Je regarde les détails des gens comme ceux d’un tableau d’un bijou ou de ma merde le matin je les regarde en me retrouvant à chaque fois habité de ce sentiment d’étrangeté intime que j’éprouvais enfant pour les matières de l’intérieur découvertes la première fois que j’ai saigné ou que j’ai aimé je les détaille au scalpel aiguisé de mon infinie tendresse en sachant bien que nous sommes le même paysage maudit à admirer
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De Thomas Vinau, sur son blog, toujours les mots justes et même le plus trivial est à sa place 😉
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La vidéo n’a rien à voir sauf que ces jours-ci, si tout se passe bien, l’Adrienne va avoir l’occasion de visiter ce joyau, donc du poème on garde les mots : regarde – détail – tableau – bijou – découverte – paysage – admirer 🙂
Hier matin le poème mis en ligne par Thomas Vinau sur son blog disait une fois de plus – exactement et en peu de mots – comment l’Adrienne se sentait 🙂
Et qui sait, peut-être vous aussi, alors partageons:
On se lève fatigués on se couche abimés et entre les deux on fait des miracles
J’écris parfois des poèmes surannés remplis d’amour et d’oiseaux de vent et de peine des poèmes pratiques avec des mots simples qui ne cherchent pas qui ne changent rien qui me font du bien
ETC-iste, il en a déjà été question ici, c’est le blog du poète Thomas Vinau.
Dernièrement il a remis en ligne une citation de Jean-Claude Pirotte, que l’Adrienne aime beaucoup (le poète et la citation ;-))
« Donc je ferai des phrases, faute de voler des sacs à main, de balayer les pistes d’un cirque ou d’incendier Rome. » Jean-Claude Pirotte, La légende des petits matins, éditions La table ronde, 1997.
On écrit aux absents on leur écrit des lettres dans nos têtes des messages sur les réseaux que les autres liront on leur écrit avec nos yeux qui se laissent perdre au fond du ciel ou devant une photo on leur écrit sans ne rien dire ou en disant à tout le monde sauf à eux on leur écrit dans la lumière de l’aube et du crépuscule dans les fossés lorsque l’on marche sans aller nulle part dans l’automne lie de vin des feuilles qui tombent dans l’hiver silencieux dans les pétillements doux et violents du printemps dans l’éternité de l’été on leur écrit des mots de rien des phrases simples qu’il nous aura fallu la moitié d’une vie à atteindre on leur écrit qu’il n’y a que le temps qui sauve de l’amour et qu’il n’y a que l’amour qui sauve du temps
Première fois cette année qu’il n’y a plus que l’Adrienne pour aller dire bonjour au grand-père paternel, à la petite Ivonne et aux deux petites sœurs, au vieux cimetière.
Les rideaux d’or et d’ombre adoucissent le temps nous partageons nos corps avec des choses étranges des douleurs des espoirs des peurs et des souvenirs nos nourrissons nourris d’un drôle d’appétit les mouches aux plafonds les questions dans les cendres nous avons donné des noms aux fleurs aux lapins aux secondes nous avons inventé chansons chaussures et confitures nous jouons à tourner nos yeux fermés vers le ciel en comptant les couleurs qui n’existent pas à sentir l’haleine des fantômes à tuer les étoiles sans jamais cessé d’être habités par ce qui nous manque
Je rappelle que Bachar Mar-Khalifé, Odezenne, Katerine ou Zoufris Maracas existent
Je rappelle que les amandiers sont en fleurs que les violettes résistent au givre qu’il reste des asperges sauvages ou des mimosas
Je rappelle qu’une poule pond un œuf chaque jour, que les vignes se taillent à trois nœuds que mon voisin plante des petits pois et que les fraises des bois ne poussent pas que dans les bois
Je rappelle que le cbd est légal que pas plus de deux verres ça va que des sacs vomitoires sont à votre disposition pendant le vol que la chair n’est pas triste et que personne n’a lu tous les livres
Je rappelle que nos enfants ont des ailes plus grandes que les nôtres que les oiseaux ont faim et que les chiens lèchent gratos
Je rappelle que la vie est une pute et que nous sommes tous des fils de petite maman chérie qui recoud nos boutons qu’on peut faire des tartes avec à peu près tout ce qu’on veut et que les crayons de couleurs ont une durée de vie considérable
Je rappelle qu’on peut faire du papier avec du crottin de cheval un dessert avec du pain rassis que le tonnerre est le bruit de la foudre que j’ai vu un chat blanc dans la nuit et qu’il n’était pas gris
Je rappelle que le bouton rouge sur les télécommandes sert à la fois à allumer et à éteindre que le jour n’appartient à personne et qu’il n’y a pas de date de péremption sur les fesses des autres
Je rappelle qu’un peu, plus un peu, ça fait un peu plus
Faites-en bien ce que vous voulez
Thomas Vinau, sur son blog etc-iste, le 7 mars dernier. Avec son consentement, merci à lui.
