N comme Nobel

X c’est l’inconnu

Astrofysicus Vincent Van Eylen: 'We staan aan het begin van een sterrenkundige revolutie'

Il n’y a pas plus inconnu ni plus fascinant que l’étude de l’univers et l’Adrienne – qui n’y connaît rien – lit avidement tout ce qui se publie là-dessus dans la presse.

C’est ainsi qu’elle a fait la connaissance de ce jeune homme, Vincent Van Eylen (31 ans), qui enseigne l’astrophysique au Mullard Space Science Laboratory de l’University College London (UCL).

Le journaliste ajoute avec fierté qu’elle est l’une des dix meilleures au monde, mais ça n’apporte rien au sujet qui nous occupe 😉

Vincent Van Eylen enseigne mais étudie aussi les planètes en dehors de notre système solaire, comme on peut le lire dans cette courte présentation sur le site de son université.

Il a déjà découvert une dizaine d’exoplanètes mais se consacre désormais plutôt à leur étude: leur composition chimique et leur « architecture », comme il l’explique dans la vidéo ci-dessous.

Pour ceux que ça intéresse:

B comme botanique

source ici

ça m’intéresse pas, les plantes! fait petit Léon.

Il veut profiter du fait que sa prof de sciences est absente encore quelques jours et ne pas faire les devoirs prévus. Il s’agit des sortes de feuilles, simples ou composées, et de toutes les façons dont on peut les catégoriser.
Donc beaucoup de vocabulaire neuf à découvrir, encore une fois!

Alors Madame sort son truc du renversement des rôles:

– C’est quoi, ça? pétiole? verticillé? Tu sais ce que ça veut dire, tout ça, toi?

Elle retourne un peu en arrière dans le syllabus pour voir où c’est expliqué et ça énerve Léon, qui ne connaît qu’un seul mode de fonctionnement: aller de l’avant, même si on n’a rien compris à ce qui précède.

– Pé-ti-o-le, dit-il en détachant les syllabes et en les faisant répéter deux ou trois fois à Madame, exactement comme elle l’a fait juste avant avec le vocabulaire de néerlandais qu’il devait apprendre.

– Ver-ti-cil-lé!

Madame ne joue pas les élèves récalcitrantes et elle espère que quand son petit prof Léon sort de chez elle, docendo discimus, il connaît deux ou trois trucs en plus 😉

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verticillé, comme pour le gratteron sur la photo ci-dessus, se dit d’un « groupe de plus de deux feuilles qui naissent au même niveau sur la tige, en anneau ».
Merci au dictionnaire Robert 🙂

M comme mammouth

Reconstitution d'un Mammouth laineux sur fond de ciel orageux.

La nouvelle qui a le plus retenu l’attention de l’Adrienne en ce début de semaine est l’annonce que des chercheurs ont rassemblé les fonds nécessaires – 15 millions de dollars – pour tenter de « recréer » des mammouths laineux, un animal de la toundra qui a disparu il y a environ quatre mille ans.

Comment? à l’aide de l’ADN de l’éléphant d’Asie et du mammouth mais on ne sait pas encore si les embryons seront implantés dans des éléphantes ou gardés dans des utérus artificiels comme ça a déjà été testé avec des agneaux, paraît-il.

Pourquoi? en principe dans un but noblement écologique: la toundra, grâce à des milliers (!) de mammouths, pourrait redevenir un endroit herbeux, protégeant ainsi mieux le sol contre l’érosion et les gaz à effet de serre.

Et maintenant vous aussi, bien sûr, si vous y réfléchissez un peu, il vous vient des tas de questions sur le comment, le pourquoi, la faisabilité, les aspects éthiques et toutes ces autres objections qui rappellent l’histoire de l’apprenti sorcier.

L’Adrienne, dont l’éléphant est l’animal préféré, se demande comment ces petites bêtes – si jamais elles naissent – seront élevées, sans mamans, tantines ou grands-mères, si importantes dans la vie de tout éléphanteau.

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Source de l’illustration, wikipédia: la reconstitution d’un mammouth laineux au Royal BC Museum.

