F comme fiançailles

Le dernier mariage de l’année 1754 dans la paroisse est celui de Pieter et Adriana, le 18 novembre.

Peu après commence le temps de l’Avent: on ne se mariait pas, puisque les fêtes étaient interdites pendant les quatre semaines qui précédaient Noël.

Si vous lisez les écritures un peu anciennes, vous verrez que le couple ne s’est fiancé que la veille, le 17 (‘sponsalia‘, la proclamation des bans) et qu’il a été dispensé des trois ‘bans’ prononcés obligatoirement sur trois dimanches à l’église.

Dispenses accordées, excusez du peu, par l’évêque de Gand et par le cardinal de Malines.

Une brièveté du temps de fiançailles – un seul jour – qui n’est égalée que dans certaines émissions à la télé où les couples se marient sans se connaître… ou par surprise 😉

M comme Manège

Dans la maison de l’amie d’enfance, là où il y avait quatre enfants et une maman qui savait à la fois faire des crêpes pour huit et faire tomber des friandises du haut de l’escalier, il y avait aussi une télé.

C’est là que mini-Adrienne a pu voir de temps en temps quelques bribes d’émissions enfantines.

Ainsi elle se souvient du tournicoti tournicota du Manège enchanté, auquel elle ne comprenait pas grand chose et qu’elle trouvait nul.

A la maison, il y avait la mère et ses torticolis.

Auxquels mini-Adrienne ne comprenait rien non plus, sauf que ça rendait de très mauvaise humeur.

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Écrit pour le Défi du samedi 737 où Walrus – merci à lui – propose le mot torticolis.

En cherchant l’info correcte sur le Manège enchanté, je me suis rendu compte qu’on n’y disait pas tournicoti tournicota – comme j’avais toujours cru entendre dans ma petite enfance – mais tournicoti tournicoton 😉

Dernières nouvelles siciliennes

Cri d’alarme sur le site de Liborio Butera: les fameux cannoli siciliani sont en danger!

En tout cas le seul véritable, l’artisanal, réalisé par un pâtissier sérieux qui prend la peine de frire la pâte lui-même et le jour même, au lieu d’acheter les cannoli tout faits et de se contenter de les farcir de la crème à la ricotta.

Parce que, voyez-vous, pour les frire on a besoin d’huile de tournesol, qu’il faut la changer souvent et qu’elle devient de plus en plus chère.

Il prévient ses lecteurs que d’autres fleurons de la gastronomie sicilienne courent le même danger de disparition prochaine, « potrebbe cessare la produzione anche di diverse prelibatezze dello street food siciliano, come i famosissimi arancini e i panzarotti fritti sia dolci che salati« .

Les arancini, on les connaît surtout grâce au Commissario Montalbano, dont c’est un des plats préférés mais les panzarotti (ou panzerotti) fritti sont autant réclamés – sinon plus – par les Pouilles ou la Calabre que par la Sicile.

Bref, depuis quinze jours l’Adrienne ne sait pas trop si elle a le droit d’en rire (quoi? c’est de cette sorte de conséquence-là qu’il faut s’inquiéter, quand une guerre fait rage à deux pas de chez soi?) alors elle a réécouté l’épisode lu par son auteur, Andrea Camilleri, décédé il y a juste trois ans.

Z comme Zingaretti

« Montalbano trahit Livia! »

Voilà tout ce que les millions de téléspectateurs semblent avoir compris et retenu dans cet ultime épisode montré sur la RAI le 8 mars dernier.

On peut en effet y voir le célèbre commissaire tomber sous le charme d’Antonia, une nouvelle collègue, au point de faire sentir à Livia – son éternelle « fidanzata » qui vit en Ligurie alors que lui est en Sicile – que ce serait peut-être le moment de « lasciarci ».

Tollé général – surtout du côté féminin, paraît-il – et grosse déception sur cette « trahison ».
Comment a-t-il pu?
Et en plus, au téléphone!

Sans doute aurait-il dû prendre deux jours de congé et sauter dans un avion Palermo-Genova pour le lui dire en face 🙂

D’où la conclusion du Corriere: « Camilleri replicherebbe che Montalbano è un romanzo giallo, non di fantascienza. »

Camilleri, l’auteur des romans policiers, répondrait qu’il s’agit d’une histoire policière, pas de science-fiction 😉

W comme Waldek

Dans la rue, là où on construit des appartements et où on travaille tous les jours du matin tôt au soir très tard, même le dimanche, il y a deux ou trois voitures immatriculées en Pologne.

Dans la maison de feu Casque d’Or, l’entrepreneur qui l’a rachetée pour la retaper et la louer, emploie un collègue polonais pour les travaux de peinture.

Une autre camionnette – belge celle-là mais avec inscriptions bilingues, néerlandais-polonais – offre des services de plafonnage.

Tout ça rappelle des souvenirs à l’Adrienne, quand Monsieur Mari prenait l’apéritif devant la série télévisée Thuis, juste avant le JT, et où en 2001 apparaissait pour la première fois un Polonais.

Un plombier 😉

Mais le rôle était tenu par un acteur flamand qui devait parler une sorte de sabir néerlandais aux intonations slaves, comme on peut l’entendre dans l’extrait ci-dessus.

L comme Louis-la-Brocante

Peut-être est-ce cette chaleur moite qui le rend de mauvaise humeur ou peut-être faisait-il son cinéma habituel de brocanteur, mais dès qu’il a vu ce qui avait disparu des murs et des armoires, il s’est lancé dans un discours enflammé sur ce qui avait été convenu, que si c’était comme ça, elle pouvait se le garder, tout son ‘brol‘, et qu’il ne lui paierait rien.

