Quand on a sonné à la porte mercredi peu avant onze heures et demie, l’Adrienne s’est dit « Tiens! l’amie est en avance! » et elle a couru toute joyeuse pour lui ouvrir.
Food craving? Mais keske cèksa? se demande Madame en voyant la requête d’une ancienne élève pour son travail de fin d’études universitaires.
Homme ou femme, si vous ressentez ce « food craving » au moins une fois par semaine, vous pouvez vous proposer pour participer à l’enquête. Le logo de la faculté de Médecine doit prouver le sérieux de la chose.
Bizarrement, wikisaitout n’a pas encore traduit sa page en français. Ailleurs on trouve des traductions comme ‘fringale’ ou ‘craving alimentaire’ 😉
Pour ce qui est de trouver des personnes susceptibles d’aider l’ancienne élève à constituer son panel, Madame ne se fait plus de souci: elle lit que 90% des gens connaissent ce phénomène et ont régulièrement des envies compulsives de nourriture – principalement grasse et sucrée – ce qui les fait se ruer sur le placard où est rangé le chocolat, vider tout le pot de crème glacée ou se gaver de chips devant la télé.
Ah et la bonne nouvelle c’est qu’il ne faudrait pas s’en inquiéter ni se priver si on veut avoir la frite 🙂
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Photo d’un des groupes carnavalesques de ma ville, il y a une paire d’années.
Dans ce même registre rédigé au début de l’année 1581, celui contenant les actes de succession et les règlements d’héritages – celui dont il était question hier – un autre petit texte préliminaire s’adresse au lecteur du futur, « tot den leser » pour faire le triste bilan de l’année écoulée.
Car il n’y a pas eu que ce tremblement de terre du 6 avril.
Il y a aussi les guerres de religion – la ville se trouve à une frontière qui voit passer toutes les armées, c’est l’époque d’Alexandre Farnese, l’envoyé de Philippe II d’Espagne – et il y a eu une épidémie de peste qui n’a, écrit-il, épargné que peu de maisons: « alwelck luttel huysen binnen deser stede vrij ende exempt ghegaen zijn »
Et contrairement aux privilégiés de la peste à Florence en 1348, qui ont pu jouir en toute quiétude de leur villégiature à la campagne, la peste par ici n’a pas épargné les notables: le juge/notaire déplore la mort de ses quatre collègues, qui ont donc, dit-il, dû être remplacés prématurément: « mids der doot voorseit« .
Le document était bien sûr en néerlandais mais juste pour vous faire rire, l’Adrienne a fait appel à DeepL-translator, car comme vous le verrez, si vous ne le saviez pas déjà, le vocabulaire médical est une merveilleuse source de stupeur et de tremblements: est-ce grave, docteur, tous ces mots-là? ou pas?
Il est par exemple question de proportions gléno- humérales. De l’espace sous-acromial, plus précisément de la base de l’acromion et du tubercule majeur.
Non, il ne s’agit pas de pommes de terre, mais d’une épaule 😉
Plus loin on l’appelle tuberculum majus et on parle d’impingement. Modéré, l’impingement, c’est rassurant, non? 🙂
Peut-être trouverez-vous comique aussi qu’on ait dans l’épaule une coiffe des rotateurs? Un tendon supra-épineux? Et une bourse 🙂
Bref, on a tout de même compris un truc: « Discrète arthrose acromio-claviculaire en cours de déploiement.«
On vieillit, quoi 🙂
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Comme disait le grand-père, au-delà de tes soixante ans les médecins ne te disent plus qu’une chose: « Ah! mais c’est normal, à votre âge! »
A la Monnaie ils ne pouvaient s’imaginer que la programmation de l’opéra que Chostakovitch a tiré de la nouvelle de Gogol, Le Nez, serait tellement d’actualité, non seulement au niveau politique mais aussi scientifique.
En effet on pouvait lire ces jours-ci qu’une entreprise liégeoise – ou faut-il dire laboratoire – réussirait à fabriquer un nouveau nez pour une patiente qui n’en avait plus depuis de nombreuses années, suite à un cancer.
