X c’est l’inconnu

Ces jours-ci l’Adrienne investigue à fond dans la lignée paternelle, grâce à la mise en ligne des registres paroissiaux et de l’état civil ça devient un petit jeu addictif 😉

Comme cette branche-là est constituée presque uniquement de gens de la ville, elle forme une longue lignée d’ouvriers dans le textile: les hommes sont très souvent tisserands, ouvriers teinturiers, les femmes fileuses, bobineuses, couturières.

Hier l’Adrienne a cru que l’employé de l’état civil avait mal écrit: épouleuse.

Kèske sèksa?

Epouleuse ou épouilleuse? Elle cherche des poux?

Ce n’est pas dans le dictionnaire et même wikisaitout ne le mentionne pas dans sa liste des mots ayant trait au tissage et à l’industrie textile.

Sans doute est-ce l’équivalent du néerlandais spoelster – de spoel, un mot d’origine germanique qui peut signifier bobine ou navette (en textile).

Dommage que le grand-père ne soit plus là pour expliquer la différence, s’il y en a une, entre la bobineuse/bobijnster et l’épouleuse/spoelster!

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source de l’illustration (et page complète du journal) ici, il y a quelques ‘épouleuses’ parmi les fiancées citées sous le titre ‘publications de mariages’

X c’est l’inconnu

La ville avait décidé que le centre historique deviendrait piétonnier mais le soir l’endroit était bien mort, bien désert: sans commerces, sans cafés ni restaurants, sans touristes.

L’unique passant s’effrayait du bruit de ses propres pas sur les pavés et de leur écho le long des hauts murs de pierre.

Les gens restaient tous derrière leurs volets clos dès que la nuit tombait.
Clos et silencieux.

Il n’y avait qu’une seule exception: une belle demeure ancienne, du côté de l’église gothique, était toujours richement éclairée et par ses volets ouverts, toute une partie de la rue s’en trouvait illuminée.

Marie y passait chaque soir et s’y arrêtait un moment.
On pouvait généralement entendre de la musique: du piano, du violoncelle, parfois accompagnés d’un violon.

Comme ça provenait de l’étage, il était impossible de voir qui jouait.

Elle aurait bien aimé savoir.

Elle attendait un moment mais jamais elle n’a pu apercevoir une silhouette ni distinguer le son d’une voix masculine ou féminine.

Puis un jour ces volets-là aussi sont restés fermés et la maison silencieuse.

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Photo de Fred Hedin pour l’atelier 424 de Bricabook et un zeugme final pas franchement réussi mais que je laisse quand même 😉

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Pour ceux qui préfèrent un autre style de chute, on pourrait imaginer ceci:

Puis un jour ces volets-là aussi sont restés fermés et ne laissaient plus filtrer que la faible lueur de deux ou trois bougies.

– Tiens, s’est dit Marie, ils ont subi le choc de la facture d’électricité!

(avouez que celle-ci s’imposait :-))

X c’est l’inconnu

Chère Madame

Je vous écris juste pour vous dire que sur les plus de 33 questions je n’en ai pas encore fait 18 mais je ne veux pas stresser parce que le stress, ça ne vaut rien. Je vous le dis juste pour que vous ne soyez pas déçue.

Mais qu’est-ce qu’elle veut dire exactement, se demande Madame, complètement dans le brouillard après avoir lu deux fois cette petite missive.

(traduction de l’Adrienne)

C’est quoi, le message, en fait?

Qu’elle ne veut pas stresser mais qu’elle stresse parce qu’elle a fait à peine la moitié de ce qu’elle devait faire?
Que c’est elle qui est déçue de ne pas y arriver?

Quand elle sonne à la porte le lendemain à neuf heures du matin, Madame lui dit:

– Tu sais, je n’ai pas répondu à ton message d’hier soir parce que je n’ai pas bien compris ce que tu voulais dire…
– Oh! répond-elle, je n’ai fait que 12 ou 13 questions.

Conclusion: elle revient demain.

Mais ni elle ni Madame ne savent si elle sera arrivée au bout des 33 questions.

– Faire un planning réaliste, lui dit Madame, tu veux qu’on en parle?

