Dans son dialecte flamand, Madame a une expression qu’elle aime bien, « gelijk de Schelde voor Antwerpen« , comme l’Escaut devant Anvers, et c’est comme ça qu’elle marchait sur le quai de la gare, comme l’Escaut devant Anvers, sans regarder les quelques personnes qui s’y trouvaient: elle cherchait l’affichage de la section B.
Parce que non seulement le dimanche il n’y a pour sa ville qu’un train toutes les deux heures, mais de plus on en détache quelques wagons pour n’en garder que deux.
C’est dire si on y est bien entassés.
Bref, sur ce quai de gare quelqu’un l’appelle par son nom.
– Madame ***?
– Joffrey! s’écrie-t-elle, tout heureuse d’avoir reconnu un ancien élève qui, depuis la douzaine d’années qu’il a quitté l’école, est devenu un type imposant et s’est laissé pousser les cheveux et la barbe.
Par bonheur aussi, elle se souvient qu’il a étudié l’histoire à l’université – il était fan de l’histoire de la Rome antique, et renseignement pris, il l’est toujours 😉 – alors vous comprenez qu’une heure de trajet, c’est à peine assez pour parler de tout ce qui les intéresse tous les deux.
Madame a reçu quelques conseils de lecture et est rentrée chez elle triplement heureuse de toutes ses rencontres, la nipotina, la tante Suzanne, Joffrey, tout ça en un seul week-end à inscrire dans les annales des jours heureux 🙂