I comme intime

Agriculture | Pierre Rabhi, le respect de la Terre
source ici

Ni pendant son enfance, ni à l’adolescence, jamais mini-Adrienne n’a tenu de journal intime.

Par contre elle a écrit plusieurs romans (LOL).

Et pendant les vacances en famille, elle tenait un journal fort complet sur le séjour: l’itinéraire détaillé avec les kilométriques et l’horaire, les visites culturelles, les repas avec tout le menu, les occupations des journées, que ce soit la baignade en rivière ou les courses au super U, et quelques considérations propres à l’âge de la chroniqueuse.

Chaque été, un cahier.

Une écriture qu’elle croyait appartenir au domaine de l’intime jusqu’au jour où elle a découvert son cahier entre les mains paternelles: le choc!

Par bonheur, elle ne disait jamais que du bien de lui, aucun mal de sa mère, aucune plainte concernant le petit frère.

Ce n’était donc pas non plus un journal intime 😉

***

Mais elle y parle chaque année du monsieur de la photo ci-dessus que le père a parfois fait poser, au marché, derrière l’étal de fromages de chèvres.

Tellement la famille était fan 🙂

Malheureusement c’est dans les albums de la mère, à 850 km d’ici.

Sans quoi vous auriez pu voir qu’à l’époque, il portait des chemises blanches 🙂

T comme tarif

L’Adrienne a failli tomber à la renverse en lisant qu’Eric-Emmanuel Schmitt monnayait ses « conseils d’écrivain » dans des master class en vidéo à 120 € – si on désire une rencontre avec l’écrivain, c’est évidemment plus cher: 500 €.

Avant de lui retirer mon estime, j’ai fait un petit tour des « master class d’écrivain » et constaté que le mal était fort répandu. Certains s’y adonnent à titre privé et font leur pub sur leur site personnel, comme Alexandre Jardin, 200 € pour « découvrir ses secrets d’écrivain ». D’autres y sont engagés par leur maison d’édition, comme Gallimard: 1500 € pour plusieurs séances en présence de l’écrivain. Ou par la BNF, une séance avec un écrivain comme notre Amélie Nothomb et là l’entrée est gratuite.

Voilà, me suis-je dit, Eric-Emmanuel et Alexandre doivent sans doute manquer de beurre dans leurs épinards.

Stupeur et tremblements

lakévio96

Notre première expérience, chose remarquable, est celle d’une disparition. Disparue l’inspiration! Nous avions beau lire tous les journaux, éplucher les faits divers, depuis que nous étions à Paris plus rien ne nous venait, ni de l’intérieur ni de l’extérieur. Aucune Emma Bovary, aucun Lafcadio, rien. Nous avions gagné ce concours, Igor et moi, nous étions à Paris pour y écrire dans les meilleures conditions, et notre imagination était complètement à sec. Comme si d’avoir quitté la Russie nous avait vidé le cerveau, coupé les circuits qui alimentaient notre plume. Au bout de trois semaines, Igor avait cessé de se prendre pour Romain Gary et moi pour Nathalie Sarraute. Même si nous faisions durer le verre d’eau en terrasse le plus longtemps possible, à un moment notre bourse aussi serait à sec.

Et ma mère, dans sa dernière lettre, ne nous donnait pas vraiment le conseil salvateur :

« Referme un instant sur le monde la porte et la fenêtre, tourne-toi vers le journal pour toutes ses notations musicales, et commence un autre roman. » 

***

tableau et consignes chez Lakévio qui demandait

1) Commencez impérativement votre texte par la phrase suivante : « Notre première expérience, chose remarquable, est celle d’une disparition. » Emprunt à Lou qui nous raconte sa Vie.

2) Terminez impérativement votre texte par la phrase suivante : « Referme un instant sur le monde la porte et la fenêtre, tourne-toi vers le journal pour toutes ses notations musicales, et commence un autre roman. » Emprunt à Anaïs qui écrit son Journal.