X c’est l’inconnu

Le 2 décembre approchait.

On allait fêter son anniversaire, même s’il préférait laisser passer cette journée comme les autres.

– Je n’ai besoin de rien, affirmait-il haut et fort chaque année avant de se replonger dans son journal.

Un beau paravent, ces grandes feuilles de papier qu’il prétendait lire d’un bout à l’autre.

– Tu vois bien que je lis, disait-il quand on lui adressait la parole, mais au moment même où on croyait ne pas être entendus, on constatait à une de ses petites remarques qu’il avait suivi toute la conversation.

Une sorte d’absence au monde, comme tentative de déjouer son épaisseur et son étrangeté, son côté purement absurde.
Naître, grandir, et devoir tout de suite affronter tous les malheurs possibles: un jour sans doute le « pourquoi » s’élève et tout commence dans cette lassitude teintée d’étonnement.

Plus de quatre-vingts ans que le temps le porte.
Ou plutôt que lui porte le temps.
Parfois, il parcourt la courbe de sa vie, la courbe du temps, et il est saisi par l’horreur de constater que le temps est son pire ennemi.

N’était-ce pas absurde, jour après jour, de souhaiter être à demain.

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Merci à monsieur le Goût pour son 144e devoir.

Et merci à Albert Camus d’avoir écrit Le mythe de Sisyphe 🙂

X c’est l’inconnu

Quand mes deux bipèdes se sont levés ce matin de novembre, ça a été des cris et des hurlements qui m’ont fait me dresser d’un seul coup sur mes quatre pattes.

Personnellement, je n’avais ni vu ni entendu aucun signe de danger de toute la nuit mais les deux excités – enfin, surtout elle – étaient à la fenêtre, parlaient fort, gesticulaient…

Bref, elle a mis ses bottes et son anorak, son bonnet et ses gants, évidemment j’étais prêt à l’accompagner! Elle a un peu hésité à me laisser sortir, m’a entrouvert la porte pour que je voie ce qui était la cause de tout ce branle-bas…

OK, ça m’a arrêté une fraction de seconde, tout était blanc. Blanc par terre, blancs les arbres, plus de pelouse, plus de terrasse, plus rien.
Que du blanc.

Vous connaissez mon courage: j’y suis allé.

Et j’ai compris!

Moi aussi ça m’a rendu complètement fou!

J’ai couru, j’ai sauté, je m’y suis roulé, j’y ai mis le museau jusqu’aux yeux! J’étais HEUREUX! C’était encore beaucoup mieux que le sable sur la plage d’Ostende. Définitivement!

Évidemment avec mes longs poils et le froid qu’il y avait, j’avais des boules de neige et de glaçons un peu partout sur le corps, au bout d’un quart d’heure, et quand j’ai réintégré « mon tapis », comme ils osent appeler ce machin sur lequel je dois rester assis ou couché, ça a rapidement fait une grosse flaque.
Une grosse, grosse flaque.

Mais je ne vais pas me plaindre: elle m’a fait une friction et j’ai pu m’installer près du feu, mon endroit préféré.

Que du bonheur, vous dis-je.

J’adore la neige!

Maintenant quand j’en vois, je suis aussi excité qu’eux.

Enfin, aussi excité qu’elle 😉

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Merci à Joe Krapov pour la photo et la consigne et à Câline d’une Vie de chien pour le terme ‘bipède’.

Écrit en souvenir de Chien Parfait et de la première fois où il a vu de la neige 🙂

X c’est l’inconnu

Elle a envoyé une photo par google photos et l’Adrienne n’a pas réussi à l’ouvrir, malgré toutes les étapes effectuées pour se faire admettre puis reconnaître par l’engin qui finit par lui envoyer un message tout fiérot annonçant qu’il a bloqué quelqu’un qui essayait de se faire passer pour elle.

Bref.

Le seul message accompagnant la photo était « Noi și nepotelul« , nous et notre petit-fils, donc on devine ce qu’on n’a pas pu voir, une heureuse grand-mère, un heureux grand-père, et un petit garçon blond âgé de quatre ans qu’ils ne voient que deux ou trois semaines par an.