Une explication claire et complète ici, si ça vous intéresse.
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La photo d’illustration vient d’un site de vente en ligne.
Tout est bon! Tout est utilisable et on peut l’accommoder de multiples manières.
Prenez par exemple le joli sourire de cette jeune fille: la perfection de sa dentition fait qu’il se retrouve en illustration d’un article grec sur le pour ou contre du blanchiment des dents. Pour ceux que ça intéresse: l’article est contre, en argumentant qu’il suffit de privilégier certains aliments et d’en éviter d’autres.
Cette image de bonheur juvénile sert aussi d’illustration à un article portugais dans lequel il est question d’une jeune fille souffrant d’une maladie rare et handicapante, pour qui toute émotion, même le rire, peut déclencher la crise.
Un site en anglais, au contraire, vante les mérites du rire quand on est en dépression. La jeune fille, vous en conviendrez, ne semble pas dépressive 😉
Enfin, son air parfaitement bienheureux lui vaut d’avoir été choisie en illustration d’un article polonais qui nous parle de la bonté de Dieu. No comment.
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Photo de Christian Bowen proposé par Bricabook pour son atelier d’hier, le 433e.
L’Adrienne hésitait entre un avis de recherche après une disparition inquiétante, un remake de Bella Swan et son vampire adoré ou une nécrologie.
Madame est allée voir sa « doctoresse » préférée, celle qui est une charmante ancienne élève à qui elle a délégué la responsabilité de veiller à ce qu’elle ne meure pas du même mal que son père.
– Je compte sur toi, lui a-t-elle dit.
Même si évidemment il faudra bien qu’elle meure de quelque chose.
Puis c’est la secrétaire qui s’est occupée d’elle et comme une des questions était « vous prenez des drogues? » Madame n’a pu s’empêcher d’éclater de rire et – vous la connaissez – de s’étonner:
– Est-ce que vraiment vous pensez que les gens vous répondent la vérité, quand vous leur posez ce genre de questions?
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Bref, le plus beau de l’histoire, c’est que ces questions sont inutiles: la prise de sang révèle tout.
Sur une des étagères de la cuisine, l’Adrienne a un petit pot contenant une poudre blanche (oui, riez :-)), cadeau de beau-papa, ainsi que ses recettes de charcuterie artisanale.
C’est grâce à lui qu’elle sait que sans cette poudre magique, le jambon cuit ne serait pas rose, mais grisâtre.
– Mais attention! disait-il. Il faut en utiliser le moins possible!
Sur le feuillet de la recette il a écrit: « 60 gram salpeter voor 10 liter water » comme grand maximum. Utiliser le pèse-lettres ou la petite balance de pharmacien.
Ce qui signifie que lui aussi, qui avait officié dans la boucherie héritée de son propre père déjà avant guerre, savait que ce n’était « pas bon pour la santé« . Qu’il en fallait juste un peu pour l’aspect et surtout pour la conservation.
Rien d’étonnant donc à ce que la discussion fasse rage ces dernières décennies sur le lien entre nitrates, nitrites et certains cancers.
Alors en apprenant que la France allait interdire ces produits, l’Adrienne a évidemment pensé à beau-papa.
Malheureusement le même jour, sans y prendre garde, elle a acheté de la bresaola – plus de quinze ans qu’elle n’en avait plus mangé! – et que voit-elle dans la liste des ingrédients?
En ces temps un peu particuliers, certaines choses prennent une importance… particulière!
Ainsi par exemple, le moment où on ouvre le paquet de café, chaque matin, et où on met le nez dedans, pour en inspirer goulûment les effluves…
et se dire que tout va bien, on a encore un odorat en parfait état de fonctionnement 🙂
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Une étude a révélé que les troubles du goût touchent 88 % des personnes infectées et 86% présentent des troubles de l’odorat, comme on peut le lire ici. Où on explique que la cortisone pourrait être un traitement efficace.