Entre les deux, casez ce que vous voulez !

Questions de Pascal Perrat

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La semaine dernière, 

combien de fois avez-vous « liké » sur les réseaux? 

combien de vidéos avez-vous regardées sur les réseaux? 

combien de temps avez-vous passé sur Facebook? 

combien d’articles y avez-vous lus? 

combien de drôleries y avez-vous envoyées ou renvoyées?  

combien de vidéos avez-vous regardées sur YouTube et autres? 

combien de contenus avez-vous partagés? 

combien de tweets avez-vous publiés ou lus? 

nous demande Pascal Perrat, pour nous confronter ensuite à cette question-ci: pendant ce même laps de temps, combien avez-vous écrit de pages concourant à nourrir votre projet d’écriture ?  

*** 

Toute fière, l’Adrienne peut annoncer qu’elle n’a commis qu’un seul péché, elle a regardé des tas de vidéos sur youtube, mais c’est la faute à Joe Krapov tongue-out 

De toute façon, son seul projet d’écriture est son blog. 

Et deux ou trois blogamis qui offrent des petits jeux cool Merci à eux!

P comme Pyramide

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Avoir
une plume

bien acérée, affûtée, 
trempée dans le vitriol, 
pour émettre des opinions tranchées, 
peut toujours être utile  
même si parfois 
la sagesse 
requiert 
le silence, 
le grand pardon 
de toutes les fautes 
de jeunesse ou de vieillesse 

*** 

la pyramide consiste à ajouter un mot à chaque ligne 

la pyramide inversée à enlever un mot par ligne 

à l’Oulipo on l’appelle boule de neige

K comme krapoverie

Bon, d’accord, la plaine du Pô, c’est parfois torride à en devenir fou, c’est parfois envahi par les eaux en crue, c’est souvent noyé de brume, il y a de plus jolis endroits au monde. 

Mais les gens, me direz-vous, comment vivent-ils, comment sont-ils? 

Alors voilà le plus gros problème: il y a ceux qui vont à l’église, s’agenouillent, prient et se fient à leur prêtre et ceux qui agitent le drapeau rouge, lèvent le poing, vocifèrent et se fient à leur maire. 

Et bien souvent ce sont les mêmes.  

***

Consignes chez Joe Krapov, que je remercie!

Vous allez écrire plusieurs petites histoires en quatre phrases.

La première commencera par Bon, la deuxième par Mais,
la troisième par Alors et la quatrième par Et.

On vous demande de raconter ainsi l’histoire des couples célèbres suivants :

Adam et Eve – Astérix et Obélix – L’Auguste et le clown blanc – Bonnie and Clyde – Bouvard et Pécuchet – Don Camillo et Peppone – Dagobert et saint-Eloi – David et Goliath – Dupond et Dupont – Eros et Thanatos – Gault et Millau – Saint-Georges et le dragon – Sherlock Holmes et le docteur Watson – Dr Jekyll et Mr Hyde – Lagarde et Michard – laurel et hardy – Lefèvre et Utile – les frères Lumière – Malet et Isaac – Marx et Engels – Moët et Chandon – Orphée et Eurydice – la grande Ourse et la petite Ourse – Don Quichotte et Sancho Pança – Robinson et vendredi – Roméo et Juliette – Samson et Dalila – Sodome et Gomorre – Stanley et Livingstone – Tarzan et Jane – Tintin et Milou – Tristan et Yseut – Ulysse et Pénélope – Verlaine et Rimbaud – Villeroy et Boch – Voltaire et Rousseau

J comme journal

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Le journal d’écrivain peut être une lecture intéressante – reflet d’une époque, reflet d’une vie et des pensées de l’auteur – autrefois sur papier, aujourd’hui souvent publié en blog. 

Sans doute le journal sur papier était-il plus intime, publié seulement à titre posthume, avec ou sans nettoyage, avec ou sans l’accord de l’auteur. 

