K comme koolzaad

X c’est l’inconnu

P comme Piter

M comme Martine

https://www.standaard.be/cnt/dmf20230811_93420269

I comme inouï

N comme noue-le ensemble!

Vivre dans un clapier comme ça? L’année où les hiboux prêcheront! ça se voit tout de suite que c’est un travail d’après sept heures, moi aussi ça m’a fait perdre ma barbe quand je l’ai visité!

Si j’étais l’architecte, je n’en ferais pas une chansonnette! Va donc à confesse avec un type comme lui! Moi jamais je n’y mettrais mes haricots à tremper. Avec moi son hareng ne cuit pas!

Et le propriétaire ne vaut pas mieux, tu peux lui ravauder son pantalon pendant qu’il marche. Le genre qui fait ses tartines lui-même, évidemment.

Mais bon, ce n’est déjà plus qu’un demi-poêlon, sa pomme de terre est presque pelée. On verra bien ce qu’en feront ses héritiers, quand il aura lâché ses cuillers.

***

Consigne 433 chez Bricabook avec une photo de Fred Hedin et consigne de Joe Krapov qui consiste à traduire littéralement les expressions idiomatiques d’une autre langue.

J’ai choisi d’en prendre dans mon dialecte (flamand), ce ne sont pas des expressions utilisées en néerlandais.

 l’année où les hiboux prêcheront
in het jaar dat de uilen preken
quand les poules auront des dents
d’après sept heures
van achter de zeven
de mauvaise qualité
ça m’a ôté la barbe
dat heeft mij de baard afgedaan
être complètement découragé
ne pas en faire une chansonnette
ik zou er geen liedje van maken
ne pas en être fier
va donc à confesse avec un type comme ça ga daarmee te biechte!on ne peut rien en tirer de bon
y mettre ses haricots à tremper
zijn bonen te weken leggen
faire confiance
son hareng ne cuit pas
zijn haring braadt niet
il n’y arrive pas, ça ne marche pas
tu peux lui ravauder son pantalon pendant qu’il marche – ge kunt hem een lap aan zijn broek naaien terwijl hij staptil est lent
il fait ses tartines lui-même
hij briet zijn boterhammen zelf
il est gros
ce n’est déjà plus qu’un demi-poêlon
het is maar een halve panne
il n’est pas dans son assiette
lâcher ses cuillers
zijn lepels laten
mourir
sa pomme de terre est presque pelée
zijn petoeter is bijna geschild
il est mal en point
titre: noue-le ensemble!
knoop dat aaneen
ça n’a ni queue ni tête

V comme Vrouw

Une autre des chansons proposées par Joe Krapov est une chanson enfantine d’origine hollandaise.

Ce texte aujourd’hui nous interpelle plus que lorsque nous avions huit ans – quoique… mini-Adrienne était déjà un peu féministe à l’époque 😉 mais apparemment on le fait toujours chanter aux petits Hollandais.

Comment expliquer en peu de mots où ça coince?

D’abord, c’est une question de vocabulaire.
Pour désigner une femme, le mot en néerlandais est vrouw.
Ici on emploie le mot wijf, qui est un synonyme à connotation fortement péjorative.

Ensuite on fait rimer oude wijven avec kijven: les vieilles femmes, que font-elles? criailler, se disputer, faire des reproches…
Plus jamais, jure le charretier, je n’emmènerai des vieilles au marché!

Il décide de ne plus emmener que des jeunes filles: elles sont gaies et chantent 🙂

U comme Urbi et Orbi

Depuis quelques semaines déjà l’Adrienne se chante des chants de Noël dans sa cuisine, son bureau et sa salle de bains 😉

Ici dans la vidéo il s’agit de variations à l’orgue sur un chant traditionnel qu’on pourrait traduire par « un petit enfant est né sur la terre »

De 0’47″à 01’00 » on a la mélodie exacte.

Vous trouverez le texte et la partition ici, aux pages 21-22.

A chanter avec l’accent ouest-flamand, de préférence 😉

Bon Noël à vous tous!

***

le texte est d’une naïveté adorable, « ‘t At pap uit een pannetje, ‘t en maakt’ hem niet vuil, en ‘t viel op de aarde en ‘t en had er geen buil. » il mangeait sa panade sans se salir et il est tombé sur la terre sans se faire une bosse 😉

7 phrases

C’était pendant la première année du nouveau millénaire que j’ai eu en mains un livre qui m’a fait comprendre que pendant vingt ans j’avais habité dans la maison d’un ancien SS. Non que je n’aie reçu quelques signes: même le notaire, le jour où nous avions visité la maison ensemble, avait évoqué en passant les habitants précédents; je n’y avais prêté que peu d’attention. Peut-être que je le refoulais, imprégné comme je l’étais depuis des années par les poèmes douloureux de Paul Celan, les témoignages de Primo Levi, les innombrables livres et documentaires qui vous laissent sans voix, par l’impossibilité de toute une génération de décrire l’impensable. Là je voyais mes souvenirs intimes envahis par une réalité que je pouvais à peine m’imaginer, mais que je ne pouvais plus repousser. C’était comme si des spectres surgissaient dans les pièces que j’avais si bien connues; je voulais leur poser des questions mais ils passaient au travers de moi. Rien ne me déplaisait plus qu’écrire sur cette sorte de gens qui se mettaient à hanter ma propre vie.

Stefan Hertmans, De Opgang, De Bezige Bij, 2020, p.7 (incipit) Traduction de l’Adrienne.

Het was in het eerste jaar van het nieuwe millennium dat ik een boek in handen kreeg waaruit ik begreep dat ik twintig jaar in het huis van een voormalige ss-man had gewoond. Niet dat ik geen signalen had gekregen: zelfs de notaris had me, op de dag dat ik het huis met hem bezocht, terloops op de vorige bewoners gewezen; ik had er toen weinig aandacht voor. Misschien verdrong ik het ook, doordrenkt als ik jarenlang was geweest van de pijnlijke gedichten van Paul Celan, de getuigenissen van Primo Levi, de talloze boeken en documentaires die je sprakeloos achterlieten, de onmogelijkheid van een hele generatie om het ondenkbare te beschrijven. Nu zag ik mijn intieme herinneringen doordrongen raken van een werkelijkheid die ik me amper kon voorstellen, maar die ik ook niet meer kon wegduwen. Het was alsof er schimmen opdoemden in de kamers die ik zo goed had gekend; ik wilde ze vragen stellen, maar ze liepen dwars door me heen. Niets stond me zozeer tegen dan schrijven over het soort mens dat nu als een spook door mijn eigen leven begon te banjeren.

Stefan Hertmans, De Opgang, De Bezige Bij, 2020, p.7 (incipit)

Lire les premières pages en néerlandais ici – a paru chez Gallimard sous le titre Une Ascension dans une traduction d’Isabelle Rosselin, info ici et lecture des premières pages en français d’Isabelle ici 🙂