W comme Wittert

X c’est l’inconnu

L comme Laetitia

Il en avait déjà été question ici, de Speculoos et de Trappist, et cette fois encore il s’agit d’une nouvelle fracassante – en tout cas l’Adrienne la trouve fracassante, cette nouvelle découverte dans l’exploration spatiale par les télescopes belges: trouver des planètes situées à plus d’une centaine d’années lumière de la terre, c’est de la physique qui devient de la métaphysique.

Bien sûr, dans la presse on retient surtout que c’est une « super Terre potentiellement habitable« 

Bref.

L’équipe de l’université de Liège est dirigée par Laetitia Delrez et ceux que le sujet intéresse peuvent lire toute l’info ici, sur le site de l’université de Liège, d’où vient aussi la photo d’illustration.

J comme je me souviens

Louvain – photo prise en octobre 2010

Ils étaient 126 et à tous leur prof de français avait répondu: « excellent choix ! » quand ils leur avaient annoncé qu’ils envisageaient des études de philologie romane.

« Tu es de loin la meilleure en français », avait dit le prof de N***, une Limbourgeoise, « tu devrais faire les Romanes. »

C’est ainsi qu’ils étaient 126 cette année-là à recevoir leur première dictée du terrifiant professeur Mertens.

« Vous allez voir », les prévenaient les redoublants, « vous allez tous avoir moins que zéro. Vous aurez des moins vingt, des moins trente ! »

Et l’Adrienne, comme tant d’autres probablement, se disait « pas moi ! »

Elle avait toujours été imbattable en dictée et en faisait un point d’honneur.

Puis le professeur Mertens a lu le texte qu’il avait prévu pour assener à tous ces jeunots un bon premier coup de trique, histoire de leur mettre tout de suite les pendules à l’heure : ils avaient encore tout à apprendre !

Le texte était fort long et les exceptions, anomalies, participes passés de verbes pronominaux suivis de l’infinitif et autres pièges se succédaient.

Mertens jubilait devant les têtes basses : une fois de plus, son traitement de choc marchait.

Au cours suivant, il jubilait encore, le paquet de dictées corrigées à la main : deux traits sous les erreurs grammaticales et un seul sous les erreurs d’orthographe.

Il tenait à distribuer lui-même les feuilles et le faisait dans l’ordre, en commençant par la pire de toutes, appelant les noms un à un, ce qui l’obligeait à aller sans cesse d’un bout à l’autre de l’amphi. C’était une de ses manières d’apprendre à connaître ses ouailles et à coller un visage sur un nom : le premier mois n’était pas passé qu’il connaissait les 126.

Bref, vous imaginez les cœurs battant fort au fur et à mesure de la distribution.

« C’est excellent ! » a-t-il dit à l’Adrienne, qui avait réussi le pire score de toute sa vie.

***

texte inspiré par le schibboleth du Défi 702 – le mot avait déjà paru dans un autre billet en hommage au professeur Mertens, ici, grâce à un commentaire de Joe Krapov, copié-collé ci-dessous:

  1. Joe Krapov J’aime bien venir ici. J’en repars très content des messages en grec, en chinois, en anglais et en langage codé (Shibboleth !) que je reçois dans ma boîte aux lettres professionnelle, qui m’ennuient un peu quelquefois mais qui me valent d’être payé à la fin du mois (pas de quoi aller faire du shopping à New-York, certes mais je n’ai pas de tels besoins. Rigoler à Rennes suffit à ma joie !).
    Bon courage pour la suite, Madame !J’aime Réponse
  2. Adrienne ah voilà qui me fait plaisir, Joe Krapov 🙂
    (ton schibboleth me rappelle notre excellent prof de grammaire, à l’université, qui nous donnait des petites fiches à apprendre par cœur: le mot schibboleth figurait sur celle des quelques rares mots de la langue française qui s’écrivent avec 2 b: « à l’occasion du sabbat, l’abbé offrit un gibbon gibbeux au rabbin qui lui avait expliqué ce que c’est qu’un schibboleth »)
    merci!