Bref, vous savez tout ça.

Récemment j’en ai trouvé un sous cette forme-ci et il me plaît bien. 

Ce qui au départ était une consigne d’écriture de François Bon – tenir un journal en deux phrases par jour, pas plus – a été compilé sous le titre « Année compte double« , parce que, comme le dit Martine Sonnet elle-même, « ce n’était pas du tout une année comme les autres ». 

Comme toujours, en lisant la vie d’un(e) autre, on sourit en se trouvant des points communs. Les vaines tentatives d’essayage pour l’achat d’une robe, par exemple, ou l’appréhension face aux « fêtes » de fin d’année, « 31 décembre 2007 – sans solution de continuité – enchaîner comme si de rien n’était : le peu de jour, d’abord, sera pareil« . 

Une belle lecture ici aussi, qui me rappelle des souvenirs de ma grand-mère, la séance de bigoudis hebdomadaire, les cheveux si peu gris et si fins, qui sèchent vite, les ‘piques’ tendues… 

Et vu que la maman de Martine Sonnet était couturière, j’ai remis la photo de ma couturière préférée, entourée de ses parents. 

 

 

B comme Bon, François Bon

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Cet hiver, c’est ciné-roman chez François Bon aussi et pour l’Adrienne c’est une incitation à dérouler le film qui n’existe que dans sa tête. 

John est éclairé dans son travail par une forte lampe de bureau, très directionnelle, à bras articulé. Il compulse des papiers, puis se remet à écrire, à la main, avec un stylographe traditionnel, probablement défectueux, car il le trempe quelquefois dans un encrier. On entend, venant du dehors, des cris d’enfants qui jouent, mais pas très proches, puis un appel de muezzin pour la prière du soir, et d’autres sons constituant une sorte de rumeur arabe, paisible et quotidienne. 

Adrienne travaille à la lumière du jour, si importante pour évaluer les couleurs. Elle se dépêche d’assembler les pièces. Elle est penchée sur sa machine. Sur le manteau de cheminée, l’horloge Westminster sonne tous les quarts d’heure. Aux heures, Adrienne lève la tête et compte les coups, immédiatement confirmés par le coucou accroché au mur.  

John s’interrompt dans son écriture pour réfléchir un moment. Il appuie sur le bouton d’un boîtier de commande qui en même temps éteint la lampe de travail et allume l’écran, où défilent, sur un rythme assez rapide, des images de cavaliers arabes, de chevaux, de paysages marocains, etc. Le tout est constitué de croquis et peintures du siècle dernier, où l’on reconnaît en particulier des Delacroix, plus ou moins célèbres. Certains semblent retenir davantage l’attention de John, qui, visiblement, a souvent regardé ce matériel, le sujet sans aucun doute du texte qu’il est en train de rédiger. 

Alain Robbe-Grillet, C’est Gradiva qui vous appelle, ciné-roman, éd. Minuit, 2002, page 10 

Elle replie soigneusement les pièces assemblées et celles qui sont encore attachées à leur papier de soie. Elle récupère les bouts de tissu, jette quelques fils coupés. Elle vérifie si elle n’a oublié aucune épingle sur la table, passe et repasse la main sur sa surface. Elle pousse sa machine contre le mur, remet le couvercle dessus. C’est l’heure de faire chauffer la soupe et de cuire les pommes de terre. 

*** 

photo prise à Ostende le 3 novembre
détail de l’église Saints-Pierre-et-Paul

Adrienne fait son cinéma

Cellule génératrice : une grande pièce nue, presque sans meubles, dans une casbah des premiers contreforts de l’Atlas, à proximité de Marrakech. Des ouvertures de dimensions réduites donnent de différents côtés, fermées par des volets de bois, peut-être à l’Andalouse. Une des parois, dépourvue de la moindre fenêtre, est peinte en blanc cru et sert d’écran pour projeter des diapositives. 

