Lors d’une vaste opération transfrontalière de contrôle de police, entre la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, mardi dernier, un chauffeur de camion a été verbalisé pour la raison suivante: il travaillait en continu, sans être rentré chez lui, depuis la mi-décembre. En déplacement depuis quatre mois, 18 semaines, sans respecter les limitations de temps de conduite des camions.
Il y a bien longtemps, l’Adrienne avait une copine de classe dont le papa faisait ce travail de camionneur: il choisissait les trajets longs, ceux vers l’Espagne, par exemple, parce que ça lui permettait de gagner un meilleur salaire. Il avait une épouse mère au foyer et quatre enfants.
Il était donc chaque fois parti pour plusieurs jours.
Mais 18 semaines, c’est autre chose.
Alors l’Adrienne se pose des tas de questions, en particulier celle-ci: qui sera le plus sévèrement puni, le chauffeur contrevenant ou celui qui l’emploie?
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Et bien sûr quand on parle de travailleur acharné, on ne peut que penser à Gaston 🙂
Merci Franquin d’avoir mis un peu de légèreté dans notre vie!
Normalement, quand l’Adrienne est de service d’accueil à une expo au centre culturel de sa ville, c’est a piece of cake: il faut juste noter le code postal et le nombre de visiteurs, donner quelques infos… l’entrée est toujours gratuite.
Oui mais voilà, le lendemain du jour où elle a perdu ses clés, sa carte d’identité, ses cartes de banque… et son oncle, elle devait aussi tenir la caisse de l’expo, ainsi que celle de la vente de livres, catalogues et autres gadgets.
En plus, tout bien noter sur divers papiers, dans des cases et des colonnes, qui paie cash et combien, qui paie avec payconiq et combien, qui achète un livre et comment il est payé… tout jusqu’au dernier gadget à 1€.
Vous avez compris.
Si l’Adrienne avait voulu faire commerce et comptabilité, elle n’aurait pas opté pour les langues romanes 😉
Vous imaginez votre experte en chiffres s’occuper de tout ça avec la tête qu’elle avait ce jour-là?
Pour les paiements, elle s’est concentrée, tout est correct au centime près, mais l’aspect administratif a un peu foiré.
Surtout quand après avoir dûment « fait sa caisse », à la fermeture de l’expo, quand tout était bien compté, calculé et rangé, deux dames sont encore venues acheter un livre.
Bref, hier elle est allée s’excuser au centre culturel pour son cafouillage administratif de dimanche dernier. Heureusement, la dame au guichet s’est montrée compréhensive.
Ceux qui ont eu un chat dormant sur leurs genoux comprendront.
Ceux qui n’aiment pas la guerre seront d’accord.
Et pour ceux qui aiment les jurons de Prunelle: celui-ci est une déformation de milliard de dju, le dju étant une façon de dire ‘le nom de dieu’ sans le dire 😉
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L’image passait sur fb et l’Adrienne, super-fan de Franquin en général et de Gaston en particulier, n’a pas pu y résister 🙂
C’est bien d’avoir le rire facile, ça permet de rire de tout (ou presque) et hier justement l’Adrienne a eu deux occasions de rire.
La première lors de sa visite à la boîte aux spams, qui contenait ce merveilleux message « It is actually a nice and helpful piece of information. I am happy that you just shared this useful information with us. Please keep us up to date like this. Thanks for sharing. rentacarkosovo » à propos d’un billet intitulé M comme margarine que bien sûr il a fallu relire pour se rappeler de quoi ça parlait (« Moi? moi j’ai fait un billet sur de la margarine? » Ben oui, c’était un devoir de Monsieur le Goût!)
Et puis il y a eu cet article de journal qui disait ceci: “Geef uw ouders een setje halters in plaats van pralines of wijn”
Un gérontologue (mot admirable, n’est-ce pas) conseille aux gens d’offrir à leurs parents ayant atteint la soixantaine ou plus, une paire de petites haltères au lieu des traditionnelles pralines ou bouteilles de vin.
Alors évidemment l’Adrienne s’est imaginé comment elle serait reçue par sa mère si elle lui apportait un tel cadeau.
Elle n’emploierait sûrement pas les mots ‘nice‘, ‘helpful‘, ‘useful‘, ‘happy‘ ou ‘thanks‘, ni leurs équivalents en français ou en néerlandais 🙂
Non, ça ne lui avait pas plu du tout, à l’Adrienne, quand d’un seul coup d’œil sur le bureau, Berthe avait décrété:
– Moi aussi je suis bordélique.
Bon, on peut s’entendre sur le vocabulaire, elle a dit « ik ben ook slordig » et ‘slordig‘ peut se traduire par négligeant, désordonné, pas soigneux…
Mais là n’est pas la question.
Ce qui n’a pas plu à l’Adrienne, c’est cette conclusion pour le moins hâtive, alors que tout le reste de la maison est parfaitement rangé et que sur le bureau, le désordre n’est qu’apparent.
Bref.
Aujourd’hui l’Adrienne jubile: elle vient de lire que la gourou du rangement a déclaré:
« Ma maison est en bazar, mais la façon dont je passe mon temps est la bonne pour moi à ce moment-là, à cette étape de ma vie. Jusqu’à présent, j’étais une professionnelle du rangement, donc je faisais de mon mieux pour garder ma maison bien rangée à tout moment. J’ai en quelque sorte renoncé à cela, dans un bon sens pour moi. »
Les parents consternés étaient assis face à monsieur H*rb**rt, l’instituteur de leur fils :
– Il faudrait qu’il lise, disait-il. Il est intelligent mais il n’apprend pas ses leçons. Et il ne lit pas.