Et bien tout ça est beau et triste à la fois, comme d’avoir une amie à deux mille kilomètres dont on ne sait pas si on la reverra un jour.

L’année du X

Si on le traduit littéralement, ‘stokstaartje‘ veut dire ‘petite queue en forme de bâtonnet’, mais en français on l’appelle suricate, comme en anglais.

Surprise au zoo d’Anvers ce mois-ci: quatre petits suricates sont nés.
Comme l’explique la jeune femme de la vidéo, les petits naissent chauves et aveugles et restent sous terre les premières semaines de leur vie.
D’où l’effet de surprise.

Il faut à présent leur trouver un nom.
Or c’est l’année des noms en X 😉

Et voilà que la semaine dernière, deux petites hyènes tachetées naissent à Planckendael – tous les détails et les photos ici, en français – qui devront aussi recevoir un nom en X.

L’Adrienne a comme l’impression que ça pourrait devenir amusant 😉

X c’est l’inconnu

Il y a des jours comme ça, qui s’annoncent bien, on a le matin tôt une bonne conversation avec le marchand de légumes, on se réjouit de voir Hajar l’après-midi et peut-être de bons amis le dimanche suivant.

Puis la voisine vient sonner, très remontée, et vous accuse de l’avoir dénoncée à la police, ce qui est totalement faux mais comment le lui prouver?

En passant elle vous apprend encore tout le mal qu’on dit de vous, en particulier sur votre façon très personnelle de voir le jardinage 😉

Et le soir, Hajar partie, vous constatez que votre billet du jour a fâché quelques personnes et que vous auriez mieux fait de garder vos petites opinions pour vous.

Puis la voisine revient, tout sucre tout miel, elle vous appelle « zoetje » (1) comme si vous étiez meilleures copines, et elle vous annonce qu’en janvier, son mari, le chien, le chat, les poules, le coq et elle déménagent.

– On n’en peut plus de vivre ici, dit-elle, ça me rend malade un voisinage comme ça!

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photo prise à Ostende: la façade arrière de la gare, toujours barricadée, était tout à fait inconnue de l’Adrienne jusqu’au matin du 18 juillet dernier.

(1) mot gentil équivalent au ‘sweetie’ anglo-américain

X c’est l’inconnu

Photo de suntorn somtong sur Pexels.com

C’est incroyable le nombre de choses qui peuvent se passer en deux ans!

Ainsi par exemple, les deux filles de belle-sœur numéro 2 ont trouvé un compagnon et ont fait un bébé.

L’Adrienne n’a vu bébés et compagnons qu’en photo sur whatsapp.

Et chez Monsieur Filleul est né un petit garçon qui a déjà quinze mois.

Bref, sur la centaine de personnes qui seront à la fête, l’Adrienne en connaîtra moins de dix.

Huit, si elle compte bien 😉

X c’est l’inconnu

Il paraît que dans la Creuse, il n’y a rien à voir.

Ne tirez pas sur l’Adrienne, c’est un Français qui le lui a dit.
D’ailleurs ça a suffi pour lui donner envie d’aller vérifier à quoi pouvait ressembler Guéret (23), une préfecture qui compte moins de la moitié du nombre d’habitants de sa propre ville, que chacun ici s’accorde à considérer comme « petite ».
Très petite même.

Il faut dire que plus elle scrute cette carte, plus la conclusion s’impose: c’est vraiment le seul département par où elle ne soit jamais passée.

Elle a du mal à le croire elle-même, pourtant il faut se rendre à l’évidence: elle a eu dans sa vie deux encyclopédies vivantes des vins et vignobles de France, d’abord son père, puis son mari, qui l’ont emmenée dans tous les recoins de ce pays.

Donc que ce soit le but du voyage ou le chemin à suivre pour y arriver, elle a vraiment tout traversé au moins une ou deux fois.

Tout.

Sauf la Creuse.

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Merci à Joe Krapov pour cette consigne:

Reprenons la carte distribuée et publiée ici la semaine dernière.

Cette fois-ci vous choisissez dix villes de départements différents dans lesquelles vous n’avez jamais mis les pieds et dans lesquelles vous iriez volontiers. Dites ce qui vous attire en elles ou ce que vous avez envie d’y faire.