Cellule génératrice: une petite pièce encombrée, table, six chaises, deux placards, deux fauteuils en skaï bleu, téléviseur, étagère avec poste de radio des années cinquante, gros poêle à charbon. Pas de fenêtre mais un lanterneau et une porte vitrée donnant sur le jardin. Une double porte fermée le soir pour cacher l’arrière-cuisine. 

adrienne, souvenir d'enfance

Un Européen d’une quarantaine d’années travaille sur une table basse de dimensions importantes où sont étalés des documents (reproductions de tableaux, livres, manuscrits divers). L’homme, appelons-le John, est assis sur un pouf de cuir. L’ensemble donne l’impression d’un confort très rudimentaire. Mais il y a l’électricité et l’appareil de projection est assez perfectionné, donnant une image brillante en dépit de la médiocrité de l’écran. Dehors, la nuit commence à tomber. 

Une Flamande d’une soixantaine d’années travaille debout devant la table où sont étalées les différentes pièces d’un patron soigneusement découpées dans du papier de soie puis épinglées sur le tissu. La femme, appelons-la Adrienne, est penchée sur son travail. L’ensemble donne l’impression d’un grand fouillis. La machine à coudre date d’avant la guerre. Au plafond il n’y a qu’un néon de forme ronde. 

Alain Robbe-Grillet, C’est Gradiva qui vous appelle, ciné-roman, éd. Minuit, 2002, page 9

 

J comme japonaiseries

Sei_Shonagon.jpg

Je me demande si la notoriété de dame Sei Shonagon aurait atteint un tel retentissement sans les ateliers d’écriture. 

Pas un, qu’il soit virtuel ou en présence réelle, qui ne fasse appel à ses Notes de chevet… 

Vous savez bien, ces:

  • Choses désolantes
  • Choses dont on néglige souvent la fin
  • Choses que l’on méprise
  • Choses détestables
  • Choses qui font battre le cœur
  • Choses qui font naître un doux souvenir du passé
  • Choses qui égayent le cœur
  • Choses peu rassurantes
  • Choses que l’on ne peut comparer
  • Choses rares
  • Choses qu’il ne valait pas la peine de faire
  • Choses dont on n’a aucun regret
  • Choses qui paraissent agréables
  • Choses qui semblent éveiller la mélancolie
  • Choses splendides
  • Choses qui ont une grâce raffinée
  • Choses gênantes
  • Choses qui frappent de stupeur
  • Choses pénibles
  • Choses qui sont loin du terme
  • Choses qui perdent à être peintes
  • Choses qui gagnent à être peintes
  • Choses qui émeuvent profondément
  • Choses qui paraissent pitoyables
  • Choses qui donnent une impression de chaleur
  • Choses qui font honte
  • Choses sans valeur
  • Choses embarrassantes
  • Choses qui emplissent l’âme de tristesse
  • Choses qui distraient dans les moments d’ennui
  • Choses qui ne sont bonnes à rien
  • Choses qui sont les plus belles du monde
  • Choses effrayantes
  • Choses qui semblent pures
  • Choses qui paraissent malpropres
  • Choses qui semblent vulgaires
  • Choses qui remplissent d’angoisse
  • Choses ravissantes
  • Choses sans retenue
  • Choses dont le nom est effrayant

etc, etc. 

Bref, mardi soir on n’y a pas échappé. 

sei shonagon.jpg

***

les deux illustrations représentent dame Sei Shonagon et sont du domaine public
source wikipédia 

*** 

Choses qu’il ne valait pas la peine de faire 

repasser un pantalon en lin 

se priver de chocolat sous prétexte que c’est le carême et qu’on veut se prouver qu’on est capable de faire pénitence 

cultiver un potager à côté d’une prairie d’où les vaches affamées s’échappent régulièrement 

donner 100 € pour un GPS qui ne sait pas où se trouve l’Italie