Si l’entreprise vous intéresse, elle s’appelle Colossal et son site est ici.

On n’y manque pas d’une bonne dose de hybris, vu qu’on proclame en première page:
« Extinction is a colossal problem facing the world AND COLOSSAL IS THE COMPANY THAT’S GOING TO FIX IT. »
(L’extinction est un problème colossal auquel le monde est confronté et Colossal est l’entreprise qui va régler ce problème.)

Amen!

B comme Bruno

Si dans votre G**gl* France vous tapotez Bruno, on vous proposera d’abord Mars, Guillon et Fernandes – l’Adrienne ne connaît aucun des trois, c’est dire si elle est à la page – et en quatrième position celui qui vous intéresse: Bruno Latour.

En effet, hier c’était la fête annuelle de l’Alma Mater chère au cœur de l’Adrienne et à cette occasion a lieu, normalement, la réception des nouveaux doctores honoris causa, parmi lesquels cette année il y avait donc ce philosophe, sociologue et ethnologue français.

Cette année bien sûr tout est ‘virtuel’ et à distance mais si ça vous intéresse, le point de départ est .

Pour ceux qui préfèrent juste écouter, il y a ces 33 minutes de France Culture du 25 janvier dernier.

F comme formidable!

Biobest

C’est hier seulement que l’Adrienne a pris le temps de lire son journal du 3 décembre pour y trouver cette merveilleuse et rassurante nouvelle: une entreprise originaire de la Campine est leader mondial dans ‘l’élevage’ des insectes utiles.

Des milliards d’insectes par an qui sortent de leurs serres ou chambres climatisées pour être utilisés dans la lutte contre les pucerons, pour polliniser des cultures, ou pour d’autres choses encore comme on peut le lire ici.

Or, en choisissant d’utiliser des insectes, on fait coup double, puisque dans ce cas on s’interdit forcément les traitements chimiques qui les tueraient.

Une entreprise créée en 1987 par un vétérinaire campinois qui au début ‘produisait’ uniquement des bourdons, principalement pour la pollinisation des plants de tomates: grâce aux bourdons, la production augmentait de 40%.

On comprend que c’est exactement ce genre d’argument qui convainc les producteurs 😉

Bref, voilà une lecture qui fait du bien.

O comme odorat

En ces temps un peu particuliers, certaines choses prennent une importance… particulière!

Ainsi par exemple, le moment où on ouvre le paquet de café, chaque matin, et où on met le nez dedans, pour en inspirer goulûment les effluves…

et se dire que tout va bien, on a encore un odorat en parfait état de fonctionnement 🙂

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Une étude a révélé que les troubles du goût touchent 88 % des personnes infectées et 86% présentent des troubles de l’odorat, comme on peut le lire ici. Où on explique que la cortisone pourrait être un traitement efficace.

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je vous ai remis la photo de la dernière expérience cappuccino, depuis je ne l’ai plus retentée 😉

Stupeur et tremblements

« Les particules fines nous rendent plus bêtes », Fijn stof maakt ons dommer, titrait le journal de mercredi dernier, suite à des études prouvant leur impact sur les prestations du cerveau.

Des chercheurs des universités de Maastricht et de Bonn ont mesuré leur effet sur des joueurs d’échecs:

Voor elke bijkomende 10 microgram per kub steeg het aantal zware fouten met bijna 10 procent. Onder tijdsdruk was de impact van fijn stof nog ­nefaster. CO2 en temperatuur hadden geen effect op de foutenlast.

Pour chaque augmentation de 10 microgrammes de particules fines par mètre cube, le taux de fautes graves augmentait de près de 10 pour cent. Sous la pression du temps, cet impact était encore plus néfaste. Le taux de CO2 ou la température n’avaient aucun effet.

Les mêmes influences ont été notées dans d’autres études, comme les erreurs de l’arbitre (étude réalisée aux USA) ou les résultats des examens de fin d’études secondaires (étude réalisée en Israël). Un chercheur de l’université de Hasselt/KULouvain était déjà arrivé aux mêmes conclusions en 2016 avec des enfants de l’école primaire.