Il le leur a encore bien répété quand ils ont pris congé de lui, croyant sans doute que si le goût de la lecture venait, celui des études suivrait :
– Il faudrait qu’il lise !
Qu’il lise, oui. Mais quoi ? La seule lecture qui intéresse cet enfant, c’est le résumé en quelques chiffres de la carrière des footballeurs de division 1 belge, dans ses albums Panini. Il est incollable sur leur taille, leur poids, le nombre de buts marqués et les divers clubs par lesquels ils sont passés.
Le père ayant grandi avec les albums de Tintin, la mère avec la Semaine de Suzette, c’est donc tout naturellement qu’ils ont fondé leurs espoirs dans la BD. Ils ont acheté une grande armoire laquée de jaune et elle s’est rapidement remplie de tout ce qu’il y avait sur le marché : Michel Vaillant, Gaston Lagaffe, Astérix et Obélix, Lucky Luke, Spirou et Fantasio, Boule et Bill, Tif et Tondu, Blake et Mortimer, Yoko Tsuno, Les Tuniques bleues, Benoît Brisefer, Blueberry, l’Agent 212, Achille Talon, Johan et Pirlouit, les Schtroumpfs, le Marsupilami (liste non exhaustive) et bien sûr le journal Pilote ainsi que tous les albums de Spirou et de Tintin.
Ceux qui dévoraient toutes ces saines lectures avec délectation, c’étaient le père et la grande sœur : ce n’est rien de dire qu’ils étaient à la fête 🙂
Peu à peu leur langage familial s’est enrichi de mots et de petites phrases sortant tout droit de leurs albums préférés, à commencer par le M’enfin ! de Gaston. Ils ne disaient plus ‘le thé’ mais ‘de la chaude eau’. Ils ne disaient plus ‘là, c’est stationnement interdit’ mais ‘sucette géante!’. Tout repas copieux recevait l’exclamation ‘c’est frugal’, tout avis différent recevait un ‘ils sont fous ces Romains’, tout ronchon devenait scrogneugneu.
Les injures du capitaine Haddock étaient des cadeaux du ciel grâce à leur inépuisable variété et leur forte expressivité, tout en restant parfaitement innocentes. Ils ne s’en privaient pas!
Seul le rongtudju de Prunelle était interdit par la mère, ce qui lui donnait évidemment une saveur supplémentaire.
– Mais si ! Je peux le dire ! Puisque c’est dans le livre ! affirmait le petit frère de son air le plus candide.
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Texte écrit pour le Défi 736 où Walrus – merci à lui – proposait le mot scrogneugneu.
Le soir, quand Madame allume son téléphone portable pour une dernière vérification, elle pourrait chaque fois gagner un pari: dès que Lynn la voit en ligne, arrivent ses messages:
– Je vous ai vue marcher en rue, vous aviez l’air bien contente! – Ah oui, fait Madame, j’ai le sourire, en général, alors j’en reçois en retour, et même parfois je chante en marchant.
Lynn, plus rien ne l’étonne. Et ça discute jusqu’à ce que Madame dise « bon, maintenant il faut dormir ».
Ensuite évidemment Madame ne dort pas, elle pense aux petits soucis de Lynn, mais bizarrement ces conversations la mettent de bonne humeur. Ou plutôt umeur, comme on dit dans le dialecte du Val d’Aoste.
– Quelqu’un parmi vous est déjà allé au Val d’Aoste? demande Enzo, l’Italiano vero qui s’occupe du club de lecture italien.
Oui, le père de l’Adrienne y a emmené sa famille pour un aller-retour d’une journée, alors qu’ils étaient en vacances du côté de Chamonix et qu’une adresse valdostana lui était recommandée par un de ses guides culinaires.
Un repas mémorable, c’est vrai, dans une ferme où aucun menu n’était affiché et où des plats – savoureux mais gargantuesques – se succédaient sans qu’une parole puisse être échangée, pour cause de langue inconnue 😉
– Je pense, dit Lynn hier soir, que ma fille est déjà dans sa puberté!
La gamine a tout juste huit ans. Mais sa mère est une nature inquiète qui aime tirer ses enseignements médicaux d’internet.
– Elle n’était que 19e au cross de l’école, et normalement elle se bat pour être sur le podium. – Elle est peut-être juste fatiguée? dit Madame, qui n’ose pas ajouter qu’elle mange trop gras et trop sucré et se couche trop tard. – Je vais lui faire faire une prise de sang, dit-elle, elle avait soif, hier après l’école, j’ai peur du diabète.
En voilà une, se dit Madame, qui ferait mieux de lire des Gaston plutôt que encyclopédies médicales…
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Texte écrit d’après une consigne de Joe Krapov – merci à lui – qui demandait 1. de lister 12 mots ou concepts qui nous mettent de bonne humeur ; chacun d’eux commence par une des premières lettres de l’alphabet (A B C D E F G H I J K L) 2. de dire pourquoi et comment survient la bonne humeur.
Je me suis basée sur les tags qui reviennent le plus souvent sur ce blog et ça donne ceci: