K comme KV 396

Le défi du 20

T comme train

Cinq ans après la triste expérience des trains allemands, l’Adrienne va retenter le coup: demain elle monte dans le train pour Mannheim avec changement de correspondance à Cologne, autant dire que c’est de l’optimisme pur 🙂

Comme il n’y aura ni sa mère, ni Monsieur Neveu, elle n’a qu’à se préoccuper d’elle-même, c’est dire que le souci est bien petit.

Mais pourquoi diable aller à Mannheim, vous demandez-vous.

Et bien, c’est fort simple, pour visiter Heidelberg et assister à quelques concerts d’un festival de musique.

Voilà voilà.

Le plus périlleux sera le retour, et qu’à Bruxelles le dernier train en direction sa petite ville soit parti depuis longtemps.

Ce qui ne manquera pas d’arriver 😉

O comme Opéra

Photo de Joonas ku00e4u00e4riu00e4inen sur Pexels.com

Vous vous souvenez de ces trois rendez-vous ratés avec Mozart pour cause d’éternelle pandémie? Ces trois opéras avec Da Ponte que l’Adrienne attendait avec joie et impatience depuis des mois? Le 5 février 2020 elle y croyait encore et quelques jours plus tard tout était annulé.

Vous vous souvenez aussi de son émotion en avril dernier, quand elle a constaté qu’il suffirait de sauter par-dessus le Channel pour assister à des réjouissances mozartiennes?

Et bien c’est fait: elle a écouté les conseils épicuriens (« on ne vit qu’une fois » a dit Mme Chapeau), pris un passeport international, pris le train, et la voilà prête à partager avec vous ce soir même un grand moment festif, un verre de bulles qui pétillent à la main 🙂

Merveilleuses retrouvailles pour un plaisir immense et éphémère qu’est le spectacle vivant!

***

Merci à Émilie d’avoir repris ses Plumes avec – sous le thème des retrouvailles – les mots imposés suivants:

EMOTION, PARTAGER, FESTIF, REJOUISSANCE, RENDEZ-VOUS, IMPATIENCE, SE SOUVENIR, JOIE, VERRE, PETILLER, EPICURIEN, ETERNEL et EPHEMERE.

O comme Opéra

Quand la Grande-Bretagne a décidé de quitter l’Union européenne et introduit l’obligation du passeport international – alors qu’autrefois on prenait le bateau Ostende-Douvres avec une simple carte d’identité, mais bon, bref – l’Adrienne un peu fâchée s’est dit: « Et bien si c’est comme ça, moi je n’y vais plus! »

Serment d’ivrogne qui ne boit pas, pourrait-on dire: elle a vu par hasard ces jours-ci qu’au festival de Glyndebourne il y aura l’ami Mozart, sans compter les magnifiques jardins et l’inégalable climat du Sussex 😉

Tout ça pour vous dire qu’elle a très très envie d’oublier ses serments et d’aller chercher un passeport international à l’hôtel de ville 😉

F comme fa

Hier l’Adrienne réfléchissait à un billet F comme Fa, dans lequel elle vous expliquerait son petit souci de casting à la chorale: non, elle n’est pas vraiment une soprano mais le chef pense que si 🙂

Alors elle qui n’arrive qu’à peine à chanter le fa dans « judicandus » devrait arriver jusqu’au la dans « homo reus« . Mission impossible, donc.

Blijven oefenen, a rigolé un ténor quand elle a dit qu’elle n’atteindrait jamais ce sol et ce la. Blijven oefenen, continuer à s’entraîner, a-t-il répété, hilare, comme si l’exercice allait y changer quelque chose, mais bon, elle a ri aussi.

Et puis dans sa boîte aux lettres elle a trouvé un courrier de la police.

Pour lui signifier que son figuier (appelé « struik« , « buisson », alors qu’il est déjà plus haut que son toit ;-)) a des branches qui envahissent le trottoir: « het voetpad is bijna volledig overwoekerd« .

Dangereux, ça!
Et une invasion du domaine public, « inname van het openbaar domein » en plus!

Bref, le billet du jour serait plutôt F comme figuier.

Ou tout autre mot en F qui vous viendrait à l’esprit après la lecture de ce billet 😉

M comme mille e tre

– Tu permets? dit l’ami en tendant la main vers une anthologie de poèmes que l’Adrienne avait choisie à la bibliothèque pour montrer à Estevan qu’il existait autre chose que des poètes neurasthéniques et suicidaires, puisque telle était son opinion après dix mois passés en compagnie de Baudelaire e tutti quanti.

– Bien sûr, fait-elle.

Mais il feuillette à peine le livre et lui demande:

– Qui c’est, ton poète préféré?

Alors là! Impossible de répondre!

– Je ne saurais même pas lesquels garder et lesquels laisser tomber si je devais en choisir dix, dit-elle. Il y en a plusieurs par siècle, à commencer par ceux du moyen âge!

Qu’est-ce qu’ils ont, les gens, à vouloir vous demander de choisir, de sélectionner, de faire un top dix ou un podium?

Est-ce qu’on lui demande, à lui, de choisir son physicien préféré?

I comme inventeur

– Plus tard, dit petit Léon, quand je serai grand, je vais inventer la machine à remonter le temps.

– C’est une très bonne idée, fait Madame.

– Comme ça, vous pourrez voir Mozart!

– Super! dit Madame.

Puis il ajoute:

– Et revoir votre papa.

***

Il commence à drôlement bien me connaître, cet enfant.

M comme mystérieux Mozart

C’était un matin d’été, un jour de grande chaleur. Je devais prendre un taxi pour traverser Paris. Le chauffeur, un Asiatique souriant, Mercedes climatisée noire, me dit: « La musique ne vous dérange pas? » – En principe, non. Qu’est-ce que vous avez? » Il me cite deux chanteurs de variété, une chanteuse, et puis, surprise, Bach et Mozart. « Quoi de Mozart? – Le Requiem. – Vraiment? – ça ne vous plaît pas? – Si, si. Quelle interprétation? – L’Orchestre philharmonique de Vienne. Vous connaissez? – Un peu. Allez-y, merci. »

[…] Je descends dans l’air étouffant, je marche vers mon rendez-vous, j’appelle sur mon portable pour prévenir d’un léger retard, je tombe sur un allégro de Mozart en boucle, un concerto pour violon. A New York, je m’en souviens, dans l’ascenseur de l’hôtel, c’était la 40e symphonie en sol mineur. Pour réserver un taxi, la Petite Musique de nuit. Et ainsi de suite. Mozart est partout, c’est une industrie permanente […]

Mozart, le vrai Mozart, quelle serait aujourd’hui sa fortune s’il touchait à chaque instant des droits d’auteur? J’ai fini par poser la question à un spécialiste qui m’a répondu en riant: « De quoi s’acheter l’Autriche tout entière. »

Philippe Sollers, Mystérieux Mozart, éd. Folio 2006, incipit p.13, p.17 et p.20.

Z comme zut!

Zut! se dit l’Adrienne en entendant le flot de muzak envahir la maison.
Il est temps d’intervenir.

On ne peut empêcher ses voisins d’avoir certains goûts musicaux mais on peut essayer de leur faire baisser le son.

Elle prend donc sa plume la plus diplomatique pour écrire sur un ton guilleret « vous aurez sans doute déjà remarqué vous aussi à quel point le mur entre nous est fin ».
Mais non, la voisine ne l’avait pas encore remarqué, et pour cause, l’Adrienne mène une vie de souris – et même moins bruyante encore.

« Moi j’entends tout ce que vous dites, répond l’Adrienne, je comprends juste un peu moins bien quand c’est Monsieur qui parle, à cause de son dialecte gantois. »
Ce dernier détail devant servir à convaincre tout à fait la voisine que oui, zut et flûte, l’Adrienne entend tout!

« Même, ajoute-t-elle, que je me sentais fort mal à cause de ça, comme un voyeur. »

Parce que c’est régulièrement reality TV chez les nouveaux voisins.

Bref, la voisine remercie de l’avoir prévenue et conclut par un « On en tiendra compte à l’avenir! »

Quant à savoir quand c’est, « l’avenir », la question reste ouverte: ils continuent à crier dans leur téléphone et à parler si haut et si fort, alors qu’ils ne sont que deux dans la maison, que l’Adrienne – zut et flûte – continue de tout entendre.

Mais au moins elle n’a plus l’impression de faire du voyeurisme 🙂

***

et douze minutes de Mozart pour se remettre les oreilles à l’endroit 🙂

écrit pour le Défi du samedi n°648 – merci Walrus!