La plus mauvaise nouvelle est que si les effets sont réversibles sur le court terme, ils deviennent un véritable problème si on y est exposés de manière plus continue, réduisant par exemple les capacités cognitives des enfants.

Voilà qui devrait nous motiver à attaquer le problème, qui ne concerne donc pas seulement les affections pulmonaires ou les maladies cardio-vasculaires, mais aussi notre cerveau.   

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article et source de l’image ici (copyright Rhonald Blommestijn) – un autre article ici.

K comme Kénya

Depuis fin mars, les scientifiques se disputent au sujet de la faille énorme apparue dans le paysage kényan. Est-elle due au mouvement des plaques tectoniques ou aux fortes pluies? 

Ce que l’Adrienne aimerait plutôt savoir, c’est si Eliud Njoroge Mbugua et sa femme ont trouvé à se reloger. Et comment les villageois, qui travaillent cette terre, pourront continuer à y vivre. A en vivre.

Mais ce qui intéresse les journalistes, c’est de savoir dans combien de millions d’années il y aura un continent de plus, et si la circulation est rétablie sur l’autoroute de Nairobi.

kenya

source de la photo: https://www.instagram.com/p/Bgfhdr8DJS6/?taken-at=886210120https://www.instagram.com/p/Bgfhdr8DJS6/?taken-at=886210120

article Le Parisien sur la discussion entre scientifiques ici

F comme Ferrari

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Vous aviez vingt-trois ans et c’est là, sur cet îlot désolé où ne pousse aucune fleur, qu’il vous fut donné pour la première fois de regarder par-dessus l’épaule de Dieu. Il n’y eut pas de miracle, bien sûr, ni même, en vérité, rien qui ressemblât de près ou de loin à l’épaule de Dieu, mais pour rendre compte de ce qui s’est passé cette nuit-là, nous n’avons le choix, nul ne le sait mieux que vous, qu’entre une métaphore et le silence. Pour vous, ce fut d’abord le silence, et l’éblouissement d’un vertige plus précieux que le bonheur. 

Jérôme Ferrari, Le Principe, éd. Actes Sud, 2015, page 11 (incipit) 

Ainsi s’adresse le narrateur au physicien allemand Werner Heisenberg (1901-1976), un des « pères de la mécanique quantique », celui qui a élaboré le « principe d’incertitude« , jeune homme de génie dont il retrace scrupuleusement le parcours de ses vingt-trois à ses quarante-trois ans. Parallèlement, on apprend aussi peu à peu des éléments sur la vie du narrateur, et comment elle est liée à celle du savant allemand. 

Passé et présent sont étonnamment semblables, toujours il y a les mêmes choix de vie à faire: rester ou partir? accepter ou refuser les évolutions politiques, les guerres, les exclusions? Seule la « supériorité de l’âge » permet de savoir quel choix aurait été le bon: pour celui qui est en plein dans les évènements, il est impossible d’en prévoir l’issue ou les conséquences. Celui qui est dans les évènements, comme Heisenberg dans l’Allemagne des années vingt et trente, peut s’illusionner, penser que cette folie s’arrêtera. Le jeune homme de 2009 sait quels choix il aurait fallu faire en 1929, en 1933. 

Rien n’est simple, ni tout blanc ni tout noir, qu’on soit un jeune physicien de génie lors de la montée du nazisme ou un jeune homme au tournant de notre siècle, entre actions indépendantistes corses, invasion du Koweït et écroulement des marchés financiers. 

Une sorte de roman sur la perte de l’innocence, illustrée par vingt années cruciales dans la vie d’un des scientifiques qui ont permis l’invention de la bombe atomique. 

« Ils ne peuvent cependant oublier qu’Oppenheimer, malgré son penchant regrettable pour les formules sentencieuses, a parfaitement raison: les physiciens ont connu le péché, un péché bien trop grand pour eux. 

Ils ont chuté, d’un seul coup, tous ensemble. » 

Jérôme Ferrari, Le Principe, éd. Actes Sud, 2015, page 141

Un très beau roman, même lisible pour quelqu’un comme moi qui n’ai pas fait maths sup cool  

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photo, info et lecture des premières pages sur le site des éditions Actes Sud