B comme Bruno

Si dans votre G**gl* France vous tapotez Bruno, on vous proposera d’abord Mars, Guillon et Fernandes – l’Adrienne ne connaît aucun des trois, c’est dire si elle est à la page – et en quatrième position celui qui vous intéresse: Bruno Latour.

En effet, hier c’était la fête annuelle de l’Alma Mater chère au cœur de l’Adrienne et à cette occasion a lieu, normalement, la réception des nouveaux doctores honoris causa, parmi lesquels cette année il y avait donc ce philosophe, sociologue et ethnologue français.

Cette année bien sûr tout est ‘virtuel’ et à distance mais si ça vous intéresse, le point de départ est .

Pour ceux qui préfèrent juste écouter, il y a ces 33 minutes de France Culture du 25 janvier dernier.

H comme Henri Beauvillard

henri b

« C’est grâce à Henri Beauvillard, dit le professeur émérite, botaniste, spécialiste en microbiologie, que j’ai appris des choses sur le corps humain. Mes parents avaient son livre « De geneesheer der armen » (1) et je l’ai dévoré en cachette. »

Voilà qui fait sourire l’Adrienne parce que ça lui rappelle meilleure-amie-depuis-l’âge-de-trois-ans, dont la maman tenait caché dans un buffet – caché, croyait-elle – un épais ouvrage médical à couverture sombre, où meilleure-amie-etc, qui à l’époque n’avait pas encore de petit frère, avait découvert – et voulait faire partager à Mini-Adrienne – ce qui différenciait physiquement l’homme de la femme.

Ce brave docteur Beauvillard le savait bien, vu qu’il précise en première page de son ouvrage, en guise de pub pour un autre de ses écrits:

« TRAITÉ DES Maladies Secrètes & Contagieuses DANS LES DEUX SEXES

Vu le caractère confidentiel de ces maladies, nous n’avons pu en parler plus longuement dans le Médecin des Pauvres, qui est lu par tous et se trouve même entre les mains des enfants.

Mais les personnes qui désirent avoir des renseignements complets sur ces terribles maladies peuvent nous demander l’ouvrage intitulé Traité des Maladies secrètes, etc, prix franco, 2 fr. 50. (Envoi discret.) »

Bref, nil novi sub sole 😉

Dans sa conférence (2), il s’agissait bien sûr de son domaine à lui: les plantes.
De leur classification au travers des âges.
Et du problème de savoir de quelle plante on parle, dans les écrits anciens, vu qu’il n’y avait ni classification, ni description, ni illustration.

***

(1) sur Gallica on peut lire l’ouvrage en ligne en français, « Le médecin des pauvres« , d’où vient l’illustration ci-dessus: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5455234c.texteImage 

(2) Sa conférence était, semble-t-il, basée sur un des nombreux ouvrages qu’il a publiés, De historia naturalis, et dont on peut lire les premières pages ici.

Les premiers et la première

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Madame ayant une élève qui veut passer le concours d’entrée au KASK, elle est allée reconnaître les lieux et s’est donc rendue à Gand, l’autre samedi, pour y visiter le Bijloke

L’endroit est magnifique, à un quart d’heure à pied seulement de la gare. 

A l’intérieur se trouvent aussi les locaux du musée STAM où se tient une expo sur l’université de Gand. Sur cette première photo, la légende indique qu’à ses débuts en 1817 (pendant notre « période hollandaise ») elle comptait 190 étudiants. Mâles bien sûr. Seize professeurs, dont neuf venaient de l’étranger, assuraient les cours. Principalement en latin. 

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Il faut attendre 1882 pour y voir entrer la première étudiante: une jeune institutrice de 23 ans s’inscrit à la faculté de sciences naturelles. Sa simple présence est si souvent cause de désordre dans le groupe masculin qu’elle arrête ses études après les années de candidature, malgré une réussite avec mention (elle obtient la distinction). 

