Des entretiens à cœur ouvert avec des gens passionnés par leur métier, voilà ce qu’on voit et entend dans ce reportage réalisé sur le trajet qui va d’Ostende à Eupen, une ligne qui traverse donc tout le pays et est une de celles à plus forte affluence… neuf cents passagers en temps normal, à peine trente la première semaine de la phase 1 du déconfinement.
Pendant tout un mois, entre le moment où les entreprises ont pu reprendre le travail in situ et celui où les cafés et restaurants ont rouvert, la journaliste a pris ce même train dans les deux sens, avec chaque fois la même jeune conductrice, les mêmes contrôleurs, le même agent de la sécurité…
Trains quasiment vides au début, donc – avec juste quelques personnes des rares secteurs fonctionnant encore, in casu des infirmières – et qui se remplissent un peu au fil des semaines.
Chaque rencontre est un petit document humain, car comme le disent les contrôleurs dans ce reportage, le masque et les autres mesures mettent de la distance entre les gens et eux – sans compter une certaine peur, en plus, parfois – mais en même temps on ressent qu’il y a un réel besoin de communiquer, de se raconter, de s’épancher même.
Le vieux monsieur qui a mis son masque à l’envers (« ah! c’est pour ça qu’il me glisse tout le temps du nez! »), la dame à déambulateur (qu’elle appelle avec humour sa mercedes décapotable – elle y a d’ailleurs accroché le fameux emblème) qui peut enfin retourner à son appartement à la mer, les amoureux qui ont été séparés deux mois à cause du confinement (« ça fait sept mois qu’on est ensemble, moins deux, donc en fait ça ne fait que cinq »), la jeune étudiante qui va à son examen (mais qui n’a « pas eu le temps d’étudier »), le réfugié guinéen qui rêve de l’Angleterre (où personne, croit-il, ne vit dans la rue comme lui)…
Het leven zoals het is, dit-on chez nous, la vie comme elle est.
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source de la photo et article ici.