Mais l’essentiel de ce Petit Rappel est évidemment que tant de choses restent dans le monde de la nature et de la culture pour nous aider à traverser à peu près tout. Avec ou sans passerelle 🙂
Merci à Monsieur le Goût pour le tableau en illustration et la 117e consigne: Où mène cette passerelle peinte par Toutounov ? Que traverse-t-elle ? Le savez-vous ? Si vous le savez, dites-le ! Si vous ne le savez pas, inventez-le !
Dans cette vidéo on peut voir l’artiste peignant le petit pont choisi par Monsieur Le Goût:
Une enfance entière à jouer l’équilibriste Le long des trottoirs sans se douter que la vie restant consisterait à avancer au beau milieu des larges allées qui longent le vide
Vous qui passez régulièrement, vous savez qu’il a déjà été question quelques fois de Thomas Vinau et des envies qui prennent l’Adrienne de traduire ses poèmes.
Cette fois elle s’y est prise bien à temps pour demander et recevoir l’autorisation de le faire.
Et pour être tout à fait honnête, ce n’était pas une question de temps.
C’est une question d’audace 😉
Bref, elle a enfin osé demander et voici ce que ça donne en néerlandais:
De koorddanser
Een volle kindertijd Koorddanser spelen Langs de voetpaden Zonder te vermoeden Dat de rest van het leven Eruit zou bestaan Voort te gaan Te midden van brede paden Langs de afgrond.
Une autre chose qui aurait dû avoir lieu le 2 février, c’est la rencontre à Bruxelles de deux poètes que l’Adrienne aime beaucoup, le Français Thomas Vinau et le Belge Carl Norac.
Mais comme nous tous, au lieu de se voir « en vrai » ils ont dû avoir recours aux joies d’internet, et comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessus, c’est un exercice assez neuf pour eux aussi.
Mais c’est chouette à voir et à entendre, si on a une heure de repassage, de pause ou d’envie, tout simplement 🙂
La poésie fait son nid d’une main à peine ouverte, elle peut suivre les lignes de la paume et aussi vivre dans un poing. Elle est ce souffle inattendu qui patientait en toi, ce temps posé sur l’instant, mais qui dure. Si tu veux la dresser, change de livre, délaisse les gens qui veulent la définir. Elle aura toujours le coup d’aile d’avance de l’oiseau quand tu veux l’attraper.
Un poème ne t’attend pas. Il est là, même où tu l’ignores. Il ne se veut pas forcément plus brillant qu’une bruine qui s’amuse ou un soleil qui tombe. Un poème ne fait pas pousser les fleurs : c’est une parole entre deux lèvres qui ne sauvera peut-être pas la Terre, mais qui s’entendra, se fendra d’un aveu, d’un amour, d’un combat. Elle chantera encore quand d’autres s’agenouillent ou s’enfuient devant la foule des bras tendus.
Aujourd’hui, tu vas écrire, me confies-tu. Alors, vas-y, jette-toi dans la beauté. Au bout d’une page, ou de quelques vers, il y a parfois le début d’un univers. Je te regarde : ce matin, tu te sens si poème que tu crois pouvoir toucher, pour dire le monde, l’infini d’une seconde.