Madame crie rétrospectivement un grand bravo à cette pionnière. 

*** 

pour ceux que ça intéresse, les dates clés: 

1880, premières étudiantes à l’université libre de Bruxelles 

1881 à l’université de Liège 

1882 à Gand 

et notre Alma Mater, si chère au cœur de Madame, en 1920… donc près de 500 ans après sa fondation (1425) !

C comme con permiso?

Le samedi matin, l’Adrienne – qui ne voudrait rater ça pour rien au monde – est de nouveau installée dans un amphi parmi les premiers arrivés.

Les intervenants entrent par petits groupes, prennent place. Tout le monde est d’excellente humeur: l’hôtel a été apprécié pour son confort, sa gastronomie et son buffet du petit déjeuner. De plus, il est largement antérieur à leur objet d’étude: il est attesté depuis le 14e siècle, les Belges ont clairement voulu faire honneur aux historiens. 

Et on a pu ‘tomar un café‘ avant de venir cool 

Con permiso? dit l’homme qui se penche vers le siège à côté de l’Adrienne. 

Buenos dias, Profesor! 

Voilà notre Adrienne tout heureuse: elle va enfin pouvoir remercier celui grâce à qui elle comprend l’espagnol: 

– C’est grâce à vous que je suis ici! C’est vous qui m’avez appris l’espagnol. 

Le cher homme en est tout surpris. 

– Rafraîchissez-moi la mémoire, demande-t-il. 

Le pauvre! Lui faire ce coup-là alors que l’Adrienne elle-même ne se souvient parfois plus du nom d’élèves qu’elle a eus juste avant les vacances… 

Ils font donc ensemble quelques calculs savants pour conclure que voilà bientôt quarante ans, elle faisait partie d’un troupeau d’une soixantaine d’aspirants-hispanisants… 

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Gracias a usted, Profesor!

B comme buenas tardes!

Le car qui devait amener la joyeuse équipe d’érudits du « Siglo de Oro español » avait du retard. A deux heures, un coup de fil en avertit le jeune doctorant en costume-cravate qui sortait justement de chez son coiffeur. 

– Ils sont en route, annonce-t-il à son collègue, et ils vont encore passer à leur hôtel pour y déposer les bagages avant de venir ici. 

Deux rangs plus haut, l’Adrienne pouffe de rire. On sera donc à l’heure espagnole, se dit-elle. 

Quand les conférenciers arrivent et entrent à la queue-leu-leu dans l’amphi, on entend quelques: 

Buenas tardes!

Puis le premier se retourne brusquement vers les autres et annonce: 

Vamos a tomar un café! 

Alors l’Adrienne s’est levée et s’est jointe à la queue pour aller prendre un café, elle aussi: on serait décidément à l’heure espagnole cool

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à chaque porte d’amphi, une affichette rappelle qu’il est interdit d’y boire ou d’y manger 

Adrienne s’amuse

L’Adrienne s’est bien amusée, le week-end dernier, sur les bancs de l’université. A observer les profs, les doctorants, les étudiants. Surtout les étudiants, à dire vrai, au comportement infiniment intéressant. 

Ils étaient une quinzaine à être assis tous ensemble sur un rang, juste devant elle. A tapoter plus ou moins discrètement leur Smartphone. Parfois si complètement pris par fb qu’ils en oubliaient toute prudence. 

Pourtant, les intervenants, au cours de ces deux jours, étaient des gens passionnants. Chacun spécialiste de sa matière, à laquelle il consacre tout son temps, son énergie, son amour de l’histoire. D’un petit pan d’histoire.

Chacun apportant sa petite pierre à une immense et fascinante mosaïque. 

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L’affiche de l’événement 

source 

Les étudiants de 2e année d’histoire, tous aussi motivés que mon jeune homme d’hier, apparemment, ne sont restés qu’une après-midi. Le samedi, ils ont pu tapoter tranquillement leur smartphone chez eux.
Ce serait trop bête de rater un truc intéressant 

tongue-out