois chez mon autre prof, l’ancienne élève qui donne des cours particuliers et qui est comme le prof que décrit Alphonsine pour son fils :-))
      merci Loulou!

      J’aime

Laisser un commentaire