– J’ai une voisine qui m’offre 300 € pour mon service de table, dit-elle.
– Et bien moi, je vais le vendre à 30 €! a-t-il explosé.

Pourtant, il n’a pas voulu que ce service à 30 € quitte l’appartement sans lui.

Pour un vase de Val-Saint-Lambert qui selon lui ne valait rien et qu’elle ne lui cède finalement pas, il lui retire 300 € du prix convenu entre eux dès le début.

C’est ce que le père appelait « l’arithmétique hollandaise », une expression qui nous est restée de notre courte période sous la domination de nos chers voisins du Nord (1815-1830).

Pourtant il n’est pas Hollandais, il est Wallon, et la mère l’avait trouvé « bien honnête », à leur premier rendez-vous. Quand il l’avait si bien complimentée sur ses « belles pièces », « conservées en si parfait état » et la propreté méticuleuse de son appartement. Merci Rasha, a pensé l’Adrienne, mais elle s’est tue, évidemment. Elle regardait avec envie le glacier d’en face et aurait préféré se promener pieds nus sous les arbres du parc, avec une pensée émue pour sa grand-mère, de qui provient la majeure partie de cette masse d’objets divers laissés au brocanteur.

Bref, il est plus agréable d’avoir un rhume que d’avoir à faire à ce genre d’individu.
Et l’Adrienne aurait préféré vous faire des radotages sur Jeannot le lapin nain que sur Louis-la-Brocante 😉

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écrit pour les Plumes d’Emilie – merci Emilie! – avec les mots imposés suivants: GLACIER – NU – ENFLAMMER – RADOTAGE – LAPIN – CHALEUR – RHUME – MOITE – MAUVAIS – MASSE.

Et pour ceux qui aiment, ci-dessus c’est l’épisode 1 de la saison 1 🙂

W comme wagon de train

Lidewij met 2 treinbegeleiders

Des entretiens à cœur ouvert avec des gens passionnés par leur métier, voilà ce qu’on voit et entend dans ce reportage réalisé sur le trajet qui va d’Ostende à Eupen, une ligne qui traverse donc tout le pays et est une de celles à plus forte affluence… neuf cents passagers en temps normal, à peine trente la première semaine de la phase 1 du déconfinement.

Pendant tout un mois, entre le moment où les entreprises ont pu reprendre le travail in situ et celui où les cafés et restaurants ont rouvert, la journaliste a pris ce même train dans les deux sens, avec chaque fois la même jeune conductrice, les mêmes contrôleurs, le même agent de la sécurité…

Trains quasiment vides au début, donc – avec juste quelques personnes des rares secteurs fonctionnant encore, in casu des infirmières – et qui se remplissent un peu au fil des semaines.

Chaque rencontre est un petit document humain, car comme le disent les contrôleurs dans ce reportage, le masque et les autres mesures mettent de la distance entre les gens et eux – sans compter une certaine peur, en plus, parfois – mais en même temps on ressent qu’il y a un réel besoin de communiquer, de se raconter, de s’épancher même.

Le vieux monsieur qui a mis son masque à l’envers (« ah! c’est pour ça qu’il me glisse tout le temps du nez! »), la dame à déambulateur (qu’elle appelle avec humour sa mercedes décapotable – elle y a d’ailleurs accroché le fameux emblème) qui peut enfin retourner à son appartement à la mer, les amoureux qui ont été séparés deux mois à cause du confinement (« ça fait sept mois qu’on est ensemble, moins deux, donc en fait ça ne fait que cinq »), la jeune étudiante qui va à son examen (mais qui n’a « pas eu le temps d’étudier »), le réfugié guinéen qui rêve de l’Angleterre (où personne, croit-il, ne vit dans la rue comme lui)…

Het leven zoals het is, dit-on chez nous, la vie comme elle est.

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source de la photo et article ici.

 

D comme dépenser

Rupin? Rupin! se dit l’Adrienne en découvrant le mot imposé par Walrus pour le Défi du Samedi. Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir inventer avec un mot pareil? Ça ne fait pas du tout partie de mon vocabulaire et je ne vois pas dans quel contexte je pourrais le placer… 

Vendredi midi, quelques heures avant l’échéance, c’est toujours le vide dans sa tête. Elle a bien tenté quelques pistes – à commencer par celle d’Arsène Lupin/Rupin, vite abandonnée – et quelques rimes en -pain/-pin, mais rien de bien valable ne lui est venu.

– Je crois que je vais abandonner, dit-elle à Walrus.

Et au moment même où elle le lui écrit, elle sait que l’abandon n’est pas son genre 😉

Finalement l’idée lui est venue des publicités pour la loterie Euro millions. Voilà de nombreuses années que sur les chaînes flamandes on brode sur le même thème, avec le même acteur et sa tête de benêt ahuri, qui répond chaque fois à la même question: « Is mijn leven veranderd nadat ik Euromillions gewonnen heb? » (1) de la même façon: « Goh! eigenlijk niet! » (2)

Mais tout le clip contredit chaque fois cette affirmation, comme dans la vidéo ci-dessus où il explique que, tout comme ‘avant’, il participe encore à des brocantes pour faire de la place chez lui.

Ou comme dans la pub ci-dessous, où il raconte que ‘comme avant’, il va au foot avec son père et que sa mère lui fait ses tartines quand il part en excursion.

‘Word schandalig rijk’, dit le slogan, ‘Deviens scandaleusement riche’.

Pour l’Adrienne, le mystère de la loterie reste entier: que peut-on bien faire de 190 millions d’euro, la cagnotte de cette semaine? 

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(1) Est-ce que ma vie a changé depuis que j’ai gagné à Euro millions?

(2) Bin non en fait!